C’est l’un des nouveaux visages du gouvernement Barnier. Othman Nasrou, 37 ans, rejoint le gouvernement comme secrétaire d’Etat chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations. Un sujet cher à ce proche de Valérie Pécresse, la présidente (LR) de la région Île-de-France, dont il est l’un des vice-présidents, en charge de la jeunesse et de la « promesse républicaine », notamment. C’est aussi durant sa jeunesse, alors qu’il était étudiant, que cet ancien élève du lycée Sainte-Geneviève de Versailles et d’HEC – où il dirigeait à l’époque le BDE, le bureau des étudiants – a rencontré son mentor.
Et c’est surtout dans la région que ce natif de Casablanca, élu d’opposition au conseil municipal de Trappes depuis 2014, a gravi les échelons. Avant de gravir les échelons dans la très puissante fédération LR des Yvelines, l’une des plus importantes de France, dont il a remporté la présidence fin 2023 en « assumant ses convictions ». Des convictions qui lui valent l’inimitié de l’équipe de son prédécesseur, le chiraquien Pierre Bédier, président du conseil départemental des Yvelines avec qui le dialogue a rompu.
Ce samedi soir, le chef du département n’a pourtant pas tardé à saluer sa nomination. « Félicitations à Othman Nasrou qui a été élu il y a quelques mois président de la Fédération LR des Yvelines sur une ligne d’opposition absolue à Macron et qui a rejoint ma position de participation avec courage car l’intérêt de la France pour la situation catastrophique qu’elle traverse doit primer sur tout, a réagi Pierre Bédier (DVD) ce samedi soir. Je ne doute pas qu’il aura le même pragmatisme dans cette mission délicate qui requiert effectivement une fine connaissance des cultures religieuses des Français d’origine étrangère. »
Othman Nasrou, lui aussi, « assume l’idée que ce pays a une identité ». Et voit même « un péril identitaire en France ». Il est convaincu que « le pays est à la croisée des chemins et que les solutions de la droite sont les bonnes ». Une droite qu’il imagine large, pas cantonnée aux LR, lui qui échange régulièrement avec le président (LR) du Sénat Gérard Larcher ou le représentant Horizons d’Île-de-France, Arnaud Péricard. Deux autres élus des Yvelines.
« Il est important que nous occupions l’espace »
S’il soigne sa droite, le nouvel homme fort a fait de la gauche son principal adversaire politique. Idéologique même. Son « premier combat » est de la repousser. Même aversion pour le macronisme, dont Othman Nasrou a toujours dit ne pas vouloir voir sa famille politique se dissoudre dans cette mouvance. Quant à l’extrême droite, le RN en particulier, il y voit « une impasse ». Mais dit comprendre ses électeurs sur les questions de sécurité et d’immigration. De la fermeté, en somme. Ce qui lui vaut des détracteurs, même à droite, qui voient cette nomination comme « contre-productive à ce poste ».
Ses opinions tranchées, cet homme à l’éloquence travaillée – « pour être entendu, il faut être clair », dit-il souvent – les défendra volontiers sur les plateaux. « Je prends ma part dans cet exercice de communication que nous (le LR) « Nous n’en avons pas fait assez, expliquait-il au Parisien il y a quelques jours. Nous communiquons mal. Or il est important que nous occupions l’espace. Peut-être que nous ne le faisons plus. » Son entrée au gouvernement devrait lui offrir l’occasion d’en faire encore plus.
Ce profil ne fait cependant pas oublier certains déboires électoraux. Comme à Trappes, lors d’une élection municipale partielle perdue en 2021 à la gauche. Ou cette année, comme directeur de campagne des Républicains pour les élections européennes, avec 7,25 % pour le champion, François-Xavier Bellamy. Puis lors des législatives, élections lors desquelles il fut candidat malheureux dès le premier tour dans la 3e circonscription, pour 200 voix.
