Il y a deux ans, le 26 janvier 2023, le premier vol affrété de médecins à destination de Nevers décollait de l’aéroport de Dijon. Une liaison aérienne permettant à 8 médecins, en 30 minutes de vol, de venir consulter et opérer à l’hôpital de Nevers. Et aujourd’hui ?
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Il y a deux ans, le premier avion « médecins volants » emportait 8 médecins depuis Dijon, jusqu’à l’hôpital de Nevers, en une demi-heure de trajet au lieu de 3 heures de route. Une manière de désenclaver la région, victime de la désertification médicale.
Pour Denis Thuriot, maire (Renaissance) de Nevers et président de l’agglomération de Nevers, le bilan après deux ans est “positif”. « Tout d’abord pour le parcours de soins des patients. Ce système a permis l’arrivée de nombreux médecins qui nous manquent ou que nous n’avons plus. Spécialistes, par exemple en chirurgie pédiatrique. Cela nous permet de faire fonctionner les plateaux techniques de l’hôpital : nous en avons 9 mais seulement 4 fonctionnent, faute de médecins et d’infirmières de bloc opératoire.”
D’un point de vue financier, les vols ont permis à l’hôpital de générer des bénéfices : « Ce sont aussi des revenus supplémentaires pour l’hôpital » ajoute Denis Thuriot. « Les interventions chirurgicales génèrent des revenus pour un hôpital, tout comme nous pouvons fonctionner davantage. »
Nous pouvons accélérer les parcours de soins, car nous avons des médecins qui viennent sur des cas précis pour aider au diagnostic et au traitement.
Denis Thuriotmaire de Nevers
« Nous avons des dépenses avec l’avion, qui sont compensées par les revenus. J’ajoute qu’en termes de non-charges, il s’agit des remboursements de la sécurité sociale pour tous les déplacements qu’effectuent les patients de Nevers à Dijon en voiture ou en train.
Sur le bilan humain, Denis Thuriot se montre également satisfait : « Cela évite aux patients de devoir attendre plus longtemps ou de faire des déplacements au CHU de Dijon. C’est un réconfort en oncologie pour les patients fatigués ou soignés.
Pour l’hôpital, tourner plus vite signifie traiter les gens plus rapidement.
Denis Thuriotmaire de Nevers
“Nous avons reçu des lettres de patients qui nous remercient car grâce à cela, cela leur a permis de se soigner plutôt que de courir partout en France à la recherche de solutions à leur problème de santé.”
Fort de l’expérience de deux années des vols Dijon-Nevers, Denis Thuriot souhaite désormais passer à la vitesse supérieure et permettre aux internes de bénéficier de « médecins volants ». Un système dont le maire assure bénéficier “Le soutien du CHU de Dijon, du directeur du centre Georges-François Leclerc et du professeur Maynadié aux internes a été affirmé.”
-Nous avons lancé un nouvel internat, nous n’avons que 8 pensionnaires au lieu d’en avoir plusieurs dizaines. Pourquoi les stagiaires ne veulent-ils pas venir ? C’est à cause du temps de trajet !
Denis Thuriotmaire de Nevers
“Personne ne voulait résoudre ce problème, que ce soit par des trains plus rapides ou par une route à 4 voies, alors je le résous avec l’avion”assure le maire de Nevers.
Et les choses vont s’accélérer sur le lien : «Dès la prochaine promotion des stagiaires en mai, nous travaillons pour pouvoir les prendre le lundi matin en avion, et les ramener le vendredi soir pour ceux qui souhaitent revenir. Nous pourrons alors faire revenir les médecins qui continueront encore à venir jeudi, certains restant deux jours. Peut-être des vols du soir si nous pouvons trouver des stagiaires d’urgence pour nous aider la nuit, cela nous manque beaucoup. Nous sommes passés à deux 4 places pour plus de flexibilité, sachant que nous pouvons piloter les deux avions en même temps, dans les deux sens. »
Deux vols de 4 personnes, une flexibilité supplémentaire à la liaison Dijon-Nevers, qui pourrait bien ouvrir de nouvelles portes. Par exemple aux médecins privés. “Pour l’instant, je ne peux pas car c’est uniquement pris en charge par l’hôpital.”
Je demande à l’ARS de nous financer, aujourd’hui ils ne mettent même pas un euro, c’est scandaleux ! Les ARS savent trouver l’argent quand il en a besoin. L’ARS doit faire son devoir auprès de l’hôpital le plus éloigné d’un centre hospitalier universitaire en France.
Denis Thuriotmaire de Nevers
L’autre ouverture attendue à l’aéroport concernerait des liaisons plus commerciales : « L’intérêt de ces vols, c’est de les proposer aux particuliers et aux entreprises. Nous avons d’autres types de liaisons avec Lourdes car nous sommes jumelés avec la Corse l’été. L’idée est vraiment d’en profiter dans le bon sens du terme et surtout de l’étendre, de réduire les coûts pour l’hôpital et d’ouvrir des perspectives aux autres.»
D’une manière générale, Denis Thuriot salue le fonctionnement des « médecins volants » mais il critique l’Agence régionale de santé qui, selon lui, “Je devrais mettre plus de billes” à Nevers :
Nous sommes l’un des départements qui comptent le moins de médecins par habitant, nous sommes celui où l’espérance de vie est la plus faible en Bourgogne-Franche-Comté.
Denis Thuriotmaire de Nevers
« L’ARS doit prendre ses responsabilités et financer les choses, nous lui avons demandé d’accorder des primes aux nouveaux installateurs. Pour l’instant il y a un refus, alors que le département voisin du Cher le fait. »
Retour des médecins SOS à Nevers, recrutement… L’effet « médecins volants » a eu d’autres conséquences positives : « Le ‘vol’ a fait revenir SOS Médecins, même si nous n’en avions plus. Ce sont les vols qui les ont décidés à s’installer à Nevers. A Château-Chinon également, dans les hôpitaux périphériques, cela nous a permis de recruter davantage, l’engouement médiatique que cela a généré nous a permis de nous intéresser davantage à Nevers.
Pour conclure, Denis Thuriot met en avant l’aspect humain des échanges entre médecins, l’enrichissement professionnel : « Pour les médecins eux-mêmes, changer d’environnement, se déplacer est enrichissant, certains le font très régulièrement et le font avec plaisir, cela leur permet d’interagir avec leurs confrères de Nevers. Il y a une évolution professionnelle accrue, c’est une des leçons qu’on apprend après deux ans qu’on ne tiendrait pas, on est toujours là !
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