Ingénieur de formation, Iven de Montandon a relevé le défi de descendre le Doubs à la nage depuis sa source à Mouthe jusqu’à Verdun-sur-le-Doubs. Mais rien ne s’est passé comme prévu. Il raconte aujourd’hui son étonnant parcours dans un livre paru ce jeudi 23 janvier 2025 aux Éditions Eyrolles.
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On plonge dans son histoire comme dans un roman. Il a sauté à l’eau à deux reprises. La première, du 15 au 28 septembre, à descendre le Doubs depuis sa source à Mouthe jusqu’à se jeter dans la Saône à Verdun-sur-le Doubs. La seconde, pour écrire ce livre, « Aventurier en eaux vives », paru ce jeudi 23 janvier 2025 aux Éditions Eyrolles.
Il vit désormais en Isère mais est né en Franche-Comté. Sa famille est originaire de Montandon (Doubs), petit village de 370 habitants campé sur le plateau de Maîche. Il en a également fait son pseudonyme. Ingénieur de formation, il a quitté la région depuis longtemps mais n’a jamais coupé les ponts. Et c’est sur l’un d’eux qu’Iven de Montandon a eu cette idée un peu folle. “Je roulais sur l’autoroute A36 entre Beaune et Dole, je m’ennuyais au volant, il se souvient. Et puis, en passant devant le viaduc qui enjambe le Doubs, j’ai aperçu le panneau avec les trois petites sinusoïdes qui indiquent que nous traversons le fleuve. J.‘J’ai demandé à ma femme de regarder sur internet la longueur du Doubs. Elle m’a regardé et m’a dit : 453 km.
Rien qui puisse effrayer le sportif. Bien au contraire. “J’ai fait un calcul rapide : deux minutes aux 100 mètres, j’en ai assez pour un mois. il sourit aujourd’hui. L’homme est un compétiteur et il a le goût des extrêmes. A 57 ans, il a déjà un palmarès impressionnant derrière lui. « Finisher » de nombreux « Ironman » en Allemagne, au Portugal, en Suisse ou en Italie, il a même participé aux championnats du monde de triathlon longue distance. « J’ai toujours aimé tester mes limites, expérimenter ma vulnérabilité et je choisis toujours les événements au format XXL ! confie-t-il à France 3 Franche-Comté. Il ne savait pas encore ce qui l’attendait.
Iven de Montandon avait soigneusement préparé son expédition mais rien ne s’est passé comme il l’avait prévu. “En bon ingénieur, j’avais tout modélisé, sur Excel, j’avais fait un tableau croisé dynamique avec toutes les statistiques jusqu’à intégrer la vitesse du courant de surface, il explique. J’avais ma feuille de route et j’avais prévu d’exécuter mon script. Mais tout a été brisé !
Il ne pouvait pas imaginer devoir contourner autant d’obstacles naturels, ni surmonter autant de difficultés. « Je suis parti en toute autonomie avec un sac de nourriture, 40 à 45 kilos de matériel au total, et même si le niveau du Doubs est relativement bas en septembre-octobre, je pensais pouvoir traîner tout ça facilement en nageant sur mon packcraft gonflable » , reconnaît le quinquagénaire. Mais très vite, il est rattrapé par la réalité du terrain.
J’ai dû marcher beaucoup plus que prévu, en empruntant des sentiers qui longent les falaises. J’ai compris que je n’y arriverais pas. Mon équipement était trop lourd. J’ai immédiatement jeté la moitié de ma nourriture. Je mangeais un jour sur deux, je buvais l’eau de la rivière. J’ai dormi où je pouvais.
Iven de Montandon, auteur « Aventurier en eaux vives ».
Tous ses projets échouent. Iven de Montandon oublie tous ses objectifs de performance. Il décide alors de vivre cette aventure au jour le jour. Et ouvrez grand les yeux pour profiter de l’instant présent et du spectacle grandiose qui vous attend tout au long du fleuve.
-Quelque part entre le saut du Doubs et le Goumois, il aura même l’agréable surprise de voir son “léopard des neiges”. Un clin d’œil fort à l’écrivain Sylvain Tesson, dont il est un grand fan.« Un cri rauque m’a réveillé de nouveau bien avant l’aube, il écrit. Cette fois, rien à voir avec celle du héron.
Un chasseur de nuit à quatre pattes était là, juste à côté de la cabane. Je l’ai reconnu immédiatement. Mon cœur s’est mis à battre à tout rompre. Je connaissais son cri par cœur pour l’avoir écouté en boucle sur les plateformes de streaming. Un lynx boréal !
Iven de Montandon.Extrait de « Un aventurier en eaux vives », éditions Eyrolles.
« Des animaux sauvages, j’en ai déjà rencontré beaucouphe explains to France 3 Franche-Comté. J’aurais aimé croiser des loups dans le Haut-Doubs mais c’était aussi un véritable fantasme de voir enfin un lynx en vrai.
Au fur et à mesure que l’eau et les pages coulent, on le voit enfin donner un sens à ce qui n’aurait dû être au départ qu’un simple exploit sportif. En témoigne ce court échange avec un couple de randonneurs rencontrés sur la berge après la traversée du barrage du Douvot, en amont de Besançon. “Pourquoi fais-tu ça?”demandent les promeneurs. “Parce que je le voulais”répond l’aventurier. “Je me suis surpris à dire ça.”il avoue. Il sortira enfin de l’eau à Besançon, après 324 km de marathon aquatique. Il ne lui restait plus rien à explorer en aval, assure-t-il.
Car cet étonnant voyage lui aura surtout permis, comme il le dit, de « voyager sur les rives du temps » et retrace le cours de sa vie. Comme un pèlerinage intime, un retour aux sources. «Ce que j’ai le plus aimé, c’est la rencontre avec mes souvenirs d’enfanceassures Iven de Montandon. C’est comme toutes ces anecdotes qu’on raconte lors des repas de famille.
Vous retrouvez la même eau claire qui coule sur les galets, les arbres dans lesquels vous avez construit des cabanes, le cri des buses, c’est assez profond, de retrouver tous vos souvenirs en 3D et réalité augmentée !
Iven de Montandon, auteur de « Aventurier en eaux vives ».
C’est probablement pour cela que, même dans les pires moments, il n’a jamais pensé à abandonner. “J’ai eu beaucoup de problèmes, je me suis perdu, mais je ne me suis jamais dit : je jette l’éponge.. Pourtant, il n’aurait jamais imaginé en faire un livre. “Je pensais publier des photos et des vidéos sur Instagram ou Facebook tous les soirs, mais mon téléphone a commencé à fuir. J’avais un petit carnet dans lequel je notais ce qui m’arrivait. Et ce n’est qu’après que j’ai pu faire quelques posts sur les réseaux sociaux. Dans les commentaires, certains m’ont dit : il faut qu’on écrive un livre. J’ai envoyé dix pages à l’éditeur qui m’a dit : c’est bon, continue, on va te publier !
A l’arrivée, 200 pages à lire d’une traite. Heureux qui, comme Iven, a fait ce beau voyage dans lequel il emmène le lecteur en toute simplicité. « Ma convictionconclut-il, c’est que l’aventure n’est pas toujours au bout du monde, on la trouve au bout du jardin, juste derrière chez soi.
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