« Mon message au président Poutine est clair. Nous savons ce que vous faites et nous n’hésiterons pas à prendre des mesures énergiques pour protéger la Grande-Bretagne. » C’est ce qu’a déclaré le 22 janvier le secrétaire à la Défense John Healey, à la suite d’un nouveau passage du Yantar au large des côtes britanniques. La Royal Navy était chargée d’assurer une surveillance étroite du navire tout au long de sa remontée de la Manche. Le Yantar, qui avait franchi la veille, le 21 janvier, le détroit du Pas-de-Calais, appartient à la flotte russe du Nord et est basé à Severomorsk, près de Mourmansk. Il a évolué ces dernières semaines en Méditerranée, où il a été traqué par les moyens de l’OTAN, notamment un avion de patrouille maritime français Atlantique 2. Puis, après une escale à Alger, d’où il est parti le 14 janvier, il a regagné l’Atlantique et donc direction la Manche puis la Mer du Nord. Tout au long de son périple, il fut observé comme du lait sur le feu par les différents pays alliés de la région, dont évidemment la France, qui passa ensuite la main aux Britanniques. Et ce sera la même chose en Europe du Nord, jusqu’au retour de Yantar chez lui.
Capturé en novembre au-dessus d’installations sous-marines dans les eaux britanniques
Décrit comme un « navire espion » par les Britanniques, le Yantar est particulièrement surveillé en raison de ses capacités d’intervention sous-marine. Ceci, à l’heure où les Alliés craignaient le sabotage des infrastructures sous-marines, notamment des câbles sous-marins. -l’électricité maritime et les télécommunications. Mis en service en 2015, ce bâtiment de 108 mètres de long et 5 700 tonnes en pleine charge, est équipé de nombreux capteurs et peut déployer des drones et des robots sous-marins. Il est clairement considéré comme une menace par les Occidentaux, le Royaume-Uni étant d’autant plus sensible à sa présence qu’un incident s’est produit avec ce bateau en novembre. Le Yantar avait alors, selon le ministère britannique de la Défense (MoD), « été surpris en train de rôder au-dessus d’infrastructures sous-marines critiques dans les eaux britanniques ».
Démonstration de force avec un sous-marin et le RFA Proteus
Compte tenu des menaces pesant sur les câbles sous-marins et des incidents survenus cet hiver dans la Baltique, qu’il s’agisse d’accidents ou de sabotages, Londres avait décidé de réagir énergiquement à la présence du navire russe. “Un sous-marin de la Royal Navy a fait surface près du Yantar, pour avertir le navire russe qu’il surveillait secrètement chacun de ses mouvements.” La flotte britannique a également dépêché à cette occasion son nouveau navire d’intervention sous-marine, le RFA Proteus, un ancien navire de travaux offshore reconverti pour la surveillance des fonds marins et notamment le déploiement de moyens robotisés. Une plateforme très précieuse, qui manque actuellement à la marine française, pour surveiller les installations sous-marines et réaliser des interventions à grande profondeur si nécessaire. Ou, dans ce cas, déployer des dispositifs pour caractériser les activités réalisées sous la surface de l’eau par un navire adverse.
En novembre, le RFA Proteus s’est positionné devant le Yantar, lui faisant signe de partir tout en empêchant d’éventuelles tentatives d’opérations menées discrètement sous la surface de l’eau. “En réponse à l’avertissement de la Royal Navy en novembre, le Yantar a quitté les eaux britanniques pour la Méditerranée, mais est revenu cette semaine et a traversé la Manche.” Cette fois, il se retrouve flanqué de la frégate HMS Somerset, dont on remarque qu’elle était équipée de ses tout nouveaux missiles antinavires NSM. Le navire de la Royal Navy l’a délibérément suivi de très près, jusqu’à ce qu’il s’éloigne des eaux britanniques.
-La Royal Air Force va envoyer un P-8 Poséidon dans la Baltique
A cette occasion, le ministère de la Défense a également annoncé que la Royal Air Force déploierait des avions de patrouille maritime P-8 Poseidon pour participer à la mission Baltic Sentry. Celui-ci a été lancé mi-janvier, lors d’un sommet de huit pays de l’OTAN, pour protéger les infrastructures sous-marines de la mer Baltique suite aux dommages causés au câble Estlink2 entre l’Estonie et la Finlande.
Nordic Warden, un nouveau système de surveillance et d’alerte
Le Royaume-Uni a également activé « Nordic Warden », un nouveau système informatique utilisant l’intelligence artificielle pour aider à surveiller la flotte fantôme russe et à protéger les infrastructures sous-marines offshore. Le ministère de la Défense explique que Nordic Warden « a été activé pour la première fois le mois dernier pour surveiller les zones d’intérêt clés, en s’appuyant sur une gamme de sources de données pour évaluer le risque que les différents navires représentent pour les infrastructures. Lorsque le système détecte une menace potentielle, il génère une alerte qui peut être envoyée à nos partenaires pour les alerter. Nordic Warden surveille également les navires connus pour faire partie de la flotte fantôme de Poutine, utilisés pour tenter de contourner les sanctions internationales – et aider à financer la guerre illégale de la Russie en Ukraine – en transportant du pétrole et du gaz russes vers des acheteurs potentiels.
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