Par
Vincent Guerrier
Publié le
22 janvier 2025 à 6h30
Vingt-sept morts sur les routes. C’est le terrible constat de l’année 2024 dans l’Orne. Président du Département de l’Orne, Christophe de Balorre analyse les causes de ce triste bilan, et lance un appel à la mobilisation générale. Cela résout également la question d’un éventuel retour à 80 km/h sur les routes.
Comment expliquez-vous cette hausse brutale des blessés graves et surtout des morts sur la route en 2024 ?
En 2023, 21 tués, et en 2024, 22 tués ; ces années sont comparables sur les 11 premiers mois. C’est en décembre que la différence se fait : aucun décès en 2023 contre 5 en 2024 ! Chaque accident est unique et résulte d’une combinaison de facteurs, dont certains sont difficiles à contrôler et inexplicables. Pour chaque accident mortel, je me rends sur place et notre service voirie, de son côté, me fournit le retour factuel le plus détaillé possible. Les causes sont précisément établies : alcool et drogues, notamment, ou encore vitesse.
Certains reviennent régulièrement : inattention (GPS, téléphone portable, tablette…), conditions météorologiques, obstacle. D’autres sont directement liés à l’état de santé du conducteur, aux traitements médicaux, parfois chez les personnes âgées, ou encore à l’inconfort au volant. La question des jeunes licences, trop peu expérimentées, se pose également. Le relâchement des comportements, sur les itinéraires habituels ou éphémères, doit encore être pris en compte, tout en sachant que, partout, les accidents et notamment les face-à-face restent totalement inexplicables.
Dans ses réfections routières, le Ministère peut-il trouver des solutions ou des ajustements pour réduire les vitesses sur certains tronçons ?
La sécurité routière est une priorité pour le Conseil Départemental, pour le président et l’ensemble des élus, mais aussi pour notre service des routes qui gère plus de 6 000 km de routes. Une dizaine d’agents sont dédiés à la sécurité routière et une organisation sophistiquée permet, sur le terrain, d’assurer une surveillance active et d’identifier le moindre problème sur les routes, dans le seul but d’y remédier sans délai. Toutes nos études sont menées à partir de données précises et vérifiées, et chaque décision prise fait ensuite l’objet d’une évaluation.
Suite à un accident grave ou inhabituel, la recherche des causes peut conduire à préconiser de nouveaux aménagements, des travaux ou un renforcement de la signalisation, voire la réduction de la vitesse maximale autorisée. Le Conseil départemental le fait très régulièrement, tout comme il subventionne les projets, souvent coûteux, des communes et intercommunalités, qui visent à améliorer la sécurité, dans les écoles ou autres lieux publics très fréquentés, dans les carrefours, les entrées de ville, les zones d’activités.
-Tout en sachant qu’aucun système ne peut imposer ou garantir le strict respect du Code de la route, les services du Conseil Départemental sont plus que jamais mobilisés pour améliorer les conditions de circulation, y compris pour ceux qui commettent des erreurs de conduite ou des infractions : adhérence des revêtements, entretien du marquage, panneaux de danger, barrières de sécurité… Même s’il n’existe aucun remède à l’inconscience de certains usagers de la route, nous ne baissons pas les bras ! ”
La vitesse excessive est à l’origine de plusieurs accidents mortels. Envisagez-vous de réduire la vitesse à 80 km/h, comme dans de nombreux départements en France ?
L’Orne a été un des tout premiers départements à revenir aux 90 km/h et je constate que bien d’autres ont suivi. A ce jour, plus de la moitié des départements sont revenus à 90km/h, ce qui est significatif ! Lorsqu’il s’agit d’accidents de la route, ce sont les vitesses excessives et inappropriées qui sont en cause, et non les vitesses maximales autorisées qui, trop souvent et malheureusement, ne sont pas respectées.
Lorsque j’ai relevé, à partir de juillet 2020, la vitesse maximale autorisée à 90 km/h sur une partie des routes départementales, j’ai systématiquement exclu les tronçons aux caractéristiques réduites et accidentogènes ; près de 4 000 km soit les deux tiers du réseau ! – sont donc toujours limités à 80 km/h. C’est pour cette raison que nous n’avons mesuré aucun impact négatif de cette décision dans l’Orne depuis 2020. L’analyse, au cas par cas, prouve que le retour à 90 km/h n’affecte ni le nombre de collisions et de sorties de route, ni leur sévérité, au contraire. Et il suffit d’emprunter la Nationale 12 entre Alençon et Paris pour s’en convaincre : la limite de vitesse est de 80 km/h – même en ligne droite ! – perturbe le comportement des automobilistes qui finissent par s’énerver et faire n’importe quoi !
Qu’attendez-vous des services de l’État pour améliorer la sécurité routière ?
La Gendarmerie, la Police et les services de l’Etat, mais aussi notre police municipale mènent un travail coordonné remarquable, tant en termes de prévention qu’en matière de répression, fortement renforcé par la présence de 46 radars fixes dans l’Orne, dont 40 sur notre routes départementales. De son côté, le Conseil départemental participe au développement du réseau de radars pédagogiques, en partenariat avec les maires.
On ne peut pas parler de sécurité routière sans appeler à une prise de conscience collective ! De nos jours, alors que les véhicules et les infrastructures deviennent de plus en plus modernes et fiables, il n’est plus normal de mourir sur la route. Toutes les règles de base doivent être respectées, c’est le seul moyen d’inverser la tendance. » Plus de morts sur nos routes en 2025 ! » : j’appelle à la mobilisation générale. C’est à chacun d’être acteur au quotidien, personnellement et durablement.
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