Malia Metella a remporté la médaille d’argent en 2004 aux Jeux Olympiques d’Athènes au 50 mètres nage libre. Mais, lundi 20 janvier, elle n’est pas venue parler d’elle. Elle était là la première pour écouter. La championne de natation s’est déplacée depuis Paris pour rencontrer, à sa demande, des jeunes étrangers qui étudient à Bordeaux ou sur les campus alentours. Ils étaient 17 assis en cercle autour d’elle dans une salle de la résidence universitaire René-Maran, à Pessac, pour des ateliers.
Grâce à un partenariat entre le Crous Bordeaux-Aquitaine et l’association nationale Article 1, ils ont pu trouver un logement sur ce site. Ce programme de support s’appelle Ma1son. « Il existe cinq de ces maisons en France », indique son coordinateur national, Olivier Geslin. Le premier a ouvert en 2022 à Paris. » Les autres sont à Créteil, Vénissieux, Rennes et, depuis septembre dernier, dans la région bordelaise.
Il accueille 60 étudiants dont 26 étrangers. Certains sont originaires de Guyane, comme Malia Metella, d’autres de Martinique, de Guadeloupe, de la Réunion, de Nouvelle-Calédonie ou encore de Mayotte. Ils ne sont pas hébergés dans un seul endroit, mais répartis dans trois bâtiments voisins. D’ici 2026, ils seront 320 au niveau national à avoir bénéficié de ce dispositif financé par des fonds privés, puis remboursé par l’Etat en cas d’efficacité avérée, dont un sur deux venant de l’étranger.
Réalités quotidiennes
« Ce sont tous des jeunes issus de milieux populaires, exclusivement boursiers », explique Olivier Geslin. Notre idée est de ralentir le déterminisme social. » Une statistique officielle : « Au niveau Master, seuls 4 % des étudiants sont des fils d’ouvriers », souligne Ségolène Bunel, la responsable d’Article 1 pour la Nouvelle-Aquitaine. Le nom de cette association vient de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 dont l’article 1 commence ainsi : « Les hommes naissent et restent libres et égaux en droits. »
L’échange entre les étudiants et leur prestigieux interlocuteur se voulait simple, détendu et centré sur les réalités du quotidien. Par son caractère jovial et sa grande attention non feinte aux autres, Malia Metella, qui après une formation en comptabilité, commerce puis marketing, a fait une école de journalisme, a su mettre tout le monde à l’aise. Pour briser la glace, il leur a été demandé de partager leur expérience loin de chez eux, sur les aspects suivants : « Ce qui m’a plu, ce qui a été le plus difficile, ce qui m’a le plus surpris en arrivant en France métropolitaine, qui m’a aidée à m’habituer. . »
-La plupart d’entre eux ont abordé la question des prix, avec ce leitmotiv : « Ici, c’est moins cher qu’à la campagne. » En 2000, lorsqu’elle quitte Cayenne pour rejoindre l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), au bois de Vincennes, Malia Metella le remarque également. Un produit laitier qu’elle appréciait était beaucoup plus cher en Guyane. « Vous multipliez par quatre », dira-t-elle en aparté pour ce cas précis. Nina, étudiante en droit international, a du mal à s’habituer à la cuisine : « En Guadeloupe, j’avais l’habitude de manger des plats très épicés. Ici, plutôt que d’aller au restaurant universitaire, je cuisine à la maison. Je reproduis les plats que ma mère m’a préparés. » Autre sentiment partagé : « Surmonter l’absence de famille. »
Mayotte
Aujourd’hui, les smartphones compensent quelque peu la distance. L’ancien vice-champion du monde n’a pas eu cette chance : « Il y avait une cabine téléphonique à l’entrée de l’Insep. A 20h30, j’appelle ma mère en Guyane pour lui donner des nouvelles. J’ai essayé d’en utiliser au maximum cinq à dix unités, car ça passait très vite. Plus tard, j’ai pu acheter un téléphone portable grâce aux bonus que j’avais gagnés. Mais Overseas était hors du paquet. »
Halima, orientée vers le secteur sanitaire et social, a vécu une épreuve traumatisante durant cette période d’adaptation déjà difficile : le cyclone qui a ravagé son île, Mayotte. «Pendant une à deux semaines, il n’y avait vraiment aucune communication», raconte-t-elle. Je n’avais aucune nouvelle de mon père. J’étais stressé. Je ne pouvais pas aller en cours. J’avais entendu dire que dans mon quartier, il y avait des gens qui étaient morts. J’ai finalement réussi à le contacter. Seulement des dégâts matériels. »
L’article 1 ne concerne pas seulement le logement. Les jeunes aidés doivent réaliser un projet. A Paris par exemple, un centre municipal d’action sociale, ils ont proposé une journée de détente à une dizaine de « mères célibataires » des immeubles voisins, avec un restaurant et une séance manucure, tout en s’occupant de leurs enfants. enfants. Cette palette d’actions permet à ces élèves de se sentir immédiatement moins seuls.
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