Pour concilier transition écologique et intégration de l’intelligence artificielle, la France a sa propre méthode : l’IA frugale. Encore confidentiel, ce mode de développement de services pourrait connaître un essor rapide, favorisé par l’organisation d’un hackathon dédié au sujet lors du sommet mondial de l’IA à Paris début 2025.
Nous voulons inspirer d’autres façons de développer des services basés sur l’IA… C’est ainsi que Lou Welgryn, co-président de Data for Good, une association tech spécialisée dans la résolution de problèmes sociaux et environnementaux, résume l’enjeu du hackathon Défi de l’IA frugale. L’événement se déroulera au cœur de Sommet d’action sur l’IAorganisée par l’Élysée les 10 et 11 février au Grand Palais à Paris, pour défendre une autre vision de l’IA : frugale dans son développement technique et mise au service de la transition écologique.
Alors que son empreinte environnementale ne cesse d’alimenter les interrogations sur sa légitimité, l’idée d’allier IA et frugalité fait son chemin, notamment en France. Et l’État n’est pas étranger à cette montée en puissance. Juliette Fropier, chef de projet IA & Transition écologique aux ministères Territoires Ecologie Logement, a notamment piloté la création d’Afnor Spec Frugal AI : ce cadre publié en juin 2024 rassemble 31 bonnes pratiques qui dessinent les contours d’une future norme sur ce sujet.
Sur son site, l’Afnor promet de trouver des méthodologies de calcul et des bonnes pratiques pour mesurer et réduire l’impact environnemental de l’IA, et pour communiquer avec des allégations justes et vérifiables. Objectif, mettre fin au greenwashing sur le sujet. En tout cas, la France veut montrer la voie et être force de propositions pour lutter contre l’empreinte environnementale de l’IA.
Ce qui ne l’empêche pas, comme d’autres pays, d’inciter les entreprises à adopter rapidement l’IA pour ne pas se laisser distancer.
Entre la recherche de compétitivité économique et l’engagement climatique, la frontière est étroite.
Et les conditions mêmes de tenue de ce hackathon illustrent cette ambivalence : en organisant le prochain Sommet d’action sur l’IAqui fait suite à deux précédentes éditions organisées à Séoul et à Londres sur le thème de la sûreté (sécurité de l’humanité à l’ère de l’IA), la France entend d’abord montrer sa capacité à être une nation numérique, à l’image de ce qu’elle a pu faire avec la création de La French Tech en 2013.
Mais elle veut aussi montrer sa différence. ” La France veut apporter une vision de l’IA plus positive, plus inclusive et au service de l’intérêt général », explique Juliette Fropier.
Cette volonté se traduit aussi à travers la diversité et le renouvellement des thématiques abordées (culture, environnement, travail…), mais aussi à la lecture de la liste des nations invitées, ou encore en présence d’associations et d’ONG. Le Pays des Lumières peut-il éclairer l’avenir de l’IA ?
Hackathon et frugalité, mode d’emploi
Le Frugal AI Hackathon est co-organisé par Des données pour le bien et Visage câlin une startup franco-américaine réputée pour son expertise en « bon machine learning », avec Juliette Fropier en charge des ministères : « Ce challenge, à dimension internationale, vise à démontrer que l’on peut allier performance et efficacité. »
Dans la mise en œuvre, des équipes interdisciplinaires travaillent pendant un mois jusqu’à la date du sommet sur l’une des trois thématiques proposées : classification des régions à risque en matière d’incendies de forêt, reconnaissance des fausses nouvelles sur l’écologie ou encore détection de déforestation illégale.
De l’IA frugale « pour de bon ” DONC.
« L’enjeu pour nous est que les équipes travaillent sur la frugalité des algorithmes pour une cause au service des enjeux de la transition écologique, explique Lou Welgryn, co-président de Data for Good, et faire un compromis [compromis en français, NDLR] permanent entre agir rapidement pour résoudre le problème et éviter d’opter pour des solutions trop exigeantes. »
Les organisateurs espèrent une centaine d’équipes participantes, soit une trentaine par thématique. ” Ce serait un grand succès et un beau message envoyé à toute la communauté tech. », s’enthousiasme Lou Welgryn. Pour savoir si le pari a été gagné et découvrir les gagnants du hackathon, rendez-vous les 10 et 11 février.
-A LIRE AUSSI :
Nuage
Les datacenters bientôt privés d’électricité ?
A LIRE AUSSI :
Informatique verte
Pour les projets d’IA intégrant nativement les enjeux environnementaux
A LIRE AUSSI :
Données / IA
L’IA générative dans l’écosystème numérique français : entre maturité et transformation
Nous vous enverrons un email de validation !
Related News :