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comment s’inspirer de nos voisins européens ?

Les chiffres sont là. Exaspérant. Et teinté d’une fâcheuse impression de déjà-vu. Année après année, le nombre d’enfants par femme diminue dangereusement en : en 2024, 663 000 bébés naîtront, selon l’Insee, soit 2,2 % de moins qu’en 2023. Un taux de fécondité au plus bas depuis la Première Guerre mondiale. Où est le « réarmement démographique » dont parlait Emmanuel Macron il y a un an ? La France est-elle confrontée à une fatalité devant laquelle il ne reste plus qu’à s’incliner ?

Non, au regard des politiques démographiques de certains pays voisins, ayant mis en œuvre des approches qui, lentement mais sûrement, font remonter les courbes. Pas de recette miracle, mais une volonté ferme, rigoureuse et patiente qui, si elle est maintenue dans le temps, portera ses fruits. Jetez un regard au-delà de nos frontières, pour trouver quelques idées à mettre en œuvre en France.

Le modèle suédois

En septembre dernier, l’Institut des Français de l’étranger (IFE), un groupe de réflexion qui mène des études comparatives internationales afin d’alimenter le débat public, publiait une étude centrée sur les politiques familiales dans le monde. L’Institut, l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, décortique notamment le cas de pays voisins comme la Suède et la Hongrie qui ont, de manière plus ou moins durable, réussi à augmenter le taux de fécondité chez eux.

Pour Pierre-Jean Doriel, son directeur général, le cas le plus intéressant et le plus parlant reste celui de la Suède, pays dont les dépenses sont à peu près comparables à celles de la France. Ce pays scandinave a mis en place des mesures concrètes : « Le congé parental, fixé à 480 jours pour un couple, peut s’étaler sur une période de douze ans et est indemnisable à 80 % du salaire précédent, dans la limite d’environ 4 000 euros par mois. »

« On est très loin du système français. Pour la grande majorité des Français, avoir un enfant et prendre un congé parental est un véritable sacrifice financier. »

Concrètement, s’occuper de ses enfants devient donc un choix raisonnable pour l’un ou les deux membres du foyer. Depuis les années 1980, une politique familiale dite « prime de rapidité » offre des facilités : pas de perte des prestations du congé parental en cas de naissance d’un deuxième enfant jusqu’à 30 mois après la naissance du premier. L’objectif est de favoriser le passage de la naissance du premier au deuxième enfant en raccourcissant les intervalles.

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En creux, le directeur général tacle : « On est très loin du système français. Pour la grande majorité des Français, avoir un enfant et prendre un congé parental est un véritable sacrifice financier. » Bien que ces mesures aient fonctionné pendant dix ans en Suède – le taux de fécondité a augmenté de 0,5 % –, celui-ci a connu une baisse, puis à nouveau un pic qui lui a permis d’atteindre le niveau de remplacement des générations.

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Une évolution positive

Chez nos voisins hongrois, un accompagnement est proposé tout au long de la vie de l’enfant : des prêts permettent un agrandissement de la résidence principale, une aide à l’achat d’un véhicule « familial » de 7 000 euros, une défiscalisation dans certains cas. « Cette politique volontariste a permis d’économiser entre 15 et 20 % de naissances supplémentaires, depuis le taux particulièrement bas de 1,25 enfant par femme en 2011 »souligne Ludovine de La Rochère, présidente de l’Union familiale : « Le taux de fécondité est passé à 1,61. Alors bien sûr, ce n’est pas suffisant, mais on ne peut nier une évolution positive et un impact indéniable. »

Le directeur général de l’IFE souligne une autre différence cruciale : « Il n’y a pas de socialisation de la politique familiale dans ces pays, contrairement à la France qui néglige les classes moyennes, grandes perdantes. Dans les pays cités, toutes les familles, quelles qu’elles soient, peuvent choisir l’enfant. »

Pour Ludovine de La Rochère, la différence majeure entre ces pays et le nôtre est plus subtile et tient aussi à un état d’esprit. Car un chiffre, en France, interpelle : comment expliquer le hiatus entre la moyenne, chez les 25-40 ans, du désir d’avoir des enfants – 2,2 en 2023 – et le taux de fécondité réel, 1,6. Le président de l’Union Familiale l’analyse ainsi : « En France, on ne met pas l’accent sur la maternité, la paternité ou le rôle des parents. Depuis 2017, nous n’avons plus de Ministère de la Famille. Elle renaît aujourd’hui, enterrée au sein de l’immense ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles de Catherine Vautrin. »

Elle milite pour un ministère dédié, comme en Italie, où la Première ministre Giorgia Meloni, qui parle de politique familiale comme son « priorité absolue »créer un ministère de la Famille, de la Natalité et de l’Égalité des chances. « En France aussi, il est urgent d’avoir un ministère pleinement opérationnel et stable, qui ait des compétences, une administration et qui puisse agir de manière transversale avec d’autres ministères, par exemple le logement, la solidarité, le handicap. »

“En France il y a une vraie révolution culturelle à mener”

Le maître mot est patience : « Les pays dotés d’une politique familiale – certes insuffisante – ont les taux de fécondité les plus élevés. On aimerait que les pays qui ont commencé à déployer une politique familiale voient soudain leur fécondité augmenter fortement. Mais cela n’est pas possible car, souvent, les politiques décidées ne sont pas suffisamment globales. »a prévenu le président du magazine Population & AvenirGérard-François Dumont, dans nos colonnes. Les politiques natalistes font sentir leurs effets vingt ou trente ans plus tard. Le président de l’Union familiale est alerte, mais reste confiant : «Je pense que nous pouvons changer la situation. Ce qui est inquiétant reste l’inaction actuelle des politiques. Il y a une véritable révolution culturelle à mener en France. »

 
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