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l’aide au retour volontaire, un système qui peine à convaincre

Donner de l’argent aux migrants en situation irrégulière pour qu’ils rentrent dans leur pays : l’idée a refait surface dans le débat autour de la crise migratoire à Mayotte. Utilisée depuis 50 ans en , l’aide au retour volontaire peine néanmoins à convaincre.

Dans une chronique publiée dans le Figarole 5 janvier, les ministres de l’Intérieur Bruno Retailleau et des Affaires étrangères Manuel Valls ont appelé à ” étendre “ à Mayotte, actuellement exclue, « Aide au retour volontaire des ressortissants africains dans leur pays d’origine ».

“Ce n’est pas une question d’argent”

En quoi consiste ce dispositif ? Destiné aux étrangers soumis à une obligation de quitter le territoire français (OQTF), ce dispositif, destiné aux ressortissants de 23 pays, prévoit une allocation forfaitaire pouvant aller jusqu’à 2.500 euros, à laquelle peut s’ajouter le financement d’un projet professionnel.

Cette enveloppe dédiée à la réinsertion, de 5 à 6 000 euros en moyenne (10 000 euros maximum), peut être financée par des fonds européens via l’agence Frontex.

En 2024, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) a versé 6 908 aides au retour volontaire (+ 2,36 % sur un an), principalement à des ressortissants géorgiens et albanais (1 800). Les trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) atteignent le millier. À comparer à un peu plus de 26.500 aides en Allemagne, où un système similaire existe.

Quand est-il revenu ? Les incitations au retour sont apparues en 1977 sous Valéry Giscard d’Estaing. Elles visaient à l’origine à encourager les chômeurs étrangers à rentrer chez eux suite à la crise pétrolière.

« Même à l’époque, c’était un échec. Les seuls à en bénéficier furent les Portugais et les Espagnols qui avaient déjà planifié leur retour et qui n’étaient pas la cible visée.rappelle Thomas Lacroix, directeur de recherche au CNRS en géographie, spécialiste des migrations.

Dans les années 1980, ce système a été remplacé, sans succès, par une aide à la réinsertion des étrangers chômeurs souhaitant développer un projet dans leur pays d’origine. Elle a finalement été remplacée dans les années 1990 par l’actuelle incitation financière destinée aux migrants irréguliers.

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Cet appareil fonctionne-t-il ? Cette aide, pas plus que les précédentes, n’a jamais vraiment réussi à convaincre. « Ce n’est pas une question d’argent »souligne Thomas Lacroix. « Le coût de l’incertitude générée par le retour est supérieur à l’aide offerte, beaucoup de choses ne peuvent être quantifiées. »

Comme l’incertitude économique du pays d’origine, d’éventuels conflits familiaux ou le fait que les personnes qui ont immigré se sont souvent endettées auprès de leur famille pour partir et que le retour est perçu comme un échec, énumère le chercheur.

Les retours pourraient être plus considérés « si les immigrés pouvaient circuler plus facilement et s’il n’était pas si difficile d’obtenir des papiers »estime Thomas Lacroix.

Pour sa collègue Camille Le Coz, chercheuse au groupe de réflexion Migration Policy Institute, les retours volontaires gagneraient cependant à être développés. Ils sont “beaucoup plus digne” pour les personnes concernées.

Cela crée également moins de tensions diplomatiques et coûte moins cher, souligne-t-elle, mais “Politiquement, c’est un peu difficile à défendre, parce que ça veut dire qu’on donne une bourse à des gens qui sont en situation irrégulière et ça ne plaît pas à l’extrême droite”.

« Le coût d’un retour forcé sous escorte policière avec placement en centre de rétention administrative est bien plus onéreux »défend néanmoins Didier Leschi, le directeur de l’Ofii. Un rapport parlementaire de 2019 l’évaluait à 13 800 euros.

 
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