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Dans le Calvados, les ateliers Thierry-Fonlupt confectionnent des costumes pour les grandes maisons de luxe parisiennes

En 2004, Amedi Nacer, actuel directeur de l’atelier, l’achète, avant de reprendre également l’atelier Fonlupt, situé à Ballots (Mayenne) en 2012. »Lors de la vague de délocalisations dans les années 90, les managers ont eu le réflexe d’aller à contre-courant, et se sont positionnés en montant en gamme.», raconte Amedi Nacer, ancien directeur de production au sein du groupe LVMH et Hermès.

Avec dix millions de chiffre d’affaires en 2023, pour 220 salariés dans ses deux ateliers, le constructeur se porte bien. Pourtant, il y a un an et demi, Amedi Nacer a décidé de recruter une chargée de communication, pour mieux faire connaître le groupe. Avec pour objectif non pas de chercher des clients, le carnet de commandes étant rempli à craquer, mais de recruter. “A la fin du covid, beaucoup de jeunes voulaient changer de métier, et en même temps, le luxe a explosé et on sentait qu’on n’avait pas assez de capacités.», explique le dirigeant.

Trois ans de formation

Pour être pleinement formé à la couture de luxe, qui demande une grande attention aux détails, il faut trois ans. Dans un premier temps, le futur artisan entame une période de formation de trois mois, avant d’être engagé dans un contrat de professionnalisation de six mois renouvelable. Un travail qui demande un certain sens de l’adaptation, car ici, toutes les séries sont uniques et comptent environ 250 unités en moyenne. “On ne fait jamais deux fois le même modèle, et on ne s’habitue pas à un geste», indique Amedi Nacer.

Cela nécessite également une certaine flexibilité dans le matériel d’atelier, qui peut parfois être loué dans le but de fabriquer un seul modèle. Le fabricant peut aussi être amené à développer de nouvelles compétences, comme en 2019, lorsque le dirigeant a ouvert un petit atelier – où travaillent actuellement une trentaine de salariés – pour fabriquer des sous-éléments en cuir, comme des cols et des ceintures, sur le site de l’Ifs. “Nous sommes l’un des seuls ateliers à pouvoir travailler simultanément le textile et le cuir.», devant Amedi Nacer.

Du croquis au produit fini

Comme tous les sous-traitants du luxe, l’atelier Thierry ne gère pas lui-même son stock de matières premières à proprement parler. C’est le client qui envoie tous les tissus, accompagnés d’un dossier technique composé de dessins et d’instructions très précises, et c’est au bureau d’études du fabricant d’intervenir. “On peut estimer le coût de production d’un vêtement à partir d’un croquissouligne Anaïs Osmont, responsable du bureau d’études. Nous veillons également à ce que sa fabrication soit industrialisable.»

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Pour ce faire, les modeleurs transforment le croquis en modèle 3D, puis le réalisent à l’aide d’un canevas. Il appartient ensuite au bureau des méthodes de créer la liste des opérations nécessaires à la fabrication, d’estimer un temps de fabrication. “Le travail coordonné de dix personnes est nécessaire pour fabriquer une unitésouligne Lucie Ehanno, chargée de méthodes. Nous attribuons chaque opération à un opérateur, et nous vérifions toutes les deux heures qu’il parvient à réaliser les gestes dans le temps calculé, car les modèles changent régulièrement.».

L’intelligence de la main

Il faut en moyenne 500 minutes de travail pour réaliser une pièce. Une figure importante pour Amedi Nacer, qui aime souligner que l’atelier «vendre du temps« . Alors que la plupart des opérations se font à la machine, les points de couture main représentent 35% du temps passé sur une veste par exemple. Même la découpe du tissu, généralement réalisée avec une machine qui optimise la quantité de matière et réduit les déchets, est parfois réalisée manuellement. “Dès que le tissu a des motifs à assembler, il faut utiliser la main, car les machines n’ont pas cette intelligence.», sourit Amedi Nacer.


A côté, un jeune designer repasse minutieusement un morceau de tweed maintenu par des aiguilles pour le préparer à la découpe manuelle. La manufacture de luxe continuera d’inculquer ce souci du détail aux nouvelles recrues, dont 25 sont prévues cette année. Les compétences qui leur seront demandées ? “Désir et motivation».

 
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