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INFOGRAPHIE. Visualisez la vague « historique » de faillites d’entreprises en 2024, avec plus de 250 000 emplois menacés

Année noire pour le tissu économique français : plus de 67 000 faillites d’entreprises ont été recensées par le cabinet Altares. La plupart des secteurs d’activité sont concernés.

Jamais les tribunaux de commerce n’avaient connu une telle affluence en une seule année. Le nombre d’entreprises en faillite a explosé en 2024 : plus de 67 000 entreprises atterrissent dans les prétoires des juges consulaires dans le cadre de procédures de liquidation, de redressement judiciaire ou de sauvegarde. C’est ce que montre le rapport sur les faillites d’entreprises réalisé par le cabinet Altares, dont franceinfo résume les principaux enseignements en cinq graphiques.

Les entreprises prises au piège de la crise du Covid-19

Après avoir plongé pendant la période du Covid-19, le nombre d’entreprises en défaut atteint désormais un niveau record, selon Altares. Cette entreprise, experte dans le comptage et l’analyse des défaillances d’entreprises, a dénombré 67.830 procédures collectives pour l’année 2024. «C’est historique»affirme Thierry Millon, directeur d’études à Altares, à franceinfo. Ce chiffre confirme les tendances observées depuis l’été dernier avec des défauts cumulés sur douze mois qui dépassent les niveaux observés après la crise financière de 2009 et la crise des dettes souveraines de 2010-2012.

Cette vague d’échecs s’inscrit dans un mouvement de rattrapage du gel des procédures, décidé en raison de la pandémie de Covid-19. « Des moratoires avaient été mis en place pour permettre aux entreprises en difficulté d’étaler leurs dettes sur plusieurs années »explique Thierry Millon. Mais cette trêve est terminée. Les convocations au tribunal ont repris fin 2023 et plus encore au premier semestre 2024.

À cette reprise des collectes s’ajoute aussi un retournement de situation économique, défavorable aux entreprises les plus fragiles financièrement. Selon Thierry Millon, cette situation morose se mesure à l’allongement des délais de paiement. “Ils ont atteint des niveaux records en 2024, qu’on n’a plus vu depuis la crise sanitaire”dit-il.

Reste à savoir où s’arrêtera la vague de dépôts de bilan. « Je pense que nous ne sommes pas loin du plafond. Mais il est probable que nous ne soyons pas à un sommet mais plutôt sur un plateau. Ce qui signifie que nous devrions rester à un niveau de défauts élevé en 2025.»estime Thierry Millon.

Plus de 250 000 emplois menacés

Le nombre d’emplois menacés dans le cadre des procédures collectives ouvertes en 2024 est estimé à 255.737, selon le cabinet Altares. Ces emplois sont principalement concentrés dans les secteurs de la construction (19 %), des services aux entreprises (19 %), du commerce (15 %) et de l’industrie (13 %).

Ce chiffre prend en compte tous les emplois qui ont été menacés au cours de l’année, ou qui le sont encore, y compris ceux qui n’ont finalement pas été détruits. C’est le cas du verrier Duralex, placé en redressement judiciaire en avril 2024, et dont plus de 200 emplois ont été sauvés après que le tribunal de commerce a validé le projet de Société Coopérative (Scop) porté par une partie des salariés.

Mais la majorité des entreprises qui déclarent faillite finissent par faire faillite. Plus de 46 000 procédures ouvertes en 2024 (soit les deux tiers) sont des liquidations judiciaires qui aboutissent à la disparition totale des entreprises concernées. « Nous sommes à des niveaux élevés de pertes d’emplois potentielles »estime Thierry Millon, qui rappelle également que la majorité des procédures restantes pour l’année 2024 sont des réorganisations judiciaires, dont les trois quarts seront transformées en liquidation.

La plupart des secteurs sont touchés

La comparaison du nombre d’emplois menacés en 2024 avec les années précédentes montre que la vague de faillites d’entreprises frappe durement presque tous les secteurs d’activité.

L’année a été particulièrement sombre dans le secteur des services aux entreprises : +35% de défaillances par rapport à 2023 et +125% par rapport à 2019. « Deux services sont en difficulté, explains Thierry Millon. Il s’agit notamment d’entreprises privées de sécurité et de nettoyage de bâtiments. Avec le télétravail, on demande à ces acteurs de faire moins de ménage qu’avant.” Dans le secteur des assurances et des activités financières, l’essor des emplois menacés s’explique, entre autres, par les faillites de nombreuses sociétés de courtage en prêts immobiliers.

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La situation s’est également considérablement détériorée dans le transport routier de marchandises. « Il n’y a pas grand chose à mettre dans les camions et les entreprises gagnent peu d’argent dans ce secteur »note Thierry Millon. Le secteur industriel, de son côté, a enregistré plusieurs faillites chez les équipementiers automobiles ainsi que dans le textile, à l’image du Coq sportif, placé en redressement judiciaire en novembre dernier.

Seul le commerce semble bénéficier du retour au vert. Mais ce déclin cache deux situations différentes avec, d’une part, des commerces de détail qui ont été plutôt épargnés en 2024 après une année 2023 catastrophique, tandis que les faillites ont fortement augmenté dans le commerce de gros, entre entreprises.

Même les grandes entreprises sont en difficulté

L’année 2024 a également été marquée par une forte hausse des dépôts de bilan chez les grands employeurs (+27% de faillites sur un an et +56% par rapport à 2019 pour les entreprises de 50 salariés ou plus). « Même les grandes PME ne peuvent plus le faire. Il faut remonter à la crise financière de 2009 pour constater des taux de faillite plus élevés parmi les grandes PME de 50 salariés ou plus. »notes Thierry Millon.

“Certaines de ces structures tombent notamment parce qu’elles ont du mal à rembourser leurs prêts garantis par l’Etat”précise Thierry Millon. Mais l’analyste estime que les dettes accumulées après la pandémie de Covid-19 n’expliquent pas tout. « Beaucoup de ces entreprises ont également de mauvais fondamentaux. Ils manquent de fonds propres ou souffrent d’une faible rentabilité financière.

Thierry Millon pointe également du doigt de possibles réactions en chaîne : “Lorsque les grands tombent, le risque est un effet domino sur leurs clients et leurs fournisseurs.”

Des emplois menacés partout en

Sans surprise, l’Ile-de-France, qui regroupe près de 20 % des entreprises immatriculées en France, a été la région la plus touchée par les dépôts de bilan en 2024. Les entreprises en procédure collective immatriculées à Paris comptent plus de 26 000 emplois menacés (+102 % par rapport à 2024). à 2019). Mais d’autres territoires ont également été très touchés. Sur la carte ci-dessous, la localisation des sièges sociaux des sociétés concernées a été prise en compte.

Avec plus de 23 000 emplois menacés, les Bouches-du-Rhône sont le deuxième département le plus touché. Un chiffre largement porté par l’un des plus gros plans sociaux de l’année : celui de Milee, une entreprise spécialisée dans la distribution de publicité dans les boîtes aux lettres. Placée en redressement judiciaire en mai, la société basée à Aix-en-Provence a été liquidée en septembre. Plus de 10 000 salariés ont été licenciés dans toute la France.

Le Nord abrite également de grands employeurs qui ont terminé l’année dans le rouge. Près de 10 000 emplois étaient menacés dans le cadre d’une procédure collective ouverte au tribunal de commerce de Lille. Plusieurs grands noms du secteur de l’habillement ont été concernés, comme la marque de prêt-à-porter Pimkie, placée en procédure de sauvegarde en mai 2024. L’entreprise, qui comptait encore 1.303 salariés et 154 magasins à l’été dernier, a finalement obtenu un double -un an de sursis. Deux autres structures nordistes n’ont pas eu cette chance : l’enseigne Des Marques & Vous (463 salariés) et la maison mère de Chaussexpo (750 salariés) ont fini en liquidation judiciaire.

 
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