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Les SUV pointés du doigt, mais pas tous, et loin de là

Un Volvo Au volant, Yves, un quinquagénaire bordelais et propriétaire d’un de ces SUV officiellement dans le collimateur de la municipalité écologique de Bordeaux. Soupir de l’intéressé, résigné à l’idée d’être pointé du doigt « comme pollueur ». La nouvelle s’est rapidement répandue dans la ville et au-delà : une tarification « environnementale » sera instaurée à partir du 2 mai pour le stationnement en surface des véhicules thermiques dépassant 1,6 tonne – et 1,9 tonne. pour les modèles électriques ou hybrides.

La hausse annoncée n’est pas anodine : + 30 % dans les secteurs rouge et vert de la ville. Exemple : 3,25 euros pour une heure en centre-ville (le « rouge »), 6,50 euros pour 2 heures, 13 euros pour 3 heures, 20 pour 4 heures contre respectivement 2,5, 5, 10 et 15 euros, les tarifs en vigueur. En cas de forfait post-stationnement, la facture s’élèvera à 45,50 euros, contre 35 euros en conduisant un véhicule « standard ». Attention, ce taux majoré s’appliquera automatiquement en fonction du numéro d’immatriculation du véhicule enregistré au passage des fameuses « flasher cars » qui remplacent les agents de contrôle depuis 2022.

“Manque d’ambition”

Yves ne connaît pas le poids exact de son SUV mais ne se fait pas d’illusions, « avec une micro-hybridation » qui rend le véhicule un peu plus lest. Il n’a pas tort : 2 319 kilos sur la balance, bien au-dessus du seuil exigé, y compris pour les motorisations hybrides. Il y voit « une manière détournée de taxer les citoyens » : « Nous avons une mairie pleine de bonnes intentions mais il vaudrait mieux faire plus attention aux mobilités douces, à la sécurisation des pistes cyclables… Tout cela manque d’ambition et de hauteur », il décide.

Et de conclure : « On critique les SUV, mais les Français conduisent des SUV… » Pas faux : en 2024, quatre SUV figuraient dans le top 10 des voitures françaises les plus vendues. Rien qu’en Gironde, selon les chiffres de Mobilians, les SUV représentent 51,5 % des ventes de véhicules neufs, loin devant les voitures dites « berlines » (coffre avec lunette arrière, 40,1 %). « Pour le confort des longs trajets, pour la sécurité », plaide Roger, retraité résidant à Eysines, propriétaire d’un Toyota Rav4 hybride 2020. Il se voyait déjà dans la mauvaise voiture au prix majoré, mais à tort : avec 1 680 kilos vides, son véhicule passe entre les gouttes.

De bons vieux monospaces

En effet, en réclamant un calibrage sur les modèles thermiques au-dessus de 1 600 kilos déjà « visés » par le malus gouvernemental, la mairie de Bordeaux se garde bien de s’attirer les foudres des classes moyennes. La sanction instaurée par l’État repose toutefois sur le seuil de 1 600 kilos en « état de marche », soit un « poids à vide » de 1 525 kilos. Toutefois, le site Internet de la Ville vous invite à vous référer à la case G1 de la carte grise, celle qui prend en compte le « poids à vide » du véhicule. La mairie, dans sa grande indulgence, retient-elle ses coups, contrairement aux militants dégonfleurs de pneus qui, dans la nuit du jeudi 16 au vendredi 17 janvier, ont ciblé une quinzaine de SUV garés dans le quartier de Nansouty sans tri préalable ?

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« On critique les SUV, mais les Français conduisent des SUV… »

Reste que des SUV aussi courants, et somme toute imposants, que le Peugeot 3008 ou le Citroën C5 Aircross échappent à la hausse. Tout comme les bons vieux monospaces « familiaux » comme le Renault Grand Scenic ou le C4 Grand Spacetourer. A Lyon, pionnier de la tarification environnementale depuis juin 2024, la hausse est plus forte : elle atteint 50 % et instaure une distinction entre les véhicules thermiques (à partir de 1 525 kilos), les hybrides rechargeables (à partir de 1 900 kilos) et électriques (à partir de 2 100 kilos).

Totem

En brandissant un « tarif spécial » pour les véhicules les plus lourds lors de sa cérémonie de vœux, sans attendre le vote du prochain Conseil municipal, le maire Pierre Hurmic en saisit bien sûr la portée, aussi politique que symbolique, au nom de l’excès de CO². émissions (+15% selon WWF par rapport à une voiture moyenne), occupation « plus importante » de l’espace public et « accidents plus graves pour les piétons et les cyclistes » : « Un piéton jusqu’à deux fois plus de risque d’être tué en cas de collision » avec un SUV par rapport à un standard voiture», souligne le communiqué de la Ville. Pas tout à fait, mais cela reste « 1,48 fois » plus risqué, selon le rapport Sécurité routière 2023.

La mesure concernerait « 10 % » des abonnés au stationnement en surface – les professionnels en sont exonérés. Et surtout « 14 % » de véhicules visiteurs, selon les données de la mairie. « Je ne vais presque jamais en ville en SUV. Soit on prend le tramway, soit on prend la petite voiture», raisonne Roger, d’Eysines. Un moindre mal donc pour les habitants de la Métropole éprouvés avec les difficultés du centre-ville. Pour ceux qui arrivent de plus loin, ce sera un cadeau de bienvenue.

 
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