l’essentiel
Les travaux du coteau de Cluzel donnent du fil à retordre au Département. Les mesures compensatoires destinées à faire face à la destruction de la biodiversité doivent répondre à un cahier des charges précis, notamment pour la faune et la flore.
Ce n’est un secret pour personne, chaque projet entrepris conduisant à la destruction de la biodiversité impose aux constructeurs de prévoir une compensation environnementale. Celles-ci peuvent parfois durer un certain temps après la fin des travaux afin que la biodiversité puisse pleinement reprendre sa place. La côte de Cluzel, située sur la RD 653 sur les communes de Labastide-Marnhac, Trespoux-Rassiels et Villesèque, en est le parfait exemple. Cette zone est connue pour être accidentelle en raison des nombreux virages très dangereux, avec des passages très étroits, notamment si une voiture doit doubler un camion.
Le Ministère a donc la responsabilité de remédier à la situation en réaménageant le secteur. Ce sont 3,5 km de routes qui doivent être modifiées, notamment l’élargissement de la route et la création d’une nouvelle voie pour éliminer ces virages. Mais changer de tracé, c’est aussi avoir des conséquences sur la biodiversité. Pour cela, avant de démarrer les travaux de terrassement de la nouvelle route, la collectivité doit compenser les pertes en réaménageant le territoire suivant les recommandations de l’État. « Le devoir d’indemnisation durera au moins 100 ans », confie le président du Département, Serge Rigal.
La zone humide
Les travaux sur le littoral de Cluzel impacteront également 3 986 m² de zones humides selon un rapport du Mrae (Missions Régionales de l’Environnement). « Ces zones doivent être compensées à hauteur d’au moins 150 %, soit 5 979 m² de zones humides à restaurer », note l’organisme, dans son avis rendu en juin 2023. Actuellement, ce plan d’eau est situé en bordure de route, et sera entièrement démoli lors de la prochaine phase de travaux. « Elle sera détruite et entièrement recréée au sud du virage », précise Serge Rigal.
Préservation de la faune…
La faune sera également impactée par ce chantier. Pour compenser la destruction des habitats naturels, le Département a notamment stocké du bois pour devenir un refuge pour les animaux sauvages comme les belettes sur tout le tronçon. De petits tas de pierres, appelés « lieux de repos », sont également prévus pour les reptiles comme les lézards et les serpents. « Au total, nous avons créé une dizaine de gîtes de repos et de ponte », explique Serge Rigal. « Nous avons également planté des clôtures pour garantir que les amphibiens et les reptiles puissent rester dans leur zone. » La communauté a encore du travail de plantation pour les rapaces.
-…et la flore
Concernant le déboisement des emprises entrepris en novembre, la communauté peut signer une entente avec les propriétaires des bois pour l’entretien ou la replantation à proximité. Il existe également un risque de dégradation de la flore autour du site, notamment la Sableuse à toit de chaume qui est une espèce protégée. Le Ministère doit donc tenir compte de la présence de cette plante lors du chantier. « Il est proposé de végétaliser certaines portions de la chaussée actuelle et de planter des haies. […] et créer de nouveaux boisements », recommande le Mrae.
Où avance le travail ?
La côte de Cluzel constitue un tronçon important pour relier le Lot au Lot-et-Garonne. La RD653 sert également d’itinéraire alternatif à l’autoroute A20 en cas de fermeture de celle-ci. Les travaux permettront de calibrer la voie pour les nombreux véhicules qui l’empruntent. En 2022, 3 740 véhicules par jour ont été dénombrés sur ce tronçon, dont 11,1 % de poids lourds. Une soixantaine d’accidents ont été recensés depuis 2021.
Pour réaliser ce projet, l’ancienne plateforme ferroviaire est notamment utilisée pour créer la nouvelle route. Après les travaux environnementaux, des fouilles archéologiques préventives ont eu lieu au premier trimestre 2025 sur 10% du tronçon. « Nous attendons les résultats des analyses pour lancer l’appel d’offres. Si nous faisons des découvertes, cela changera nos plans», explique Serge Rigal, président du Département. Dans le cas contraire, les travaux de terrassement débuteront en septembre.
Related News :