Le 2 janvier 2025, un incendie détruit entièrement les sept bus à hydrogène du réseau de transport du Grand Belfort. Un coup dur qui ne met pas un frein aux projets de diversification territoriale, même si la filière hydrogène est en plein doute.
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“Le feu n’est pas lié à l’hydrogène ni à son utilisation”insiste le Syndicat Paritaire des Transports Publics (SMTC) du Territoire de Belfort. Le désastre est “probablement” d’origine électrique, confirme Bruno Jamet, directeur innovation et projet du pôle de compétitivité Pôle Véhicule du Futur, situé à Étupes (Doubs), à quelques kilomètres de là. De quoi rassurer les défenseurs de l’hydrogène.
Le 2 janvier 2025, c’est pourtant l’ensemble de la flotte de bus à hydrogène du réseau Optymo qui part en fumée au dépôt Danjoutin (Territoire de Belfort). Après s’être déclaré dans un bus, le feu s’est propagé aux six autres bus garés à proximité. Une perte nette de 4,8 millions d’euros, les bus à hydrogène étant plus de deux fois plus chers que les bus diesel, 700 000 euros contre 280 000 euros l’unité.
En revanche, les systèmes de sécurité contre les explosions ont parfaitement fonctionné, notamment le système de vidange du réservoir d’hydrogène, qui se déclenche à partir d’une certaine température et pression. « Il n’y avait plus de risque lié à l’hydrogène car le réservoir était vide » explique Bruno Jamet. Aucune pollution de l’air ou de l’eau n’a été constatée, selon la préfecture qui a activé le centre opérationnel départemental dès l’alerte.
Mieux encore, ce malheureux épisode pourrait créer un précédent. La division Véhicule du Futur souhaite créer un groupe de travail réunissant différents experts pour « capitaliser sur cette expérience ». « Cet incident permet à Belfort d’acquérir une expérience opérationnelle et de se positionner encore davantage comme un écosystème hydrogène de référence »estime Mikaa Blugeon-Mered, spécialiste de la géopolitique de l’hydrogène et enseignant.
La Cité du Lion, qui rêve de devenir la capitale française de la filière hydrogène, a lancé à l’été 2023 ses premiers bus électriques à hydrogène pour ses transports en commun, avec l’objectif d’en équiper la moitié de sa flotte. ‘horizon 2026. Et il ne se retournera pas.
“C’est regrettable, mais cela ne remet pas du tout en cause la stratégie hydrogène” insiste Damien Meslot, le maire LR de Belfort. Inaugurée au printemps dernier, la station de ravitaillement “n’est pas concerné”rappelle pour sa part Marie-Guite Dufay, présidente PS du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, labellisée territoire hydrogène depuis 2016. « Le projet de mobilité d’Optymo reste inchangé», assure Franck Mesclier, directeur du SMTC. La moitié des bus Optymo passeront à l’hydrogène d’ici un an.
En octobre, le réseau recevra huit bus articulés à hydrogène, de la marque Solaris. Avant l’été, une commande de douze bus à hydrogène « classiques » doit être confirmé, qui pourrait être augmenté pour remplacer les bus incendiés.
Mais si l’accident ne remet pas en cause la stratégie locale, les tâtonnements du secteur inquiètent. C’est notamment le sentiment du fabricant d’électrolyseurs McPhy, dont la « gigafactory » est située à Foussemagne et qui a drastiquement réduit son chiffre d’affaires 2024.
« Nous attendons la stratégie hydrogène de l’Étatdit Marie-Guite Dufay. “Cette illisibilité n’est pas favorable aux investissements.Selon elle, “Heureusement” qu’il existe des collectivités comme la région Bourgogne-Franche-Comté ou le Grand Belfort pour soutenir cette filière. “Si nous laissons passer le train sous prétexte qu’il n’est pas encore mature, nous serons envahis par la technologie chinoise. »prévient-elle.
« Nous avons beaucoup fait sur l’offre, mais nous devons agir sur la demande »» estime Christophe Grudler, député européen Renew et coordinateur de la commission de l’industrie et de l’énergie. Le problème est de faire décoller le marché.»
L’élu MoDem, originaire de Belfort, rappelle l’objectif 2050 : 500 milliards d’euros d’investissements publics et privés et un million de nouveaux emplois dans le secteur. Nous attendons « dans les prochaines semaines » un document de la Commission européenne qui soutiendra ces investissements. « Le marché de l’hydrogène n’est pas en cause. Nous en avons absolument besoin pour l’industrie et la mobilité lourde. » ajoute-t-il.
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