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L’ancien député du Lot explique la révolution de l’IA dans nos vies

Par

Jean-Claude Bonnemère

Publié le

18 janvier 2025 à 18h32

Huguette Tiegna, ancienne députée du Lotancien vice-président duOPECST (office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) vient de créer son entreprise dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). Elle nous parle de ce sujet majeur suite à sa dernière mission dans ce domaine réalisée auAssemblée nationale. Cette mission confiée par l’OPECST de décembre 2023 à juin 2024 est le fruit d’un travail approfondi qui explore les évolutions technologiques récentes, les enjeux géopolitiques, économiques et culturels, ainsi que les enjeux de gouvernance autour de l’intelligence artificielle. Autant de thèmes à l’ordre du jour de la conférence-débat qui sera donnée le Mardi 28 janvier 2025 à 19h, au Balène room in Figeac.


Comprendre l’intelligence artificielle d’aujourd’hui et de demain

L’intelligence artificielle semble très nouvelle, mais vous dites qu’elle existe depuis longtemps. Pouvez-vous expliquer ?

Oui, l’IA n’est pas nouvelle. Il est né avec l’informatique et a évolué au fil des décennies. L’année 1956 est souvent considérée comme l’acte de naissance officiel de l’intelligence artificielle en tant que domaine scientifique. Ce qui est fascinant, c’est qu’elle suscite depuis toujours des émotions fortes : d’incroyables rêves de progrès, mais aussi des peurs, souvent exagérées. Il existe deux manières principales de créer une IA : la première, dite symbolique, suit des règles strictes pour résoudre des problèmes, comme un puzzle logique. La seconde, l’IA connexionniste, apprend en analysant beaucoup de données, un peu comme un enfant qui découvre le monde en observant. Grâce à des avancées récentes telles que l’apprentissage profond, cela a permis des technologies révolutionnaires comme ChatGPT, qui peuvent désormais générer du texte ou des images. Je vous rappelle que le terme intelligence artificielle est un mauvais anglicisme. Il n’y a rien d’intelligent dans les algorithmes. « Intelligence », en anglais, est la collecte d’informations, au sens d’intelligence ou de connaissance, et pas du tout d’intelligence au sens où on l’entend en français. Ils n’ont aucun sens moral, aucune capacité de planification, aucun raisonnement.

L’IA est impressionnante, mais elle n’est pas parfaite. Quels sont ses défauts ?

Absolument, l’IA a ses limites. Par exemple, elle peut produire de fausses réponses ou « halluciner », c’est-à-dire dire des choses qui n’ont aucun sens. Il peut également reproduire des biais ou préjugés présents dans les données avec lesquelles il a été formé. De plus, l’IA consomme beaucoup d’énergie et de ressources pour fonctionner. Cela coûte cher et a un impact sur l’environnement. Pour le futur, il faudra rendre l’IA plus fiable, plus écologique et capable d’expliquer clairement comment elle prend ses décisions.

Actuellement, les États-Unis et la Chine dominent le secteur de l’IA. Que peuvent faire la ou l’Europe ?

En effet, les grandes puissances comme les États-Unis et la Chine sont en tête. Ils contrôlent non seulement les technologies, mais aussi des éléments clés comme les usines de puces électroniques. Pour éviter d’en être entièrement dépendantes, la France et l’Europe doivent investir dans leurs propres technologies, collaborer avec d’autres pays européens et créer des projets qui reflètent nos valeurs. Cela passe par développer nos propres bases de données, nos supercalculateurs et surtout accompagner nos chercheurs et nos entreprises.

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L’IA pourrait-elle changer notre culture et notre façon de penser ?

Oui, c’est un risque. La plupart des modèles d’IA, comme ChatGPT, sont construits par des entreprises américaines et reflètent leur culture. Cela peut normaliser les modes de pensée et appauvrir la diversité culturelle. Pour éviter cela, il est crucial de développer une IA respectueuse de nos langues et cultures locales. En France par exemple, nous devons entraîner notre IA avec du contenu français pour préserver notre patrimoine. Et surtout, il est important d’apprendre aux jeunes à comprendre et à utiliser l’IA de manière intelligente, afin qu’ils ne deviennent pas de simples consommateurs passifs.

Bientôt un Sommet pour « l’action sur l’intelligence artificielle »

Qui devrait fixer les règles régissant l’IA dans le monde ?

Il est essentiel de disposer de règles internationales pour que l’IA soit utilisée de manière responsable. Cela concerne des sujets comme la désinformation, les fake news ou encore les risques liés à la vie privée. Il existe actuellement trop d’initiatives isolées. Une organisation mondiale serait nécessaire pour établir des règles communes. La France peut jouer un rôle important en rassemblant les pays autour de principes tels que la transparence et l’éthique. Ces règles doivent protéger les citoyens tout en encourageant l’innovation, je pense que c’est l’enjeu du prochain « sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle » qui aura lieu les 10 et 11 février 2025 en France.

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Comment l’IA change-t-elle le monde de l’entreprise et des métiers ?

L’IA transforme tout ! Il automatise certaines tâches répétitives, permet de mieux comprendre les besoins des clients et permet de prendre des décisions plus rapidement. Cela ne veut pas dire qu’il remplacera tout le monde, mais plutôt que de nombreux métiers vont évoluer. Les entreprises doivent former leurs salariés à ces nouvelles technologies pour qu’ils puissent en profiter. Il est également important d’avoir un dialogue entre patrons, salariés et syndicats pour que cette transformation soit bénéfique pour tous.

L’IA n’entraînera-t-elle pas la suppression de nombreux métiers, n’aggravera-t-elle pas la fracture sociale et ne créera-t-elle pas une nouvelle pauvreté ?

On entend souvent dire que l’intelligence artificielle (IA) va supprimer de nombreux emplois. Cela peut faire peur et soulever des questions sur les inégalités sociales et la pauvreté. Mais il est important d’expliquer que les choses ne sont pas si simples : en effet, les études qui tentent de prédire l’impact de l’IA sur la croissance ou l’emploi divergent souvent.

L’IA ne remplace pas directement tous les emplois, mais elle modifie la manière dont certaines tâches sont réalisées. Par exemple, des tâches répétitives ou très techniques peuvent être automatisées par des machines ou des logiciels. Cela peut rendre certains postes obsolètes, mais en même temps, l’IA crée aussi de nouveaux emplois, parfois dans des domaines que l’on n’imaginait pas. Ce type de changement est normal à chaque avancée technologique majeure.

Le véritable défi est d’accompagner correctement ces transformations pour éviter que les populations ne soient laissées pour compte. Par exemple, les travailleurs exerçant des métiers facilement automatisés, comme certaines usines ou services, risquent de perdre leur emploi s’ils ne peuvent pas acquérir de nouvelles compétences. C’est pourquoi il est essentiel de proposer des formations adaptées et d’aider les personnes à se reconvertir vers d’autres métiers.

« Je serais prête à créer une formation sur l’IA à l’IUT de Figeac » Huguette Tiegna

L’IA soulève également d’autres questions, comme celle du respect du droit d’auteur. Par exemple, dans le domaine artistique, les créateurs se demandent comment protéger leur œuvre face à des outils capables de créer des œuvres en quelques secondes.

Malgré tout, l’IA ne doit pas être considérée uniquement comme une menace. C’est un outil que l’homme peut utiliser pour améliorer la vie de tous. Si l’on prend soin d’inclure tout le monde dans ces progrès, en investissant dans la formation et en rendant l’IA éthique et accessible, cela pourrait même réduire les inégalités plutôt que les aggraver.

Pour ma part, je serais prêt à créer une formation sur l’IA à l’IUT de Figeac, car apprendre à maîtriser ces outils est essentiel pour permettre à chacun de profiter des opportunités qu’elle offre.

Conférence-débat sur l’IA

L’intelligence artificielle offre des opportunités incroyables, mais elle soulève également des défis complexes. Pour en tirer le meilleur parti, nous devrons non seulement innover, mais aussi réfléchir collectivement à ses impacts sur notre culture, notre économie et notre vie quotidienne. J’aurai le plaisir d’évoquer les enjeux de l’intelligence artificielle avec nos concitoyens lors d’une réunion publique organisée par le centre de réflexion FER le mardi 28 janvier à 19 heures dans la salle Balene, située rue Balène, 46100 Figeac. J’espère vous y accueillir nombreux.

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