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Éditorial Paris
Publié le
19 janvier 2025 à 6h16
Des médecins qui s’affrontent au tribunal. Le Conseil d’État a confirmé l’exonération du chef du service de gérontologie duExercice d’hôpital (AP-HP), à Paris, accusé par ses pairs d’avoir perdu son « indépendance » en doublant sa rémunération de médecin public avec des « conventions » payées par des entreprises privées de l’industrie pharmaceutique.
« Une autorité de référence en gériatrie »
Le conseil national de l’Ordre des médecins avait en effet porté plainte contre le professeur Olivier Hanon devant la chambre régionale d’Île-de-France pour ces faits, mais la chambre disciplinaire de première instance avait rejeté sa plainte le 5 mars 2021. le recours devant la chambre disciplinaire nationale a connu le même échec en mars 2022.
L’ordre des médecins a donc porté l’affaire devant le Conseil d’État : il a soutenu que ce « spécialiste mondialement reconnu » du « vieillissement cardiovasculaire », qui préside actuellement le Gérontopôle d’Île-de-France (Gérond’IF), avait « a failli à ses obligations éthiques ».
« Il est chef d’un des deux services de gérontologie de l’hôpital Broca (…) et enseigne à l’université Paris Descartes (ndlr : aujourd’hui université Paris Cité) sur le thème du vieillissement cardiovasculaire », avait déjà recontextualisé le rapporteur public lors de la audience. “Reconnu pour son activité de recherche et ses nombreuses publications dans ce domaine”, cet ancien président de la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) avait été qualifié de “sommité de la gériatrie en France” par le magistrat.
Novartis a représenté 35% de ses « conventions »
Reste qu’en 2017, avec dix laboratoires, le professeur Olivier Hanon a conclu « 95 conventions de rémunération pour 53 interventions », « 22 activités de conseil », « 19 invitations » et « une conférence de presse », a-t-il détaillé. « 90 % de ces interventions ont été conclues avec cinq laboratoires, 66 % avec trois et (…) Novartis représente 35 % de ces accords. »
Toutefois, « l’obtention par un médecin d’avantages (…) d’une entreprise (…) commercialisant des produits relevant des régimes obligatoires de sécurité sociale est subordonnée à la conclusion préalable d’un accord, qui doit avoir pour objet une activité de recherche ou d’évaluation scientifique ». », établit la loi. L’accord “doit être soumis pour avis au conseil départemental de l’ordre auquel appartient le médecin”, précisent les textes.
Dans cette affaire, l’instance ordinale avait émis “un avis défavorable”, mais cela “n’implique pas” que le médecin se trouve “en manquement à ses obligations déontologiques” lorsqu’il le méconnaît, rappelle la plus haute juridiction de l’ordre administratif français. dans un jugement daté du 28 novembre 2024 et qui vient d’être rendu public.
-« En 2011, dans le cadre de l’affaire dite du « Médiator » (…) le législateur a complété cette réglementation en obligeant notamment les constructeurs à déclarer l’existence d’accords (…) afin qu’ils soient rendus publics. [sur le site Transparence Santé, ndlr] », a détaillé le rapporteur public lors de l’audition du Conseil d’État. « Ce cadre juridique a ensuite été (…) remplacé par un régime plus restrictif, impliquant notamment l’autorisation de rémunération dépassant un certain montant. »
Le rapporteur public a conclu le contraire
Dans sa décision qui a exonéré le professeur Olivier Hanon de toute « erreur » disciplinaire, la chambre disciplinaire d’Île-de-France a rappelé « la notoriété de l’intéressé » et « l’absence d’enseignement spécifique de sa spécialité au sein des facultés de médecine ». Elle avait notamment « examiné le nombre et la nature des prestations payantes (…) fournies en 2017 (…) et l’usage (…) fait dans son exercice professionnel des médicaments commercialisés par les sociétés concernées » par ces transactions avec le médecin.
Le rapporteur public a cependant recommandé au Conseil d’État, lors de l’audience, d’annuler la décision de la chambre disciplinaire nationale : les « plus de quarante omissions » du médecin en 2017 seulement ont « privé » son employeur, l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris ( AP-HP), de « la possibilité d’exercer un contrôle (…) sur la compatibilité de ces activités avec la qualité de médecin (…) mais aussi avec sa capacité à exercer sa prestation dans des conditions satisfaisantes.
Mais le Conseil d’Etat a pris le contrepied de son analyse. « Constatant que la majorité des accords conclus (…) avaient porté sur la thématique du vieillissement cardiovasculaire, qui ne faisait pas alors l’objet d’un enseignement spécifique dans les facultés de médecine, la chambre nationale disciplinaire de l’ordre des médecins (…) ne s’est pas assise sur des faits matériellement inexacts », valide la plus haute juridiction administrative française.
« Les rémunérations perçues par le Dr Hanon avaient été versées par différentes sociétés sans qu’une prépondérance particulière soit attribuée à l’une d’elles », ont également rappelé les juges d’appel. Il n’était donc « pas allégué » que le praticien aurait été « financièrement dépendant » de cette « rémunération complémentaire ». Le montant reçu n’était également « pas clairement disproportionné par rapport au travail fourni en contrepartie par le Dr Hanon ».
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