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sur 350 élèves magistrats formés, près de la moitié sont en reconversion

L’École nationale de la magistrature (ENM) de Bordeaux est la voie obligatoire pour tous les futurs juges et procureurs de . Elle forme environ 350 étudiants chaque année. Des étudiants en droit, mais aussi de plus en plus de professionnels en reconversion. Tous sont sélectionnés en fonction de leurs qualités humaines.

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C’est une école sécurisée, le public formé ici peut être menacé. Nous avons des portiques de sécurité, des agents, des sas… C’est la moindre des choses pour que les cours se passent bien. explique Henri-Pierre Godey, chargé de communication à l’École nationale de la magistrature (ENM) de Bordeaux. Ici, 350 étudiants sont formés chaque année au rôle de magistrat.

En ce samedi 11 janvier, l’École nationale de la magistrature, rattachée au tribunal judiciaire de Bordeaux, s’apprête à recevoir 1 200 visiteurs à l’occasion d’une de ses rares journées ouvertes au public. “L’ENM a ouvert ses portes en 1958 et ce n’est que la deuxième journée portes ouvertes que nous organisons, en dehors des journées du patrimoine en septembre.», indique Violaine Frumin, coordinatrice de formation, ravie de voir l’intérêt suscité par le monde de la justice.

La cour intérieure de l’Ecole Nationale de la Magistrature de Bordeaux

© L. Bignalet

Avec ces portes ouvertes, le coordinateur espère briser certains préjugés tenaces. “Le monde de la justice s’ouvre de plus en plus vers l’extérieur pour combattre cette image de tour d’ivoire inaccessible, elle admet. Nous souhaitons renouer le lien de confiance avec les citoyens, qui malheureusement s’effrite. Nous espérons transformer la méfiance en confiance.

Dans les couloirs, lycéens, étudiants en droit et professionnels de tous horizons côtoient hommes et femmes en tenue noire. Beaucoup ont parcouru des centaines de kilomètres pour découvrir cette prestigieuse école qu’ils rêvent de rejoindre. S’ils réussissent le concours, ils ont la garantie de travailler ultérieurement comme juge ou procureur dans l’un des 200 tribunaux français.

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Près de 3 000 personnes tentent chaque année le fameux concours d’entrée, réputé pour être l’un des plus difficiles de France. Son taux de réussite est d’un peu plus de 10 %.

Un obstacle que Julia, contrôleure à la SNCF depuis quinze ans, compte bien surmonter. “J’ai toujours voulu faire du droit et il y a trois ans, quand mon deuxième enfant est né, je me suis dit, c’est le moment, explique le trentenaire. J’ai repris mes étudess, ma licence est validée, et là, je suis en master 1 et je prépare le concours du mois de juin.

C’est quelque chose qui m’a toujours hanté, que j’ai toujours eu envie de faire, mais que j’ai mis de côté en me disant, j’ai un travail, j’ai une situation, est-ce que j’ai le niveau pour ?

Julie

Contrôleur SNCF en reconversion

Autre candidate à la reconversion, Emma, ​​​​est actuellement avocate dans le secteur immobilier. “J’ai un doctorat en droit public, j’ai fait un peu d’enseignement puis j’en ai eu marre et j’ai pris un métier d’avocat”, explique-t-elle.

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Près de 1 200 personnes ont assisté aux journées portes ouvertes de l’École nationale de la magistrature de Bordeaux.

© France 3 Aquitaine

Je ressens désormais le besoin de donner du sens à mon travail.

Comme Julia, elle a souhaité être présente aujourd’hui pour voir de l’intérieur ce futur métier. “Intellectuellement, les magistrats ne s’ennuient jamais” imagine-t-elle.

Si le rêve de ces femmes semble réalisable, c’est qu’elles sont loin d’être les seules à vouloir faire de la justice leur seconde vie. Près de la moitié des étudiants magistrats, appelés auditeurs de justice, sont issus du monde professionnel. “C’est une véritable richesse pour la justice, assures Violaine Fruminils apportent leur savoir, leurs savoirs, leurs expériences« .


Échange précieux entre un auditeur de justice en reconversion professionnelle et une femme qui s’interroge sur une éventuelle reconversion professionnelle

© L. Bignalet

Lors de cette journée portes ouvertes, plusieurs auditeurs de justice en reconversion sont venus témoigner de leur parcours et susciter des vocations. “Pour ma part, avant d’intégrer l’école, j’ai été chef d’entreprise pendant plusieurs années», raconte une étudiante à Clara, une femme de 43 ans, tentée par ce changement de vie.J’ai passé le concours réservé aux professionnels et j’ai été accepté”, il confie. Un parcours qui semble allumer une flamme d’espoir dans les yeux du quadragénaire. “Oui, c’est maintenant ou jamais, elle admet. Quand j’étais plus jeune, j’aurais dû suivre mes rêves. Aujourd’hui, ma fille a 13 ans, j’ai une vie, je suis établie. Cela fait un moment que je m’interroge sur mon changement de carrière. Là, il ne faut pas le rater« .

Un peu plus loin, un autre échange s’engage avec un candidat pétri dans le doute. “Avez-vous le choix d’être juge du contentieux plutôt que juge de l’application des peines ?», s’inquiète-t-elle. La réponse rassure rapidement la jeune femme. “Bien entendu, chacun oriente sa carrière selon ses choix, selon ce qui lui convient. explique un auditeur. « Il existe une grande diversité de fonctions dans la magistrature, et pas mal de stages pendant les études qui permettent de se rendre compte de la réalité de chaque poste.« .

Pour intégrer cette école prestigieuse, les étudiants sont sélectionnés sur leurs connaissances du droit, leur bonne compréhension du monde contemporain, mais aussi sur leur personnalité. “Est-ce que tout le monde est capable de juger ? Violaine Frumin est interrogée. Cclairement, non», répond-elle sans aucune hésitation.


Visiteurs, lycéens, étudiants en droit ou professionnels souhaitant tenter une reconversion professionnelle sont venus de toute la France pour assister aux conférences et échanger avec les enseignants et les auditeurs de justice.

© L. Bignalet

Juger signifie décider, décider. C’est ce qu’attendent les justiciables et c’est une responsabilité très lourde.

Violaine Frumin

Coordinateur de formation à l’ENM

Autre point essentiel, le savoir-être. Une qualité absente des CV qui pèse pourtant lourd dans la balance. “Les critères d’admission portent autant sur le savoir-faire que sur les soft skills et les connaissances organisationnelles, poursuit le coordinateur de la formation. Pour nous, c’est tout aussi important. Nous apprendrons à tenir des réquisitions, à tenir une audience et aussi à savoir parler aux gens, à leur expliquer ce que nous faisons et à les écouter.

Un technicien judiciaire qui n’a pas ce souci d’accueillir les justiciables, d’écouter, de comprendre, sera un mauvais magistrat.

Violaine Frumin

Coordinatrice de la formation des étudiants à l’ENM

Cette année, la promotion 2024 comptait 353 auditeurs de justice, dont 76% de femmes. L’âge moyen de ces étudiants est d’environ 28 ans. Les inscriptions pour le prochain concours ouvriront le 20 janvier.

 
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