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50 ans après la promulgation de la loi Veil, un maillage solide en Indre-et-Loire

Lorsqu’elle en parle, Nathalie Trignol-Viguier pèse chaque mot : « Toute femme, dans sa vie, peut être confrontée à une grossesse qu’elle ne souhaite pas et choisir d’interrompre. » Chef du service d’orthogénie au CHRU de Tours depuis 2000, elle voit chaque année 1 200 personnes passer par son service pour subir une interruption volontaire de grossesse (IVG).

Le 17 janvier 1975, la loi Veil est promulguée, dépénalisant le recours à l’avortement en . Cinquante ans plus tard, l’accès à l’avortement s’est solidement concrétisé en Indre-et-Loire, avec notamment huit centres de santé sexuelle, auxquels s’ajoutent des médecins et sages-femmes libéraux. En 2023, 79,3 % des IVG pratiquées dans le département l’ont été dans un établissement de santé.

“On se rend compte que des obstacles persistent”

« Nous avons un réseau départemental suffisamment performant pour répondre aux besoins des femmes »assure Nathalie Trignol-Viguier. Preuve de ce réseau solide : 93,4 % des Indre-et-Loires qui avortent le font dans le département.

La grande majorité sont des femmes entre 20 et 29 ans. « Les femmes sont les plus susceptibles d’avoir une vie sexuelle et de n’avoir aucun projet parental »underlines Nathalie Trignol-Viguier.

L’Indre-et-Loire reste parmi les départements où le taux d’avortement, de 12,6 pour 1 000 femmes, reste inférieur à la moyenne nationale de 17,6. En France, 243 623 personnes ont eu recours à une IVG en 2023.

Les acteurs du secteur s’accordent sur le fait que le regard de la société a évolué et que de nombreuses avancées législatives depuis 1975 ont facilité l’accès à l’avortement. Un décret publié en avril 2024 autorise les sages-femmes à pratiquer des avortements instrumentaux – par opposition aux avortements médicamenteux – dans les centres de santé. Aujourd’hui, l’accès à l’avortement est couvert à 100 %, sans qu’il soit nécessaire de payer d’avance.

« Des choix éclairés »

« Malgré l’évolution des lois et de l’accès, on se rend compte qu’il y a des obstacles qui persistent »souligne Audrey Girard, psychologue et chargée de projet à Family Planning 37.

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À commencer par le contexte social et culturel. « Il peut y avoir beaucoup de jugement de la part de l’entourage, de la famille, mais aussi de la personne elle-même »explique Clara Renault-Padovani, animatrice prévention pour l’association.

En réponse, Family Planning travaille sur l’information et la sensibilisation, afin que les personnes intéressées par l’avortement puissent le faire. « des choix éclairés »poursuit l’hôte : « Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix. Nous pouvons en discuter. »

L’association se contente de fournir des informations fiables, et « apporter des pensées » : « C’est très souvent qu’on a des gens qui sont réticents. C’est un choix personnel. »

Quant à la clause de conscience, que les médecins peuvent invoquer pour ne pas pratiquer l’avortement, les membres du Planning familial affirment que de tels cas sont “une réalité”. “Si un médecin invoque cette clause, il a l’obligation de s’adresser à un autre médecin, développe Audrey Girard. En effet, si un professionnel de santé n’exerce pas, cela réduit le nombre de praticiens. »

Les acteurs du secteur restent vigilants. Si la France a inscrit l’avortement dans la Constitution en 2024, de nombreux pays voient l’accès à l’avortement être remis en question, comme aux États-Unis, en Italie ou en Hongrie. “Pour nous, c’est un combat qui continue”assure Audrey Girard.

 
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