Par
Thomas Hoffmann
Publié le
16 janvier 2025 à 13h18
Elle a pris position avec le soutien de son avocat et « ami », comme elle le décrit, Me Sandrine Parise-Heideiger. Succédant à plusieurs proches et membres de la famille qui, avec beaucoup d’émotion, avaient évoqué le souvenir de Carlos, « un homme très généreux », « ayant le cœur sur la manche » et ne « supportant pas l’injustice », sa femme, Pauline, pousse un léger soupir. avant de prendre la parole en ce quatrième jour d’audience devant le Cour d’assises du Val-d’OiseMercredi 15 janvier 2025.
Avec une force et une dignité admirables, elle revient sur cette soirée du 1er avril 2021 au cours de laquelle «(son) monde s’est effondré» après avoir appris le décès de Carlos, son mari et père de leur petite-fille de 5 ans. Agé de 33 ans, le jeune papa a été tué d’une balle dans le cœur lors d’une rixe qui a éclaté dans la soirée du 1er avril 2021, à Marcouville à Pontoise (Val-d’Oise).
Cela faisait suite àexpédition punitive menée quelques instants plus tôt dans le quartier afin de récupérer un voler motocross. Au volant d’un van, Bryan P. n’a pas hésité à percuter le jeune homme au volant de son deux-roues, Driss, 21 ans, qui allait succomber à ses blessures. Un double homicide pour lequel Bryan P., âgé aujourd’hui de 27 ans, est jugé depuis vendredi 10 janvier 2025, devant la cour d’assises du Val-d’Oise.
“Ma fille a peur de me perdre, comme elle a perdu son père”
Un procès « éprouvant, mais important en tant que victime », estime Pauline. Cependant, elle ne s’attendait en aucun cas à ce que ce public l’aide à faire son deuil. “On ne pleure jamais la perte d’une personne qu’on aime, on apprend à vivre avec”, poursuit la maman qui confie que depuis cinq jours “ma fille pleure matin et soir, elle a peur de me perdre, comme elle l’a perdue”. père.”
Le soir du drame, elle se trouvait chez elle à Osny. Carlos était allé à un barbecue avec des amis dans le Marcouville district où il a grandi.
J’ai eu des discussions avec lui, il m’a dit qu’il ne rentrerait pas tard. Mais à 20h30, son meilleur ami m’appelle et me dit « tu dois venir. Carlos a pris une balle, c’est grave. Je lui dis que c’est aussi mauvais que le poisson d’avril. Je n’y croyais pas jusqu’à ce que quelqu’un d’autre me dise la même chose. Mon monde s’effondre. J’appelle mes parents pour leur demander de rentrer à la maison. Mes jambes tremblent, mon souffle est coupé. Ma fille est à côté de moi, elle entend tout. Elle me demande ce qui se passe, je lui dis que je ne sais pas. Ma mère m’a accompagné aux urgences de l’hôpital de Pontoise où on m’a dit qu’aucune blessure par balle n’avait été admise. Je sors, je regarde le ciel, et là je comprends que l’amour de ma vie est parti. J’ai appelé mon avocate, elle m’a confirmé quelques minutes plus tard qu’il y avait un mort et un grièvement blessé.
Entre-temps, Pauline a contacté la police. On lui a indiqué qu’il était impossible de lui communiquer ces éléments par téléphone. De retour chez elle, Ricardo, le meilleur ami de Carlos, se présente chez elle. « Il me dit que c’est fini. J’ai appelé le Samu qui m’a confirmé son décès. Je me rends au commissariat de Cergy où je suis reçu par une policière qui s’excuse et m’explique qu’elle a reçu l’ordre de ne pas me le dire. C’est très dur pour moi. Le jour où Carlos est mort, une partie de moi est partie. »
-«Je suis abasourdi par le manque de respect des accusés»
Depuis ce drame, cette commerçante pontoise, suivie par un psychologue tout comme sa petite-fille aujourd’hui âgée de 9 ans, tente de se reconstruire avec le soutien de sa famille, de la sienne et de son mari décédé, et de sa famille. amis qui étaient présents en nombre dans la salle d’assises depuis l’ouverture du procès. «Je les remercie tous, je suis fière d’eux», dit Pauline.
Alors qu’elle mentionne avoir ressenti « beaucoup d’appréhension et de peur » avant l’audience, elle a révélé avoir été « abasourdie par le manque de respect de l’accusé et de sa famille qui se sont mis à la place des victimes ». Mais ils n’ont perdu personne.
J’ai dû enterrer mon mari. Il fallait que je choisisse ses vêtements, son cercueil, savoir si j’y mettais ou non son alliance. Je ne souhaite à personne ce que nous vivons. Je pense aux deux mères qui ont perdu un fils, à une fille qui a perdu son père, aux proches qui ont perdu un frère… »
Sur le banc des accusés, Bryan P. reste impassible. Tout au long de l’enquête, l’accusé a nié avoir souhaité la mort de ses deux victimes. Concernant Driss, il a expliqué avoir simplement voulu arrêter la moto, ce qui a toutefois été contredit par un témoin. Quant au meurtre de Carlos, il a confié avoir « tiré sur la foule » avec son pistolet semi-automatique de calibre 6,35 lors de la rixe afin de sauver son père qui était en train d’être battu. L’accusé devait être entendu sur ces faits ce jeudi matin.
Une moto volée à l’origine du drame
Le drame de Marcouville avait pris naissance quelques jours plus tôt à Saint-Ouen-l’Aumône. Le 27 mars, Bryan P. s’est fait voler sa moto KTM. Viennent ensuite des recherches sur les réseaux sociaux mais aussi dans les différents quartiers des communes voisines. C’est ainsi que l’accusé a finalement localisé son deux-roues le 31 mars. Après avoir réuni deux de ses amis pour l’aider dans sa quête, il était vers 20 heures lorsqu’il a quitté Montigny-lès-Cormeilles pour prendre au volant la route en direction de Pontoise. de son fourgon Renault Master.
Arrivé devant le quartier de Marcouville, Bryan P. s’est retrouvé nez à nez avec un jeune homme circulant sur son vélo de motocross, sans casque, sur l’avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny. La situation va alors dégénérer en quelques secondes. Alors que le conducteur du deux-roues effectue un wheelie, Bryan P. fait brusquement un écart vers la gauche et le percute de plein fouet. L’enquête montrera que le camion roulait à 40 km/h et la moto à 80 km/h. Gravement blessé par la violence du choc, Driss a été transporté à l’hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine). Malgré les efforts des médecins, il décède des suites de ses blessures dans la nuit du 1er au 2 avril à 1h20 du matin.
Il « tire dans le tas » avec le calibre 6,35
Devant la ville, le conducteur de la camionnette et ses deux passagers se sont rapidement retrouvés entourés d’une trentaine d’individus. Parmi eux Carlos qui, selon plusieurs témoins, était venu porter secours au jeune blessé. Bryan P. et ses deux complices ont été roués de coups. Présent sur place pour aider son fils, Adriano P., le père de Bryan, est également agressé. Plusieurs coups de feu ont été tirés, une balle touchant Carlos dont le décès a été constaté au commissariat de Cergy quelques instants plus tard, les pompiers et médecins du Samu 95 ayant été contraints de quitter rapidement les lieux.
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