« Nous sommes de pauvres salariés. » Valérie Souchet, Accompagnatrice des étudiants en situation de handicap (AESH) dans un collège d’Indre-et-Loire, syndiquée à la FSU, souligne clairement la précarité de ce métier. Ce jeudi 16 janvier 2025, avec ses collègues du département, elle sera mobilisée devant la préfecture d’Indre-et-Loire à Tours.
« Nous avons demandé une audience au préfetdit-elle. Nous voulons lui présenter nos revendications. Nous sommes des contractuels, souvent en CDD, parfois en CDI, et non des fonctionnaires. Nous réclamons un véritable statut, c’est-à-dire la création d’un corps de fonctionnaires de catégorie B.»
Sur les 988 AESH que compte le département, 628 sont en CDI, 360 en CDD.
« Environ 62 % de temps plein »
Depuis l’entrée en vigueur de la loi de 2005 relative à la scolarisation des élèves handicapés, il y a tout juste vingt ans, le statut de l’AESH “a un peu évolué”recognizes Valérie Souchet. « Mais cela reste un statut précaireelle indique, la rémunération augmente tous les trois ans mais elle est très faible. »
Les AESH sont en fait des salariés à temps partiel. « La plupart de mes collèguesindique le représentant de la FSU, avoir un contrat de 24 heures par semaine. Cela pourrait être plus mais c’est rare. Globalement, cela représente 62 % du temps plein. Le salaire dépend de l’ancienneté mais il démarre autour de 800 € par mois. En ce qui me concerne, avec quinze ans d’ancienneté, je suis à un peu plus de 1 000 € par mois. »
La plupart sont obligés d’avoir un deuxième emploi pour survivre
Véronique Souchet, AESH (FSU)
C’est malheureusement le constat de beaucoup d’AESH : « C’est un travail passionnant mais on ne peut pas en vivre. »
« L’AESHcontinues Valérie Souchet, sont à plus de 90% des femmes, parfois mères célibataires. La plupart sont obligés d’avoir un deuxième emploi pour survivre. Parfois, il est possible de travailler des heures supplémentaires pour des activités extrascolaires ou pour étudier le soir, ou pour les repas scolaires. »
“Certains découvrent qu’ils doivent porter les jeunes aux toilettes”
Très souvent, les AESH prennent en charge plusieurs étudiants, parfois dans des établissements différents. « Le temps de trajet entre établissements est décompté sur le temps d’accompagnementindicates Valérie Souchet. Les AESH individuelles sont réservées aux handicaps les plus complexes, cela ne représente que 20% des cas. Tout le reste est partagé par les AESH qui s’occupent de plusieurs étudiants. »
C’est le cas de Clara, une recrue récente qui doit s’occuper de trois écoliers en situation de handicap moteur depuis la dernière année scolaire. «J’ai l’habitude de travailler avec des enfantsexplique-t-elle. Mais là, on est vraiment jeté dans le bain sans préparation. Au départ, je devais avoir deux élèves à accompagner, finalement il y en a eu trois. Il y a des collègues qui découvrent qu’ils doivent porter des jeunes aux toilettes. Tout comme on ne nous demande pas si nous savons utiliser PDF, Word ou même un ordinateur. Quant à la formation, pour moi, elle a commencé un mois et demi après la rentrée. »
Un projet de loi transpartisan déposé
L’AESH souligne également la faible rémunération. « En gros, je gagne moins de 900 € par mois. Que veux-tu faire de ça, alors que tout augmente… »elle soupire.
Un projet de loi transpartisan a été déposé le 3 décembre à l’Assemblée nationale pour offrir un véritable statut à l’AESH. Espoir pour l’ensemble de la profession et pour l’inclusion des élèves handicapés à l’école.
Rassemblement jeudi 16 janvier 2025, à 17 heures, devant la préfecture d’Indre-et-Loire à Tours.
« Une augmentation de 56% du nombre d’AESH »
La direction des services départementaux de l’Education Nationale, de son côté, constate un bon ratio d’élèves avec AESH. « 91 % des étudiants avertis bénéficient d’un accompagnement », précise la DSDEN.
Surtout, elle précise que le nombre d’AESH « a augmenté de 56 % en cinq ans dans le département et qu’une formation spécifique de 60 heures est proposée aux AESH nouvellement recrutés, complétée par 12 heures de formation continue chaque année. »
La DSDEN admet que « le recrutement peut être plus difficile en milieu rural » mais affirme que ce n’est pas du tout le cas dans l’agglomération de Tours.
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