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what is this funny “Rendez-vous” by Camille Cottin at the Bouffes du Nord?

Au début il y a sa voix qu’on écoute dans le noir pendant quelques minutes. Lumière. Une paire de jambes rouges surgit de hauts rideaux violets cachant en partie le fond de la scène du théâtre des Bouffes du Nord. Au sol, une petite montagne du même tissu feutré recouvre la quasi-totalité de l’espace. L’ensemble gonfle puis se dégonfle parfois, comme s’il respirait… C’est le terrain d’un jeu atypique auquel se prête pleinement Camille Cottin.

Ses jambes ont disparu, on la voit ramper sous le tissu pour émerger. Bomber camouflage et bermuda portés sur une combinaison rouge près du corps type latex, l’actrice équipée d’un micro n’a jamais cessé de parler… C’est une jeune Allemande en transition, en rendez-vous chez son gynécologue à Londres. Il lui transplantera un pénis circoncis. Pendant qu’il l’examine longuement et en détail en vue de l’opération, elle se livre, se met à nu.

Une adaptation d’un roman de l’Allemand Volckmer

Elle expose ici ses doutes, ses réflexions, raconte ses séances provocatrices avec Jason, son psychologue qu’elle juge médiocre, sa relation avec K, sa mère toxique aussi, son rapport à son corps et à son genre. Elle est « une chatte qui aboie », de celles qui dépassent le cadre standardisé, imposé, enfermée dans une enveloppe charnelle qui ne semble pas la sienne. Elle a également des difficultés avec sa nationalité. Consumée par la culpabilité de devoir porter le passé nazi comme un héritage, un traumatisme indélébile qui la hante. Alors elle rêvait d’être Hitler…

Pour son retour au théâtre après six ans, la comédienne a voulu adapter le premier roman de l’Allemande Katharina Volckmer, “Coq juif” (Grasset), littéralement “Coq juif”, ce pénis circoncis qui pourrait donner au personnage cette liberté qui lui échappe. lui. Cette liberté que possède l’actrice, popularisée par « Connasse » puis la série « Dix pour cent » et dont l’aura a traversé l’Atlantique, pour initier un tel projet et le mener à bien.

De ce livre au texte brut et rugueux, farouchement féministe et tout aussi drôle, à l’humour souvent noir et à la véracité parfois frontale ― « ce vagin qui sera toujours un objet de baise » ― elle tire, avec le réalisateur Jonathan Capdevielle, une saisissante et spectacle unique. Un projet qu’elle souhaitait et qu’ils ont conçu ensemble. « Elle n’a jamais eu peur des projets fous », raconte l’acteur et réalisateur Sébastien Castro, qui a suivi ces cours avec elle. Ce projet est plutôt pointu, mais il exprime bien la conscience féministe et progressiste qui l’anime.

Pendant qu’elle parle, Camille Cottin évolue dans cet univers de feutre violet, prenant des postures, celles qu’on demande à un gynécologue, mais pas que. La voilà, pin-up ou petite fille, alanguie ou marchant robotiquement. On la voit danser, disparaître dans les coulisses, engloutie par ses grands rideaux pour réapparaître en robe de princesse ou portant des lunettes de soleil de starlette et un immense chapeau de paille à très larges bords…

Un spectacle extraordinaire

Il semble qu’il y ait parfois un écart entre ce qu’elle fait et ce qu’elle dit, comme pour mieux souligner la dissociation entre le corps et l’esprit… Encore un écart entre la douceur du ton, la sensualité de la voix et les mots parfois violents… Cela ressemble aussi à une marionnette, un art maîtrisé par le metteur en scène formé à l’École nationale des arts de la marionnette. Il est présent chaque soir, en contrôle, prêtant sa voix au médecin qui répond avec parcimonie aux questions de son patient.

Comment représenter sur scène ce qui se passe dans une tête qui se vide de souvenirs et de réflexions ? Ces deux-là ont leur proposition visuelle et organique, intrigante, une traversée dans laquelle Camille Cottin s’engage physiquement et laisse une curieuse sensation en terminant par ses derniers mots : « Quittons cet endroit avant qu’il ne soit envahi par les clowns. Tenons-nous la main, soyons des guerriers. Certes, nous avons assisté à un spectacle extraordinaire.

« La rencontre »au théâtre de Aliments du Nordjusqu’au 25 janvier, du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h. De 10 à 36 euros. Déconseillé aux moins de 16 ans. Complet. En tournée dans une quinzaine de salles du 31 janvier (Annecy) au 8 avril (Tarbes). En Île-de-, le 7 février à l’Onde de Vélizy-Villacoublay (Yvelines) et le 13 février au Théâtre du Vésinet (Yvelines).

 
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