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Qui est Philippe Tabarot, le ministre des Transports qui enchaîne les polémiques ?

En pleine lumière depuis sa nomination dans le gouvernement de François Bayrou, il enchaîne les polémiques. Ce lundi 13 janvier, plusieurs médias, dont Le et BFM , ont révélé que l’actuel ministre des Transports Philippe Tabarot était soupçonné de « détournement de fonds publics » et de « prise illégale d’intérêts » dans une enquête menée depuis plusieurs années par le Parquet National Financier.

Membre des Républicains (LR, ex-UMP) depuis une vingtaine d’années, il a longtemps évolué dans l’ombre de son père Robert, ancien conseiller municipal de Cannes, et de sa sœur aînée Michèle, ancienne secrétaire générale du parti de droite. et actuel député LR des Alpes-Maritimes. Au cœur du parcours de Philippe Tabarot, ces liens familiaux sont également liés aux procédures judiciaires actuellement en cours.

Il semble difficile de présenter Philippe Tabarot sans évoquer la figure de son père Robert, surtout connu pour avoir été l’un des dirigeants de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), organisation terroriste clandestine française proche de l’extrême droite créée en 1961 pour défendre la Présence française en Algérie par tous les moyens.

Commerçant établi en Algérie dans les années 1950, boxeur de haut niveau plusieurs fois champion d’Afrique du Nord, Robert Tabarot fut aussi le bras droit du général Jouhaud, chef de l’OAS dans la région d’Oran. Suite à la signature des accords d’Evian et à l’indépendance de l’Algérie en 1962, le père de Philippe Tabarot quitte le pays pour se réfugier en Espagne.

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Il lui faudra ensuite attendre 1969 et une loi d’amnistie pour que les anciens membres de l’OEA reviennent en . Il s’installe ensuite avec sa famille (son épouse, son fils aîné Roch et sa fille Michèle, née en 1962) dans la région cannoise, où son épouse donne naissance à leur fils Philippe en 1970. De plus en plus impliqué dans la politique locale, Robert Tabarot est notamment conseiller municipal de la ville entre 1977 et 1983 et a transmis le « virus » à ses enfants.

Comme le rappelle Nice Matin, Philippe Tabarot a en effet suivi les traces de sa sœur, engagée en politique dans les années 1980. En 1989, alors qu’il est à peine majeur, le jeune homme se retrouve même sur la liste de Michel Mouillot, qui sera élu maire de Cannes et entre au conseil municipal. “La première fois de ma vie, lorsque j’ai voté, j’ai pu voter pour moi”, résume l’intéressé, cité par Nice Matin.

Après avoir rejoint le parti Démocratie Libérale d’Alain Madelin au début des années 1990, Philippe Tabarot rejoint ensuite l’équipe de sa sœur Michèle, candidate à la mairie du Cannet (commune située dans la banlieue de Cannes) en 1995. D’abord directeur de campagne, il prend ensuite la direction de de la nouvelle mairie.

Philippe Tabarot a cependant conservé ses soutiens et ses ambitions au sein de la municipalité cannoise, où il est resté au conseil municipal pendant une quinzaine d’années. Aujourd’hui membre de l’UMP ; il s’est présenté pour la première fois à la mairie en 2008, mais a échoué face au sortant Bernard Brochant. Il tente à nouveau sa chance aux élections municipales de 2014 et atteint à nouveau le second tour, mais cette fois perdu face à David Lisnard.

Malgré ces deux échecs, Philippe Tabarot poursuit son ascension au sein de l’UMP. Il a ainsi été élu au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2015 sur la liste de Christian Estrosi et a obtenu le poste de vice-président chargé des transports, de l’intermodalité et de la sécurité. En 2020, il est ensuite élu sénateur des Alpes-Maritimes, cette fois sur la liste de l’épouse de Christian Estrosi, Dominique Estrosi Sassone.

C’est dans ce rôle de sénateur que Philippe Tabarot a fait une première apparition médiatique remarquée, en 2021. Lors de l’audition des experts français du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, Tabarot s’en prend à la climatologue Valérie. Masson-Delmotte, lui reprochant de « faire la leçon » aux élus locaux.

Spécialisé au fil des années dans les questions liées aux transports, Philippe Tabarot défend avant tout une ligne libérale, favorable à l’ouverture à la concurrence et à la privatisation. A son arrivée au ministère des Transports en décembre dernier, il déclarait notamment : « Les régions se rendent compte qu’elles ont tout intérêt à ouvrir leur réseau à la concurrence car cela leur permet d’augmenter l’offre (…) à même niveau d’investissement pour la communauté ».

Rappelant que Philippe Tabarot avait également déposé en avril 2024, en tant que sénateur, un projet de loi visant à limiter le droit de grève pendant certaines périodes, plusieurs responsables syndicaux avaient jugé, au moment de sa nomination, que ce n’était « franchement pas une bonne nouvelle ». .» « Tabarot, c’est la mort du service public ferroviaire, a prévenu Olivier Gaumet, secrétaire général de la CGT Cheminots de Nice, cité par RMC. Bientôt, ce seront eux qui décideront du jour et de l’heure de la grève. C’est la fin des droits.

Les premiers jours de Philippe Tabarot au ministère des Transports ont également été marqués par le suicide d’un conducteur de TGV dans la soirée du 24 décembre et par la polémique suscitée par le discours du ministre après le drame. Comme le rappelle Franceinfo, Philippe Tabarot a déclaré sur CNews : « On aurait pu rater une catastrophe plus importante, qui aurait pu être plus grave si le conducteur avait voulu faire dérailler son train. »

Cette sortie médiatique n’a pas manqué de provoquer une réaction de la part des syndicats des cheminots déplorant le suicide de leur collègue et compagnon de combat. « Indécent, cynique… aucun message de soutien, de condoléances. Le nouveau ministre des Transports, qui ose même atténuer la situation humainement terrible. Vous avez franchi la ligne rouge», avait posté le secrétaire fédéral de Sud Rail sur Paris Match.

A la suite de cet épisode, Philippe Tabarot a finalement fait marche arrière en affirmant que ses propos avaient été « mal interprétés », mais aussi que le suicide de Bruno Rejony était « avant tout un drame humain » et que « l’Etat et la SNCF seront aux côtés de la famille du décédé. Si cette sortie n’a convaincu que moyennement les syndicats ferroviaires, la polémique s’est ensuite peu à peu apaisée.

Il aurait touché près de 100 000 euros par an en tant que collaborateur de sa sœur

Ce « mauvais buzz médiatique » a également eu pour effet d’obscurcir complètement l’information publiée le 24 décembre par Libération. Selon le quotidien, Philippe Tabarot aurait en effet perçu une rémunération annuelle totalisant environ 100 000 euros pendant plusieurs années « en tant que simple collaboratrice de sa sœur, Michèle Tabarot, dans ses différentes fonctions politiques ».

Moins d’un mois plus tard, les révélations du Monde semblent confirmer ces éléments en indiquant que le ministre est « au cœur d’une information judiciaire, en raison de ses multiples casquettes locales », qui a notamment donné lieu à une perquisition en 2022. Au quotidien du soir, les enquêteurs du Parquet national financier s’intéressent particulièrement au rôle de « chargé de mission » exercé depuis des années par Philippe Tabarot au sein du « groupement d’intérêt public pour le développement touristique et culturel de la ville du Cannet », dont sa sœur était maire entre 1995 et 2017.

 
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