AA / Tunis / Fatma Ben Amor
La détention de l’influenceur algérien Boualem N., connu sous le pseudonyme Doualemn, expulsé vers l’Algérie avant d’être renvoyé en France, a été prolongée de 26 jours, a décidé le juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Meaux, ce dimanche lors d’une audience. . Doualemn doit être jugé le 24 février pour « provocation à commettre un crime ».
Le juge, relayé par BFMTV, a estimé que “le motif de trouble à l’ordre public était bien étayé par le préfet” et qu’une libération “aurait engendré un risque pour un public jeune et vulnérable”.
Ses avocats ont immédiatement annoncé qu’ils feraient appel de la décision. Ils ont contesté, dans un communiqué relayé par Le Parisien, la décision du tribunal de Meaux, “qui a été rendue dans une situation politique et diplomatique tendue et dont notre client fait les frais”. « La délivrance d’un arrêté d’expulsion et le placement dans un centre de détention doivent répondre aux exigences légales. C’est pourquoi nous faisons appel de l’ordonnance du juge des libertés et de la détention devant la cour d’appel de Paris », ont-ils déclaré.
Depuis jeudi dernier, Doualemn est détenu au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne. Son avocat, Me Jean-Baptiste Mousset, a rejeté samedi, dans un communiqué public, les accusations portées contre son client, assurant que les faits reprochés, notamment des propos traduits comme un appel au meurtre ou une incitation à la haine, avaient été mal interprétés. Il a précisé que les investigations menées sous la direction du parquet de Montpellier avaient conclu à l’absence de contenu haineux ou d’intention de nuire.
Pour rappel, l’expulsion jeudi dernier de l’influenceur algérien de 59 ans, arrêté à Montpellier pour « incitation à la violence » sur TikTok, a été immédiatement refusée par les autorités algériennes qui l’ont renvoyé à Paris.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a évoqué vendredi des mesures de représailles si Alger « continue l’escalade ». Dans un entretien sur LCI, il s’est dit « abasourdi » par le refus de l’Algérie de reprendre l’influenceur. Parmi les options discutées figurent une révision des quotas de visas, une réduction de l’aide au développement ou des ajustements dans la coopération bilatérale. « La France n’aura d’autre choix que de riposter si cette posture persiste », a-t-il déclaré.
De son côté, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a vivement critiqué la décision des autorités algériennes de refuser l’entrée à Doualemn, estimant, lors d’un déplacement à Nantes, que « l’Algérie cherche à humilier la France » et qualifiant cette situation de un « seuil extrêmement inquiétant ».
En réaction, le ministère algérien des Affaires étrangères, dans un communiqué, a fermement dénoncé ce qu’il a qualifié de « campagne de désinformation » menée par certains courants politiques en France, notamment l’extrême droite, contre l’Algérie.
“L’Algérie n’est en aucun cas engagée dans une logique d’escalade, de surenchère ou d’humiliation”, a affirmé la diplomatie algérienne.
“Au contraire, c’est l’extrême droite, ses relais et ses porte-parole qui veulent imposer aux relations algéro-françaises leur haine exprimée publiquement et sans la moindre réserve ni limite”, ajoutons-nous.
Selon la même source, « l’extrême droite, haineuse et revancharde, mène, à travers ses partisans au sein du gouvernement français, une campagne de désinformation contre l’Algérie ».
Le Quai d’Orsay a à son tour réagi à ces déclarations, via son porte-parole Christophe Lemoine. “Depuis quelques temps, les autorités algériennes ont adopté une attitude assez hostile à l’égard de la France”, a déclaré samedi Lemoine sur franceinfo. “Il n’y a pas de désinformation dans toute cette séquence”, a-t-il ajouté, indiquant que la France a “atteint un seuil extrêmement inquiétant avec l’Algérie”, mais soulignant que la “posture de dialogue (…) existe toujours à Paris”.
Lemoine est resté évasif sur les éventuelles mesures que la France pourrait prendre pour répondre à l’Algérie. “C’est une réflexion qui est en cours entre le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, et notamment son ministre Jean-Noël Barrot, et le ministère de l’Intérieur”, a-t-il relevé.
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