Après toutes ces années, les lecteurs de cette chronique ont probablement réalisé qu’en matière de développement de systèmes sportifs, j’ai un fort penchant pour les innovateurs. Le monde du sport ne serait-il pas terriblement ennuyeux s’il n’était pas constamment stimulé par des administrateurs un peu plus fous que les autres et cherchant sans cesse à faire mieux pour maximiser le potentiel de leurs athlètes ?
Au cours des dernières semaines, j’ai été particulièrement intriguée d’apprendre que Baseball Québec allait permettre à une équipe de son académie féminine de faire une tournée au Japon en mars.
C’est pas un peu loin pour aller jouer au ballon ? Pourquoi le Japon et pas seulement la Floride, comme nous le faisons avec les garçons depuis 35 ans ?
Avant d’aller plus loin, il est important de souligner que le Québec est l’endroit où le baseball féminin est le plus populaire en Amérique du Nord.
Il y a quelque 6 000 joueurs au Québec, soit presque autant que dans toutes les autres provinces réunies. Si le Canada se classe constamment dans le top 3 mondial, c’est en grande partie grâce à la force du baseball féminin québécois.
Aux États-Unis, moins de 2 000 adolescentes jouent dans des équipes de baseball de garçons dans des lycées. Il ne s’agit sans aucun doute que de la partie émergée de l’iceberg qui cache plusieurs milliers d’autres filles évoluant dans des ligues de baseball locales aux États-Unis.
Cela dit, en raison de la qualité du réseau NCAA, les Américains jouent majoritairement au softball. Il y a près de 350 000 joueuses de softball chez nos voisins du sud. Lorsque vient le temps de constituer leur équipe nationale, les managers d’USA Baseball peuvent également puiser dans ce vaste vivier de talents.
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Au Québec, la création de l’Académie canadienne de baseball masculin (l’ABC) remonte à environ 35 ans, à une époque où la formation des joueurs de baseball professionnels québécois relevait presque de la science-fiction.
En réunissant à l’année les meilleurs talents de la province, en les confiant aux meilleurs entraîneurs disponibles et en les exposant à des niveaux de compétition plus élevés (notamment lors de camps d’entraînement annuels en Floride), le Québec s’est engagé à développer des joueurs de calibre international et à occuper une place position enviable au niveau canadien.
Pour répondre à l’fulgurante popularité du baseball féminin, l’ABC féminin a été mis sur pied très récemment, en 2021. Basées à Trois-Rivières, les 38 athlètes qui font partie de ce programme sont réparties en deux équipes. Le premier est composé de joueurs fréquentant l’école secondaire et le second regroupe des joueurs d’âge cégep ou universitaire.
Depuis la création de l’ABC féminin, les dirigeants du BQ ont parcouru les mers et le monde dans l’espoir de créer l’écosystème le plus stimulant possible pour leurs joueuses. Une ligue élite québécoise réservée aux joueurs U16 a été créée il y a deux ans. Nous avons également lancé la Ligue Canada Est, qui regroupe les meilleurs joueurs de 17 ans du Québec et qui attire désormais des joueurs de partout au pays.
Nous avons expérimenté toutes sortes de choses ces dernières années
explique la coordonnatrice de l’ABC féminin et directrice des programmes féminins de haute performance de BQ, Patricia Landry.
Nous sommes notamment allés jouer à Cuba en 2022. Puis à Porto Rico l’année dernière pour affronter leur équipe nationale et leur équipe de développement. Depuis l’année dernière, notre équipe de joueurs plus âgés participe à un tournoi intéressant en Floride à la fin de l’automne. De leur côté, nos filles du M16 sont allées jouer en Arizona en décembre dernier.
Une équipe féminine ABC de Baseball Québec est allée jouer des matchs à Porto Rico.
Photo : Avec la permission de Baseball Québec
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Cette année, les dirigeants de BQ se demandaient s’il n’y avait pas moyen de pousser la machine encore plus loin et d’élever les standards intéressants qui s’établissaient.
Nous avons convenu que nous voulions aller là où se trouve le meilleur baseball féminin de la planète. Et cet endroit, c’est le Japon. C’est là que notre sport est le plus développé et le mieux structuré
poursuit Patricia Landry.
En mars prochain, lors des vacances de printemps, l’équipe la plus âgée de l’ABC féminine aura la chance de découvrir les coulisses du baseball japonais.
Depuis le début des années 2000, les Japonais occupent année après année la première place du classement mondial. Leur réseau est notamment constitué de ligues scolaires, collégiales et universitaires extrêmement compétitives. C’est aussi, dit-on, ce pays qui développe les lanceurs les plus puissants de la planète.
Ancienne joueuse de l’équipe canadienne (dont elle fait partie du staff d’entraîneurs), Patricia Landry a constamment affronté et côtoyé des équipes japonaises au cours des 20 dernières années. Pour plusieurs raisons, elle est convaincue que ce voyage sera bénéfique tant à ses athlètes qu’au baseball québécois.
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Patricia Landry est coordonnatrice de l’ABC féminin et directrice des programmes féminins de haute performance à Baseball Québec.
Photo : Avec la permission de Baseball Québec
Nous souhaitons tisser des liens pour à terme établir des échanges et du partage avec le baseball japonais. L’équipe nationale féminine japonaise venait régulièrement jouer au Canada à la fin des années 2000 et nous souhaitons remettre cela en place. Nous avons envie d’aller les voir et nous aimerions aussi qu’ils reviennent vers nous. À terme, des Japonaises pourraient peut-être venir jouer dans notre ligue durant l’été ou certains de nos athlètes pourraient peut-être aller y jouer, qui sait ?
En attendant, nous voulons que nos athlètes de l’ABC découvrent la culture du baseball japonais et comment travaillent leurs athlètes. Ils font les choses différemment de nous et ils sont très efficaces. Ce sera une belle expérience pour nos joueurs, tant d’un point de vue personnel que sportif.
elle croit.***
Réunir vos meilleurs athlètes sous un même programme, les confier à des entraîneurs de haut niveau et les exposer à la compétition internationale dans leur phase de développement est la recette par excellence pour produire des athlètes de classe mondiale.
Mais de manière générale, quel que soit leur niveau, le plaisir de pratiquer un sport naît du sentiment de progression que ressentent les athlètes au cours de leur progression. Plus un athlète se sent compétent, plus il s’amuse et plus il a de chances de rester actif tout au long de sa vie.
Cette initiative de Baseball Québec s’ajoute à cette étude complètement fragmentée que les dirigeants de cette fédération ont commandée l’an dernier à l’Institut national du sport afin de vérifier si l’utilisation de programmes de réalité virtuelle était susceptible d’améliorer l’enseignement des techniques de frappeur aux joueurs âgés 11 ans et moins.
Ou encore, cette vaste étude commandée il y a quatre ans à une firme spécialisée afin d’identifier les meilleures pratiques, tant sur la scène nationale qu’internationale, afin de moderniser et maximiser la structure de développement de Baseball Québec.
Cette mentalité n’est sans doute pas étrangère au fait que cette fédération a vu son nombre d’adhérents bondir de 80 % au cours des 15 dernières années.
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