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Combler le vide, selon trois artistes de la diaspora

Lacunesnom féminin. « Interruption involontaire et gênante dans un texte, une séquence de faits ou d’idées. Manque, omission, trou de mémoire», définit Le Robert. À cette définition s’ajoute l’interprétation de trois artistes émergents issus de l’immigration, exposée jusqu’au 23 février à la Maison de la culture de Gatineau.

Le mariage surprenant du football, de la nostalgie et de la politique par Yekta Çetinkaya

Le ballon rond est au cœur de l’œuvre unique présentée par Yekta Çetinkaya, « La distance entre 0 et 1 ».

Photo : - / Aïda Semlali

Installation multimédia spectaculaire La distance entre 0 et 1 de Yekta Çetinkaya capte immédiatement l’attention. Dans ce qui ressemble à un stade de football déconstruit, avec du gazon et des ballons ronds décorés de mosaïques de verre, des symboles rappellent l’art islamique et les motifs des tapis turcs.

L’ambiance sonore recrée l’effervescence d’un stade, tout en invitant dans tous les sens les voix des présidents américains Ronald Reagan, George W. Bush et Donald Trump, celle du président de la FIFA Gianni Infantino et même celle de l’actuel président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan. .

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Originaire d’Istanbul, Yekta Çetinkaya vit et travaille à Ottawa depuis sept ans.

Photo : Avec l’aimable autorisation de Yekta Çetinkaya

Dans différentes langues, plusieurs enjeux sociaux et politiques surgissent au fil des déclarations, du conflit au Moyen-Orient au scandale des travailleurs étrangers associé à la Coupe du monde au Qatar, en passant par la menace de Donald Trump de faire exploser l’Iran. en mille morceaux au choc entre le capitalisme et le socialisme du point de vue turc.

L’installation comprend différents éléments interactifs et concerne aussi ce à quoi vous faites attention ou pas» argumente Yekta Çetinkaya, citant les chiffres qui défilent de manière binaire avant de se transformer en mots, et les ballons de football suspendus au plafond que des moteurs activent, les faisant tourner comme des boules disco.

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Pour déclencher les effets sonores et visuels de « La distance entre 0 et 1 », les visiteurs sont invités à pénétrer au centre du gazon synthétique.

Photo : - / Aïda Semlali

L’ensemble construit un univers qui ravive la nostalgie de l’artiste. Ce dernier convoque les sons qui l’ont bercé dans son enfance, citant les éclats vocaux des aficionados du football, mais aussi les informations radiophoniques ou télévisées assidûment suivies par ses parents, sans que leur portée et leur sens ne lui soient totalement accessibles.

Les questions d’identité de Sophie El-Assaad

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Adjacente à l’ombre projetée par une des installations de Sophie El-Assaad, la délicate œuvre « Construction model… » apparaît sur papier de soie.

Photo : - / Aïda Semlali

Bien que chacun de leurs univers soit unique, Sophie El-Assaad voit des similitudes dans la façon dont elle et ses acolytes abordent la notion d’écart au cœur de cette exposition.

Ce qui nous lie également, c’est le fait que nous sommes tous issus de l’immigration. Nous avons également des expériences différentes mais communes. Nous traitons des thèmes de la mémoire collective […] et enjeux sociopolitiques qui affectent nos identités et nos diasporas, dans la société occidentalepoursuit Sophie El-Assaad.

L’identité est justement le fil conducteur de son corpus artistique. Quoi de plus logique pour un artiste né au Royaume-Uni, d’origine libanaise, ayant grandi à Bahreïn et désormais basé à Montréal ?

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Minimalistes, les œuvres de Sophie El-Assaad présentent des éléments industriels et des matériaux de construction recyclés.

Photo : - / Aïda Semlali

Pour parler de ses œuvres, Sophie El-Assaad a choisi de mettre en avant Maquette de construction d’une tête, d’un ventre et d’un bras libanaisréalisé sur du papier de soie.

Le design s’inspire des modèles de vêtements. Mais au lieu de vêtements, j’ai décidé de réaliser un motif de mon corps, pour évoquer cette idée que l’identité est quelque chose de consommable.explique l’artiste.

Si le dessin est abstrait, le titre engage le visiteur sur le chemin d’une réflexion liée à l’utilisation des corps et des êtres humains, au profit d’un intérêt commercial ou politique, poursuit Sophie El-Assaad, soulignant entre autres les conséquences, la horreurs du colonialisme.

Les peintures oniriques de Ferhat Demirel

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La silhouette de la ville d’Istanbul se détache sur la ligne d’horizon du tableau « Kangal » de Ferhat Demirel.

Photo : Avec l’aimable autorisation de Ferhat Demirel

Dans les tableaux de Ferhat Demirel, les écarts sont temporels. Nous sommes entre réalité et rêveanalyse l’artiste, évoquant des images qui laissent planer le doute quant à leur temporalité, avec des peintures qui peuvent appartenir à un futur inquiétant aussi bien qu’au passé ou au présent.

Dans la toile Bobine qu’il a choisi de commenter, il décode les éléments qui y apparaissent. Tout d’abord, la présence du kangal, ce chien de berger fort et fidèle originaire d’Anatolie, région d’où est originaire la mère de l’artiste. Puis, sur fond de montagnes d’Anatolie et de la ville d’Istanbul, un personnage tenant l’animal en laisse.

Il le tient fermement, mais il semble aussi craindre le pouvoir qu’il tient à bout de bras.poursuit Ferhat Demirel. Allégorie du pouvoir et comment il affecte les gens, toile Bobine a été réalisée en 2023 pour marquer le centième anniversaire de la République de Turquie.

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Ferhat Demirel aime déstabiliser son public avec des peintures présentant des « images inconfortables ».

Photo : - / Aïda Semlali

Autres tableaux présentés dans le cadre de Lacune / Lacunes ont été réalisées plus récemment. L’un d’eux a été achevé la veille de l’ouverture de l’exposition. Il présente des couleurs plus vives et plus joyeuses pour attirer l’attention du visiteur.

Le récit n’est pas plus joyeux, prévient Ferhat Demirel. Au contraire, il se plaît à créer un malaise et à susciter la réflexion, confie-t-il en souriant malicieusement derrière sa moustache.

Pour y arriver :

Lacune / Lacunes
Jusqu’au 23 février
Au Centre d’exposition Art-image de la Maison de la culture de Gatineau

 
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