« Vous ne trouverez jamais, jamais, ni un euro, ni un centime libyen dans mes campagnes »a déclaré jeudi 9 janvier Nicolas Sarkozy à la barre du tribunal de Paris, pour sa première prise de parole à son procès. L’ancien chef de l’Etat est jugé depuis lundi, comme onze autres personnes, pour des soupçons de financement de sa campagne de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.
Le premier à s’exprimer en faveur de cette déclaration introductive, il a commencé par mentionner “Dix ans de calomnie, quarante-huit heures de garde à vue, soixante heures d’interrogatoire, dix ans d’enquête”.
“Qu’avons-nous trouvé?” »il a protesté à plusieurs reprises. « Rien sur moi. » « Il y a quelque chose à avoir [de] colère “il a ajouté. « L’argent de la corruption est largement absent de ce procès et pour une raison simple : il n’y a pas d’argent de la corruption, car il n’y a pas eu de corruption du candidat »a affirmé l’ancien président.
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Trois « catégories d’escrocs », selon Nicolas Sarkozy
M. Sarkozy, 69 ans, a déclaré qu’il parlait “pour que tout le Monde comprenne” et a assuré la présidente Nathalie Gavarino qu’il répondrait “à toutes les questions”. “Comme je l’ai toujours fait, j’ai toujours assumé mes responsabilités et je compte bien le faire durant ces quatre mois” public, a-t-il ajouté.
En costume sombre, chemise blanche et cravate noire, Nicolas Sarkozy a pris la parole pendant une quinzaine de minutes, prenant son auditoire à partie. Il a évoqué le contexte général, cité à plusieurs reprises ses discussions “avec Barack Obama”l’ancien président américain. Et détaillé les trois “catégories d’escrocs” qu’il a identifié dans ce dossier : d’abord les anciens des “Le clan Kadhafi”qui ont été les premiers à évoquer l’hypothèse d’un financement libyen juste avant la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, chassé par des rebelles notamment soutenus par la France, qu’il dirigeait.
Il a ensuite fustigé “ceux qui ont fait” la note libyenne faisant état d’un accord de financement d’un montant de 50 millions d’euros publiée par Mediapart pendant l’entre-tours de l’élection présidentielle de 2012 – « Quelle étrange coïncidence ! »a plaisanté M. Sarkozy. UN “faux grossier”il a encore insisté.
Et enfin le sulfureux intermédiaire libanais Ziad Takieddine – accusé au procès, mais en fuite – et son « 16 versions » au cours de l’enquête. « Je ne sais pas pourquoi cet individu me poursuit avec une haine aussi tenace. »
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Brice Hortefeux se lève à son tour. “Après douze ans d’enquête”il fait écho, “Il n’y a rien. Je vous le dis avec une grande lassitude et une grande colère, rien ne justifie que je sois là devant vous. » L’ancien bras droit du chef de l’Etat, Claude Guéant, promet de “défendre pas à pas”. “Je l’ai dit cent fois, je le répète aujourd’hui, je n’ai jamais bénéficié de l’argent libyen, je n’ai jamais demandé d’argent libyen, je n’ai jamais vu circuler de l’argent libyen”» dit l’octogénaire. « Le pacte corrupteur n’a jamais existé. »
Dix ans de prison et 375 000 euros d’amende encourus
Jugé jusqu’au 10 avril pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, Nicolas Sarkozy encourt dix ans de prison et 375 000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc inéligibilité) pouvant aller jusqu’à cinq ans. années.
Au Parquet national financier (PNF), avec qui il n’a jamais été tendre ces dernières années – il s’est d’ailleurs déjà heurté aux procureurs dès le premier jour d’audience lundi – il dit, comme pour s’excuser : « Chacun y met du cœur ».
« Je n’ai aucun compte à régler et certainement pas avec l’institution dont je sais qu’une partie m’a violemment combattu lorsque j’étais président. Naïf ou enthousiaste, j’ai confiance”a également déclaré celui qui mettait régulièrement en cause nommément des magistrats dans les multiples procédures judiciaires le visant.
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