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le député de Gironde Sébastien Saint-Pasteur revient sur ses premiers pas à l’Assemblée

Êtes-vous, en tant que nouveau député, tombé de votre chaise en découvrant les pratiques de l’Assemblée ?

Il y avait des accoudoirs qui me permettaient d’éviter de tomber ! Non, c’est un système délibératif classique. Ce qui est difficile à saisir, ce sont les subtilités du dépôt d’amendements sur des textes complexes comme le projet de loi de finances. On est tout de suite plongé dans le grand bain, dans un contexte où on a un trou dans le racket de 40 milliards d’euros, donc un objectif de réduction des dépenses que l’on a tous mordu un peu naïvement. Nous recherchions tous des revenus ou des réductions de dépenses. Ce n’était pas un travail de très qualité. Mais nous avons pu travailler.

Ce n’est pourtant pas l’image véhiculée par les débats, plus invectifs que travaux….

Le grand public ne nous voit, s’il regarde la télévision, que lors des questions au gouvernement. Parfois c’est du théâtre, pas toujours de grande qualité. Cela masque 90 % du travail. Cependant, le travail de la commission d’audition de contrôle est peu valorisé, mais utile au pays. C’est moins tape-à-l’œil… Il y a trois textes votés à l’unanimité dont je suis fier : améliorer l’accompagnement des familles dont les enfants souffrent de maladies graves et de handicaps, supprimer les frais bancaires en cas de succession lorsqu’on a un enfant décédé, rembourser les fauteuils roulants par Assurance maladie. Ils étaient portés par des députés de sensibilités différentes.

Pourquoi cela fonctionne-t-il sur certains textes et pas sur d’autres ?

Personnellement, je trouve que le Parlement se sabote ; elle pourrait disposer de prérogatives plus fortes à partir du moment où elle se discipline et prend ses responsabilités. Mais actuellement, il est plus facile de rechercher des coupables que des solutions.

Ce changement vous semble-t-il dangereux ?

Il y a une irritation face à l’image renvoyée par la classe politique, une lassitude démocratique. À un moment donné, il faut dire stop. Attention à ce que ce climat anxiogène ne pénalise pas l’économie française. On parle de 300 000 emplois industriels menacés, d’une croissance en berne, d’une incapacité à réduire les déficits… On n’est pas dans la projection, dans l’investissement. Or, il faut créer de la richesse si l’on veut la redistribuer.

Le Parlement est-il une bulle coupée de la réalité ?

De nombreux élus ont eu des mandats locaux, où des compromis peuvent être trouvés. D’autres ont des trajets plus rapides, en suivant les vagues, ou parce qu’ils ont des rôles dans les appareils… Après, Paris est un autre monde, on peut perdre pied. On navigue entre les commissions, on est dans des groupes politiques face à d’autres élus avec des journées qui commencent à 9 heures et se terminent à minuit, voire plus tard. C’est pourquoi aller sur le terrain, être de garde, être au contact des gens est vital. Il faut recréer de la proximité. Beaucoup de nos concitoyens n’ont même plus envie, ni besoin, de porter plainte auprès de leur député. C’est terrible, en plus de constituer un terrain fertile pour des votes de protestation extrêmes.

Avez-vous peur de perdre pied ?

Je ne perdrai pas pied, je suis plus heureux sur un marché que de batifoler à l’Assemblée. Après, certains sont très heureux de passer leur temps sur les chaînes d’information. Je ne sais pas. Mon obsession est de faire des choses qui ont un impact sur les gens. S’il y a une dissolution dans un an, la question est : est-ce que j’aurai laissé une trace positive ?

En avez-vous laissé ?

Des petits. Sur les textes législatifs pour soutenir les familles, au sein de la commission de défense, j’espère avoir fait bouger les lignes sur la cybersécurité. Je travaille sur les troubles du déficit de l’attention (TDAH), les troubles « dys », ces angles morts des grandes politiques de santé. Je ferai tout pour que les fenêtres soient ouvertes. C’est très laborieux, mais c’est comme ça que je le vois.

Vous avez été élu sous l’étiquette NFP. La question du désamarrage avec LFI traverse le PS, y êtes-vous favorable ?

La responsabilité de la gauche est une nécessité dans notre pays. Le NFP a été créé en réaction au risque du RN, un réflexe dont je suis fier. Il existe des différences de sensibilité. Si nous demandons dix et que nous vous en donnons cinq, est-ce que nous restons fidèles à nos positions ou disons-nous que cinq vaut mieux que zéro ? Je reste convaincu que tout progrès vaut la peine d’être réalisé. Le programme dans son ensemble, juste le programme, ne fonctionne pas. Mais je travaille très bien avec mes collègues Insoumis.

Pensez-vous à la mairie de Pessac lorsque vous vous rasez ?

Ce matin je me suis coupé ! Il y a un espace politique, il y a une envie, il y a un besoin, car beaucoup de choses ne vont pas dans la bonne direction. Après, il y aura un moment qui n’est pas encore venu.

 
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