News Day FR

premières tensions à l’ouverture du procès de Nicolas Sarkozy

L’ancien président français Nicolas Sarkozy arrive au Palais de Justice de Paris, le 6 janvier 2025, pour l’audience d’ouverture de son procès. THIBAUD MORITZ / AFP

Un ancien chef de l’Etat et trois anciens ministres assis sur le banc des accusés : le procès de Nicolas Sarkozy pour soupçons de financement illégal de sa campagne de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi s’est ouvert lundi 6 janvier avec les premières tensions. Image d’une époque politique révolue, Nicolas Sarkozy et trois figures de son quinquennat – Brice Hortefeux, Claude Guéant et Eric Woerth – font la queue, côte à côte, avant de se lever tour à tour pour affirmer leur identité.

L’ancien chef de l’Etat, 69 ans, est rompu à l’exercice : c’est son cinquième procès en cinq ans. L’air sérieux, il se dirige vers le bar dans son costume bleu marine, croise les mains devant lui, avant de donner au tribunal sa date et son lieu de naissance, ainsi que les noms de ses parents. ” Profession ? »demande la présidente Nathalie Gavarino. ” Avocat. » Situation familiale ? “Je suis marié. » De nationalité française ? ” Ma femme ? » Non, toi. ” Oh oui “il s’excuse avec un petit rire.

Au total, douze hommes ont été jugés. Parmi les présents : Thierry Gaubert, proche de Nicolas Sarkozy, et le discret intermédiaire Alexandre Djouhri. Quatre sont absents : deux hommes d’affaires saoudiens, le Libyen Bechir Saleh (ancien bras droit de Kadhafi) et le sulfureux intermédiaire libanais Ziad Takieddine, tous deux visés par un mandat d’arrêt. En fuite au Liban depuis 2020, ce dernier a affirmé lundi matin sur RTL que ” personne “ je ne l’avais pas « convoqué » pour cette audience.

Lire aussi | Soupçons de financement illégal : le procès de Nicolas Sarkozy s’est ouvert à Paris ; trouvez les réponses à vos questions

Lire plus tard

Nicolas Sarkozy recadré

Après les formalités d’usage, le tribunal se penche sur les débats de procédure. Les conseils de Brice Hortefeux et Nicolas Sarkozy soulèvent l’incompétence du tribunal en faveur de la Cour de justice de la République (CJR), car ils étaient ministres au moment des faits. Nicolas Sarkozy commence à s’agiter sur son strapontin vers 18 heures, lorsque le procureur, Quentin Dandoy, rappelle que l’ex-président a déjà saisi la justice sur ce point au cours de l’enquête. Et à deux reprises les juges ont rejeté cette demande.

“Vous allez faire croire qu’il y a une sorte d’association entre des magistrats extrêmement en colère contre Nicolas Sarkozy, et qui se sont réunis, peut-être à la buvette du palais, pour dire “Nicolas Sarkozy et la CJR c’est ni l’un ni l’autre,” ce sera le tribunal de droit commun parce que c’est plus sévère » ? »dit le magistrat, sous les ricanements silencieux et tendus de Nicolas Sarkozy. « Ce genre d’insinuation porte gravement atteinte à l’indépendance de la justice »ajoute-t-il, tandis que Nicolas Sarkozy bouillonne en commentant à voix basse.

Le président coupe court : « La parole est libre, mais l’ironie n’a pas sa place »elle a dit au procureur. “Oui, ça me choque”abonde, furieux, Nicolas Sarkozy. Le procureur proteste à son tour : « Je ne fais que répondre à M. Sarkozy qui dit que ce que je dis est effrayant, alors que je ne fais que citer les faits. » L’audience a été ajournée à 19h15 sans que le tribunal ne prenne de décision. Elle reprendra mercredi.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Comment Nicolas Sarkozy a été définitivement condamné dans l’affaire des écoutes

Lire plus tard

Dix ans de prison

Nicolas Sarkozy est accusé d’avoir passé la fin de l’année 2005, notamment avec l’aide de ses très proches amis Brice Hortefeux et Claude Guéant, à « pacte de corruption » avec le riche dictateur libyen Mouammar Kadhafi, tombé en 2011, pour qu’il “soutien” financièrement son accession à l’Elysée.

Bulletin

« La revue du »

Chaque week-end, la rédaction sélectionne les articles de la semaine à ne pas manquer

Registre

Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, il encourt dix ans de prison et 375 000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc inéligibilité) pouvant aller jusqu’à cinq ans.

L’entourage de Nicolas Sarkozy assure qu’il est “combatif” et ” déterminé “ prouver son innocence face à ce qu’il a toujours qualifié de « fable ». L’accusation est portée par le Parquet national financier (PNF). « Notre travail n’est pas un travail politique, nous ne sommes pas engagés politiquementa déclaré le procureur financier, Jean-François Bohnert, lundi matin sur BFM-/RMC. Nous n’avons qu’une seule boussole, et c’est la loi. »

Mi-décembre, Nicolas Sarkozy a été définitivement condamné à un an de prison pour bracelet électronique dans l’affaire dite des écoutes téléphoniques. Il ne porte pas encore ce bracelet – cela pourrait prendre plusieurs semaines – qui lui a permis de passer ses vacances aux Seychelles, avec son épouse, la chanteuse Carla Bruni, et leur fille.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au procès des soupçons de financement libyen, les sanctions encourues par Nicolas Sarkozy et les autres prévenus

Lire plus tard

Le Monde avec l’AFP

Réutiliser ce contenu
 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :