romain
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Le romancier dresse le portrait détaillé d’un cinéaste de troisième ordre.
La chute des corps est une conséquence des lois de l’attraction. C’est aussi le centre, de légère gravité, de certains romans de Jean Echenoz, dont celui-ci, le seizième, intitulé Bristol : plus les corps (et les illusions) tombent, plus les phrases s’élèvent, comme des nuages de poussière s’élevant des ruines que la chute a provoquées, pour finir en mirages. Bristol, prénom Robert, est un cinéaste de troisième ordre. Il prépare le tournage d’un film d’aventures en Afrique australe, De l’or dans le sang. Il va voir son producteur qui cherche de l’argent. Alors qu’il sort de chez lui, cette scène de film : un homme tombe du cinquième étage de son immeuble. « Peau corpulente et laiteuse tachetée de cheveux roux et blond vénitien clairsemés, l’homme au sol est allongé face contre terre, les bras et les jambes croisés. On dirait, échoué à marée basse, un gros et vieux poisson doté de quatre membres suggérant les pointes de la boussole. Qui est-ce ? L’ont-ils tué, s’est-il suicidé ? Nous ne l’apprendrons qu’à la fin du livre, et cela n’a pas d’importance.
Les habitants se pressent autour de la bête humaine échouée. D’autres bêtes apparaissent plus tard, métaphoriques ou non, un éléphant discipliné dans le film, une tortue géante dans un rêve, des illuminations décrites avec le soin d’un moine médiéval. Des créatures foraines évoluant dans des décors en carton suffisamment bien réalisés pour que l’artifice ne fasse pas passer à côté de la réalité. Bristol est peut-être cinéaste, mais il n’a rien vu. Un homme est
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