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comment les petites stations se préparent à cet immense défi

Notre série « Le crépuscule du ski »

A l’ombre de géants comme les Trois Vallées, les Portes du Soleil ou Paradiski, qui attirent chaque hiver les touristes du monde entier, ils ressemblent à des Lilliputiens. Quand leurs prestigieux voisins investissent des millions d’euros dans des télésièges débrayables chauffés, ils peinent à entretenir leurs télésièges vieillissants. Alors, quand la facture s’avère trop lourde et les chutes de neige trop faibles à basse altitude, il est temps de fermer.

Depuis les années 1950, 186 sites de ski se sont effondrés dans les Vosges, le Jura, le Massif Central, les Pyrénées ou encore les Alpes. Et ça s’accélère. Rien que cette année, il y en a cinq. Des stations-villages, comme Notre-Dame-du-Pré (Savoie) – archétype du ski familial et bon marché en danger de disparition – qui découvrent pour la première fois le vertige de l’après. Ou des micro-domaines, comme celui de La Morte, en Isère, plombés par des problèmes de rentabilité et qui se sont donnés un an pour retrouver un second souffle.

Les causes de fermeture sont multiples : coûts de fonctionnement et mise aux normes des équipements trop élevés, manque de neige, stations ne trouvant pas d’acheteur… « Les petites remontées mécaniques de village implantées à l’époque dans les domaines de la commune ont tendance à disparaître car, au-delà de trente ans, les coûts d’entretien sont trop élevés et cela sonne le glas du téléski », explique Pierre-Alexandre Métral, doctorant en géographie à l’université Grenoble-Alpes.

« Dans les villages, les habitants adoraient leurs petites remontées mécaniques »

Auteur d’une thèse intitulée « La montagne désarmée : analyse des trajectoires territoriales des stations de ski françaises abandonnées », le chercheur estime que « la disparition des classes de neige, qui constituaient un vivier de clientèle pour ces petites stations dans les années 1980 », a contribué à leur lente agonie. Tourner la page du ski est souvent vécu localement comme un déchirement.

« Dans les villages, les habitants adoraient leurs petites remontées mécaniques car ils avaient l’impression de faire partie de la grande caste des stations de ski, et s’en détacher, c’est altérer leur ADN », résume le géographe. Quand les anciennes pistes bleues ne sont pas rendues à la nature pour redevenir champs ou forêts, on y pratique le VTT de descente ou le ski de randonnée en peau de phoque.

Démantèlement de remontées mécaniques obsolètes

Mais avant cela, encore faut-il avoir « désarmé » les installations. La loi Montagne impose le « démantèlement des remontées mécaniques vétustes » et la « réhabilitation du site » dans un délai de trois ans après l’arrêt des activités. Une opération coûteuse estimée entre 10 000 et 30 000 euros, selon le Domaine skiable de (DSF), qui regroupe 250 opérateurs.

« Ce ne sont pas de grandes stations connues internationalement mais des sites isolés, des villages avec une ou deux remontées mécaniques où des snowparks avaient été créés », explique Laurent Reynaud, délégué général de ce syndicat professionnel. DSF a identifié 70 remontées mécaniques à démonter sur 41 sites et estime qu’au rythme actuel nous aurons « achevé ce qui reste à démonter d’ici vingt ans ».

D’ici là, il y a fort à parier que la hausse déjà palpable de la limite pluie-neige aura mis en péril des dizaines d’autres stations, dont celles dites de deuxième génération, les fameux grands complexes sortis de terre ex nihilo et dont se pose la question de l’avenir. la reconversion doit être évoquée aujourd’hui. Pour ne pas finir comme Saint-Honoré 1500, cet étrange hameau dortoir de l’Isère où une soixantaine d’habitants profitent d’une vue imprenable sur le Vercors au milieu des vestiges d’un complexe hôtelier fantôme.

 
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