Ils sont allés loin des villes scintillantes, en cette période des fêtes, pour apporter un peu de lumière dans le chaos. Samedi 21 décembre, 50 volontaires de la Croix-Rouge française ont rejoint l’archipel de Mayotte, ravagé par le cyclone Chido le 14 décembre. Face au bilan désastreux – 39 au dernier bilan provisoire –, les 4 260 blessés, l’accès à l’eau potable toujours compliqué dans un décor apocalyptique.
Parmi eux, Mattéo Lagarde, un Dacquois de 21 ans, qui n’a pas hésité à se porter volontaire lorsque la Croix-Rouge a lancé un appel à volontaires venant de toute la France.
« Un bel acte »
« Il a mis les vacances de côté pour penser aux autres, c’est ça qui est beau », réagit Cédric Labarbe, directeur territorial des urgences et premiers secours des Landes, basé à Mont-de-Marsan. Tout le monde n’aurait pas pu le faire, c’était un bel acte de la part de Mattéo et des autres bénévoles partis avec lui. »
Cédric Labarbe a également apporté sa contribution à la construction de l’aide humanitaire, depuis Paris. « Mes disponibilités étaient trop limitées pour aller à Mayotte, je suis donc parti aider au centre opérationnel de Paris, où j’étais chef du personnel. J’ai terminé lundi 23 décembre. J’y retournerai probablement quelques jours. » Avec l’équipe sur place – des employés de la direction des urgences et des opérations et plusieurs bénévoles – il a travaillé dur pour constituer ce groupe de 50 bénévoles. Un contre-la-montre pas évident à gérer.
« En quarante-huit heures, il a fallu trouver 50 personnes, leur réserver un train ou un vol pour Paris pour samedi matin, pour qu’elles puissent ensuite prendre l’avion pour la Réunion », se souvient-il. Appels téléphoniques aux délégations départementales, vérification de la disponibilité des bénévoles, réservations de moyens de transport… « Certaines personnes ont pris leur train à 5 heures du matin pour être là, ce qui montre que les bénévoles eux-mêmes ont fait preuve d’une grande résilience. »
La tête sur les épaules
Principal critère de sélection : être disponible du samedi 21 décembre au 5 ou 6 janvier et être suffisamment fort psychologiquement. « Nous veillons à ce que les bénévoles soient bien informés de la situation sur place. Nous savons que c’est difficile. Nous faisons attention à qui nous validons. Le but n’est pas de les mettre au bord du gouffre. Un ami de la Croix-Rouge qui s’y est rendu, qui avait vu les photos dans la presse et les images à la télévision, m’a dit : « Quand on est là-bas, on se rend compte qu’on n’est jamais prêt ». J’ai vécu la même chose lorsque je suis allé à Saint-Martin en septembre 2017 (après l’ouragan Irma, NDLR). »
Concernant Mattéo Lagarde – que nous n’avons pas pu contacter, le jeune homme devant rester concentré sur ses missions –, pas d’inquiétude particulière malgré son jeune âge. « Il a déjà une activité associative importante », souligne Cédric Labarbe. C’est quelqu’un qui a la tête sur les épaules, qui sait randonner de longues heures, qui s’intéresse à la nature et qui connaît déjà Mayotte. Cela ne nous dérangeait pas de l’envoyer là-bas. Il savait que l’attente allait être longue, que ça allait être difficile psychologiquement, émotionnellement. Il était très informé de la situation. »
Proche des victimes
Arrivé dimanche 22 décembre à la base de vie de Mamoudzou, il a déjà commencé ses missions. Elles doivent être variées : « Cela signifie être au plus près des populations touchées, les écouter, leur apporter un soutien », précise Cédric Labarbe. Après, cela se décide progressivement. Il s’agira peut-être de distributions de nourriture, de distribution d’eau, de missions d’évaluation dans les territoires les plus reculés : identification de besoins spécifiques, d’éléments pouvant être signalés, de contacts sur place qui pourraient être intéressants. Rétablir les liens familiaux peut aussi faire partie de ses missions. Nous avons un site Web qui répertorie les personnes dont nous n’avons pas eu de nouvelles. Nous avons des experts qui sont déjà là pour cela, des agents de recherche, mais ils auront sans doute besoin de l’appui de bénévoles. »
Le jeune volontaire landais devrait revenir le 5 janvier « maximum ». D’autres convois pourraient bientôt partir. « Nous vivons au jour le jour, au gré des vols charters, en fonction des disponibilités d’hébergement sur place. Nous sommes en contact quasi permanent avec la cellule interministérielle de crise », conclut Cédric Labarbe.
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