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les élus cherchent des moyens de contrôler leurs rivières

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Quelques mois plus tôt, en décembre 2023, c’était la région du Cognaçais mais aussi Gond-Pontouvre. Des dizaines de riverains ont alors vu leur habitation envahie par plusieurs centimètres d’eau.

« Le déclencheur pour moi, ce sont les drames de Valence, en Espagne. »

A Chabanais, Michel Boutant, maire depuis 2020, s’est montré moyennement satisfait de cet épisode “pour lequel nous avons reçu l’alerte de la préfecture à 9h30, trois heures après que tous les quartiers bas de la ville étaient déjà sous les eaux”. Il a donc fait une proposition au conseil municipal : « Installer une vraie grande sirène sur le toit de la mairie » couplée à une alerte SMS. L’autre partie du plan consiste en une idée de sécurité assez originale.

A l’occasion du prochain recensement qui débutera mi-février, « nous allons distribuer des questionnaires pour savoir si des Chabanois du haut se porteraient volontaires pour accueillir ceux du bas. L’élément déclencheur pour moi, ce sont les drames de Valence, en Espagne ou, plus près de chez nous, ce qui s’est passé dans la vallée du Rhône », raconte-t-il. Des régions dévastées par des inondations parfois meurtrières et auxquelles « personne n’était préparé. Cependant, nous, élus, devons garder à l’esprit que ces puissants phénomènes climatiques vont se multiplier. »

Sirènes, SMS, porte-à-porte pour mieux alerter les habitants

Dans le quartier Bredin, Jean-Noël, dont le jardin a été complètement inondé au printemps dernier, valide l’initiative. Henriette, « sa voisine à deux pas », 88 ans, « ne bougera pas » de chez elle. « Regardez, notre maison est surélevée, il n’y a pas de problème », tempête cette irréductible coquette.


A Chabanais, Henriette, 88 ans, ne compte pas quitter son domicile, même lorsque la maison a ses fondations dans l’eau.

Quentin Petit

A Gond-Pontouvre, le maire Gérard Dezier rappelle « que la commune est exposée à des crues de plaine, avec des montées qui se font lentement. » Pour lui, Vigicrues reste l’outil de référence pour anticiper : « On sait que quand ça monte à Mansle et Vindelle, dans les heures d’après c’est pour nous. »

L’alerte se fait “via le site internet de la mairie mais aussi par une communication systématique en porte-à-porte” auprès de la quarantaine d’habitants touchés par chaque inondation, notamment sur la route de Vars. A Angoulême voisine, là aussi, les habitations exposées sont particulièrement surveillées, notamment à L’Houmeau et sur les bords de Charente. « À chaque épisode, nous cartographions les zones touchées », commente Guillaume Chupin, adjoint au maire chargé de la vie quotidienne. De quoi « déployer un plan de sécurité et d’accessibilité, ériger des barrières ou des déviations nécessaires. » En décembre 2023, la Charente avait atteint 4,71 mètres à Angoulême.

Des installations trop chères ?

Actions curatives. Mais pour anticiper et tenter de réduire l’exposition des populations aux risques d’inondation, la mairie parle de lutte contre l’imperméabilisation des sols, qui augmente les risques d’inondations dues au ruissellement des eaux pluviales, et de renaturation.

Une vision partagée, à Jarnac, par le maire Philippe Gesse. Lors des crues de décembre 2023, c’est la Tenaie, un petit ruisseau tranquille qui débouchait à l’improviste. « Ce qui vient à l’esprit des gens, c’est de dire que les cours d’eau ne sont pas nettoyés. Or, c’est exactement le contraire qu’il faut faire en gardant cette eau sur le terrain le plus longtemps possible. » La Ville est soutenue en ce sens par l’Établissement Public Territorial Bassin Charente, créé par les quatre Départements de l’ex-Poitou-Charentes.

« N’oubliez pas que c’est l’urbanisation qui a pris racine dans le lit du fleuve. »

A Cognac, cette dernière mène, comme dans 31 autres communes, une campagne de diagnostic pour réduire la vulnérabilité des bâtiments : rehausser les prises, changer le revêtement des sols, faire en sorte que le retour à la normale prenne moins de temps. À la fin de l’année dernière, en deux mois, 500 mm d’eau sont tombés en deux mois alors que les eaux de pluie des 4 000 km² du bassin versant atteignent Angoulême.

Impossible à réguler ? « Les opérations de réduction du risque inondation ont un rapport coût-bénéfice très négatif », constate Florent Lasvaux, chef de projet prévention des inondations à l’EPTB Charente. Depuis 2004, l’établissement modélise des aménagements, comme des sites de surstockage en amont, mais des études ont montré que les coûts sont importants par rapport aux bénéfices retirés. Une stratégie de « réponse au cas par cas » est donc privilégiée.

Mais « une réflexion plus globale sur la rénovation urbaine doit être pensée dans la durée », assure Florent Lasvaux. « Il ne faut pas oublier que c’est l’urbanisation qui s’est enracinée dans le lit majeur du fleuve. Il n’existe pas de remède miracle pour réduire considérablement le niveau des inondations. »

Quelles obligations pour les communes ?

Afin de prévenir les inondations, les municipalités doivent d’abord sensibiliser l’opinion. Cela peut être avec l’installation de balises de crue ou la mise à disposition du DICRIM, le document communal d’information sur les risques majeurs. En Charente, une dizaine de communes dont Cognac, Fléac et Mainxe-Gondeville sont accompagnées par l’EPTB (établissement public territorial de bassin) pour son aménagement ou sa révision. Enfin, il appartient également aux maires de gérer la crise avec le Plan communal de sauvegarde (PCS) qui permet d’organiser la réponse locale, des alertes aux évacuations. Pour 2025, l’EPTB prévoit de mettre en place un marché de commandes groupées pour accompagner les communes dans ce sens.

 
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