La police municipale doit-elle être armée ? C’est la grande question qui agite le conseil municipal de Rennes. Actuellement, les 115 policiers municipaux sont équipés de gilets pare-balles, de pistolets à décharge électrique, de grenades lacrymogènes, de tonfas (arme composée d’un bâton et d’une poignée ergonomique). Évidemment, les bonnes exigences “un vrai changement de doctrine” de la part de la municipalité, c’est-à-dire “l’armement de la police municipale, le renforcement des effectifs, la mise en place de la vidéoprotection” ; c’est ce qu’explique Thomas Rousseau, l’un des dirigeants de la droite rennaise (Ouest de la FranceRennes, mercredi 6 novembre 2024). Lors des séances du conseil municipal, la question revient régulièrement. Ainsi, pour Charles Compagnon (Horizons), leader du groupe Libre d’agir pour Rennes, « Cette insécurité n’est pas une fatalité. La municipalité ne peut pas simplement endurer et exiger » et pointer “manque de vidéoprotection, police municipale en sous-effectif” (Ouest de la FranceRennes, mercredi 4 décembre 2024) A noter que le syndicat FO de la police municipale appelle également à l’armement.
Quant à la maire Nathalie Appéré (PS), elle voit les choses différemment : « Le policier municipal est un maillon dans la chaîne de lutte contre les trafics, dans le lien qu’il crée avec les habitants. Il ne peut cependant pas interroger le concessionnaire, il n’en a pas la prérogative. Et à Rennes, il n’est pas autorisé à porter des armes meurtrières, car on a toujours dit que l’équipement de la police municipale dépendait de ses missions. Cependant, ils ne sont pas en première ligne dans la lutte contre les trafiquants de drogue, tel est le rôle de la Police Nationale. Nos policiers municipaux sont équipés de pistolets à impulsions électriques, dans le cadre de leurs missions sur le terrain. » (Ouest de la FranceRennes, 7-8 septembre 2024). Equiper les policiers municipaux en armes à feu n’est pas la solution pour elle : « Nous adoptons des moyens municipaux pour les missions de nos agents. Mais la sécurité est une question souveraine, donc de l’État. » (Ouest de la FranceRennes, mardi 15 octobre 2024). On peut répondre que, dans plusieurs villes socialistes, les polices municipales sont équipées d’armes meurtrières : Marseille, Montpellier, Nancy, Dijon, Villeurbanne, Bourges (Le point5 décembre 2024)
Plus de « blues » signifie plus de crédits
On ne peut toutefois pas reprocher à Nathalie Appéré de ne rien faire pour la sécurité. Sa dernière innovation : une station mobile locale. Un camion transformé en bureau, avec à son bord quatre policiers municipaux, stationne dans différents quartiers de la ville ; notamment à Blosne, Villejean, Maurepas et Bréquigny. Cela implique d’assurer la présence de la police municipale et d’être à l’écoute de la population. « Il faut du bleu dans la ville »assure Lénaïc Briéro, adjointe en charge de la sécurité. “Je suis convaincu que plus il y a de bleu, plus il y a d’uniformes, plus cela contribue à répondre au besoin de sécurité qui s’exprime”underlines Nathalie Appéré (Ouest de la FranceRennes, 14-15 décembre 2024). Bien sûr, le camion peut rester « deux à trois matinées consécutives » dans un secteur où il y a « tensions, besoins particuliers, enjeux de réappropriation collective d’un espace »précise ce dernier (Ouest de la FranceRennes, 14-15 décembre 2024) C’est mieux que rien mais totalement insuffisant si la police municipale veut empêcher les trafiquants de drogue d’occuper les terrains. On le voit avec les policiers nationaux qui passent à vélo ou en voiture : les affaires s’arrêtent un instant puis reprennent dès leur départ. “Mon état d’esprit est vraiment celui de la mobilisation générale”a déclaré Nathalie Appéré en entrevue (Ouest de la FranceRennes, mardi 5 novembre 2024). Elle a même vu les choses en grand : «La création annoncée d’un parquet national anti-stupéfiants, sur le modèle du parquet national antiterroriste, est une bonne chose. » A son niveau modeste, elle pourrait concrétiser sa volonté de “mobilisation générale” : ouvrir des commissariats municipaux à Blosne et Maurepas ; ce qui assurerait une présence permanente des « bleus » et empêcherait les trafiquants de drogue de gérer tranquillement les points de deal.
Ce qui est sûr, c’est que ce discours sur les « bleus » est révolutionnaire chez les socialistes. Qu’en pensent leurs alliés écologistes ? Ne parlons pas des Insoumis qui sont radicalement « anti-flic »… Marie Mesmeur (LFI) députée de Rennes-Bruz, doit apprécier les propos de Nathalie Appéré… C’est un point de désaccord – entre autres – pour les prochaines municipales élections.
Bernard Morvan
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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