Bbien que restant très minoritaire, le « pet’nat » n’est plus l’OVNI que l’amateur regardait avec des yeux de merlan frit. Il a même droit à son guide (1). Pour ceux qui n’ont jamais débouché ces bouteilles sans vrai bouchon, avec des étiquettes rigolotes et parfois un épais dépôt au fond, il s’agit d’un vin effervescent naturel, donc bio ou biodynamique et plutôt brut.
Très apprécié d’une certaine jeunesse urbaine, ce type de vin est aujourd’hui produit dans toute la Gironde. S’il ne peut remplacer totalement un crémant ou un champagne – son effervescence est plutôt comparable à celle d’une bière ou d’un cidre – il peut être une alternative pour ces fêtes de fin d’année pour ceux qui souhaitent offrir (ou s’offrir) « bulles naturelles ».
A Cars, à l’entrée de Blaye, Rachel Hubert (Château Peybonhomme-Les-Tours, biodynamie depuis plus de vingt ans) le produit depuis 2017. A l’époque, elle était pratiquement la seule en Gironde. Elle a baptisé son 100 % cabernet franc, qui se vend aujourd’hui à 10 000 exemplaires chaque année : « L’amour du risque ». » Ce n’est pas tant par nostalgie de Jonathan et Jennifer, la série à succès des années 80 mais plutôt pour signifier l’aventure que c’est que de produire ce type de vin. Les « pet’nats » sont élaborés selon la méthode dite « ancestrale » : la fermentation se termine en bouteille où se forment les bulles. « Tout est dans le timing, il ne faut pas se rater, nous effectuons de nombreuses analyses avant la mise en bouteille », souligne le vigneron blayais.
“Toujours timide”
Au Château Frédignac, toujours en Blayais, Vincent L’Amouller élabore depuis cinq ans deux cuvées : l’une à base de Sémillon, l’autre de Merlot. « Ce sont des vins légers qui se boivent très vite, avec du fruit et une bonne acidité », résume le vigneron, travaillant sur une quinzaine d’hectares en agriculture biologique. «C’est resté longtemps un produit de bar à vin destiné aux 25-40 ans vivant dans les centres urbains», précise-t-il. On sent désormais une demande des cavistes et, même si elle est encore timide, elle commence à envahir la gastronomie moderne. »
« Ce sont des vins légers qui se boivent très rapidement, avec du fruit et une bonne acidité »
Si sa production reste encore marginale (quelques centaines de bouteilles), Henri Duporge a su se diversifier dans la crise et le « bashing » qui a particulièrement touché le Merlot, en proposant son breuvage un peu punk : « Le Geai, pas d’avenir sans nature », dont le label est inspiré d’un célèbre album des Sex Pistols. Le vigneron biodynamique, installé à Guîtres, chouchoute ses pet’nat en les dégorgeant, éliminant lies et dépôts de la seconde fermentation avant de les remettre en bouteille. « C’est difficile à valoriser compte tenu du temps qu’on y passe et des pertes lors du dégorgement », confie-t-il en envisageant malgré tout une augmentation de ses volumes.
Côté Libournais, Christophe Pueyo, possédant des vignes en appellation Saint-Emilion et dans l’Entre-deux-Mers, s’est très tôt orienté vers les vins effervescents naturels au point d’en produire 18 000 bouteilles en 2022 : un assemblage associant Sémillon (notamment), muscadelle et sauvignon blanc. S’il constate « un léger ralentissement » de la commercialisation, il recommande leur ouverture pour ces fêtes de fin d’année. « On peut le boire à l’apéritif comme un champagne ou avec certaines entrées, voire toute la nuit en mode festif », sourit le professionnel. Certains restaurateurs les associent parfois à certains desserts.
C’est le cas du « pet’nat » d’Anne Buiatti (Maison Advinam à Saint-Morillon). Le vigneron le considère comme « serré », avec une bonne acidité et un taux d’alcool réduit grâce à des raisins (muscadelle et sémillon) récoltés précocement. « Il y a une tendance vers les petits degrés et je sais que les 10 degrés de mes effervescents séduiront les professionnels et les particuliers plutôt que les 12 ou 12,5 degrés », précise celle qui s’occupe de toutes les étapes de conception de ses cuvées. , de la rayure à l’étiquette. Sa « table » pétillante se retrouve, en cette fin d’année, sur la carte d’un restaurateur angevin pour accompagner un dessert à base de pomme-cannelle.
Les cinq choix de la rédaction
1. « L’amour du risque »a 100% Cabernet Franc. Available at Vinimarché (Pessac or Bordeaux Bacalan). Price: around 15 euros.
2. « Gazelles »mélange de muscadelle et de sémillon. Disponible chez Muzo (Bordeaux) Prix : environ 22 euros.
3. « Coincé ta bulle »100% Sémillon. Available at Cave d’Antoine (Bègles or Bordeaux) or at Bon Jaja (Bordeaux). Price: around 15 euros.
4. « Galipette »assemblage de Sémillon (60%), Muscadelle (20%) et Sauvignon Blanc (20%). Disponible à la cave Charabia. Prix : environ 18 euros.
5. « Le Geai, pas d’avenir sans nature »100% merlot. Disponible chez Cousin & Compagnie (Bordeaux). Prix : environ 15 euros.
(1) La septième édition du « Guide Glou, 150 bulles naturelles d’exception », édité par Cambourakis, recense les vins effervescents naturels, de France et de l’étranger, avec des adresses pour les trouver. Prix 18 euros.
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