Troisième producteur africain d’arachides après le Nigeria et le Soudan, le Sénégal a décidé mi-novembre de suspendre l’exportation de ses arachides pour favoriser la transformation locale de l’arachide sénégalaise, une mesure qui fait sensation dans le secteur.
Exporter ou protéger ? C’est le dilemme de l’arachide au Sénégal. Depuis longtemps, cette petite noix qui fait vivre 3 millions d’agriculteurs et 27% des ménages est l’un des principaux produits d’exportation du pays. Au point que ces dernières années, l’accès aux semences a alimenté les tensions au sein du secteur : producteurs et raffineurs locaux de pétrole venant manque de matière première. Notamment après un accord signé entre le Échine et le Sénégal en 2014.
C’est donc pour privilégier les transformateurs locaux et s’assurer qu’ils disposent de suffisamment d’arachides que, fin octobre, les autorités ont décidé de suspendre les exportations. Une première. En échange, l’État a fixé un prix d’achat 9% plus élevé que l’année dernière : 305 francs CFA le kilogramme au lieu de 280 francs CFA en 2023.
Pour les petits producteurs et les producteurs de pétrole, c’est une bonne mesure. Le prix est sécurisé et plus élevé qu’avant. Le principal producteur de pétrole du pays, la Sonacos, a, de son côté, relancé deux unités de transformation, l’une à Louga, au nord, à l’arrêt depuis deux ans, et l’autre à Ziguinchor, au sud du pays. . Avec ses quatre autres usines, la Sonacos promet de transformer 300 000 tonnes d’arachides en huile alimentaire et de créer 7 000 emplois cette année. C’est ” un début », analyse un spécialiste du secteur après des années où les usines de transformation étaient quasiment à l’arrêt. A titre de comparaison, en 2023, la Sonacos a transformé 12 000 tonnes d’arachides, contre 22 000 tonnes l’année précédente.
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305 francs CFA, un prix insuffisant pour les grands producteurs d’arachide
Mais du côté des grands producteurs, on grince des dents. Et nous soulignons les prix plus élevés auxquels les exportateurs achetaient leurs cacahuètes jusqu’à 500 francs CFA le kilogramme l’année dernière. Certains menacent de ne pas vendre leurs cacahuètes aux usines locales.
Enfin, sur le million et demi de tonnes d’arachides produites chaque année, la Sonacos et ses trois concurrents privés ne peuvent absorber qu’un maximum de 500 000 tonnes. Qu’arrivera-t-il au reste des cacahuètes ?
Parement l’inquiétude du secteurle ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’élevage, Mabouba Diagne, a assoupli les mesures fin novembre. Les autorités ont promis qu’une fois approvisionnés les producteurs de pétrole sénégalais, les cacahuètes restantes pourraient être exportées.
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