« À mon âge, on perd la mémoire ! » A 76 ans, Delio Onnis préfère en plaisanter, car il ne se souvient plus de tout. Ceux qui ont pu le voir évoluer dans la Vallée du Cher gardent au contraire de lui un souvenir très vif. Celle d’un buteur hors pair, auteur d’un total de 299 buts en première division. Un total faramineux qui fait encore office de record absolu.
Et il en a marqué plusieurs avec le FC Tours, dont il a porté les couleurs de 1980 à 1983. « C’est Yvon Jublot, alors directeur sportif, qui m’a fait venir en me proposant un contrat de trois ans, alors que Monaco ne voulait m’en accorder qu’un… Il a insisté, lorsqu’il est venu me voir à Nice, et je l’en remercie. , parce que j’ai tout aimé de cette belle ville de Tours. est-ce qu’il glisse NR dans un sourire.
La rencontre a eu lieu en marge d’une soirée organisée dans une salle portant son nom, à proximité du stade de certains de ses exploits, le 6 décembre, à l’occasion de la sortie du livre 100 ans de sport en Touraine (1).
“Peut-être que j’ai eu beaucoup de chance”
Inattendue, pour ne pas dire improbable, son arrivée en Touraine a fait grand bruit, et l’Italo-Argentin n’a pas déçu. Loin de là. De sa gentillesse, saluée par les habitants de Saint-Avertin, où ses déplacements en Solex sont devenus légendaires, à son habileté sur un rectangle vert. “Peut-être que j’ai eu beaucoup de chance de marquer autant, il pense. Vous en avez absolument besoin, notamment pour éviter de vous blesser. Je n’ai pas eu trop de blessures dans ma carrière, donc cela a eu un impact sur mes statistiques. »
Loin de se faire la lumière, Delio Onnis fait plutôt l’éloge des joueurs qui l’ont accompagné : « J’ai toujours été bien entouré de gens qui comprenaient ma façon de jouer et de penser. J’étais bien nourri par des amis qui me faisaient marquer des buts. Je ne le dis pas pour le dire, je le dis vraiment parce que je le pense. Vraiment ! »
Ceux qui l’ont connu à l’époque le confirment. On dit aussi que sa réussite ne devait rien au hasard et était le résultat d’un travail quotidien, notamment sur sa condition physique supérieure à la moyenne. Devant ses fans venus le saluer l’autre soir à la Vallée du Cher, il a ajouté sur le même sujet : « Messi peut marquer seul, Mbappé aussi, pas Onnis ! »
« Ils m’ont tout pardonné ! »
Son meilleur souvenir sportif avec le FCT confirme aussi son sens du travail bien fait en équipe : « Je me souviens d’une saison où nous nous sommes échappés de la descente le dernier jour. C’était un moment très fort. Ce n’était pas quelque chose d’individuel, mais purement collectif. Cela m’a beaucoup marqué ! »
De ses souvenirs, pas si perdus finalement, le « goleador » – arrivé en France presque par malentendu (« Le Stade de Reims est venu chercher un numéro 9 en Argentine et, comme leur premier choix a refusé, j’ai pris l’avion à leur place. » il raconte) – met en évidence un autre fait particulièrement frappant : « J’ai tout aimé de Tours, tout. Mais surtout le rapport avec les supporters. Ils m’ont tout pardonné ! Même quand je n’étais pas bon, ils trouvaient un moyen de me trouver bon. Les supporters de Tours, c’était merveilleux, merveilleux ! C’était un véritable mariage avec le public. »
« Ça me fait mal de voir le club à ce niveau »
Le divorce n’a jamais été vraiment officialisé, malgré son départ en 1983. Même si Monaco – où il vit aujourd’hui – est clairement son club de prédilection, il garde effectivement Tours dans un coin de sa tête. Il discute parfois au téléphone avec Yvon Jublot et profite donc du premier week-end de décembre pour revisiter un peu la ville. “C’est changé, c’est plus joli” relève l’ancien attaquant, deux fois demi-finaliste de la Coupe de France avec le club tourangeau.
D’ailleurs, Delio Onnis a pu avoir des nouvelles de l’actuel Tours FC, retombé en R1. “Ça me fait mal de voir le club à ce niveau, j’aimerais le voir plus haut, dit-il. D’autant que, lorsque je jouais ici, il y avait aussi du hockey sur glace et du basket au plus haut niveau. Quand je suis arrivé en 1980, ces deux sports étaient encore champions de France ! La Touraine, sportivement parlant, c’était très bien ! »
« Une façon de vivre »
La mémoire fait peut-être défaut, mais la nostalgie d’un autre temps est bien présente. Une époque où il régnait sur le stade de la Vallée du Cher, « un amoureux absolu du football » qu’il l’est toujours. « J’ai vécu jusqu’à mes 23 ans en Argentine, rappelle-t-il en conclusion. Et là, c’est un art de vivre ! » C’est clairement inoubliable.
(1) 100 ans de sport en Touraine, Éditions Sutton, 2024, 192 pages, 16,90 €.
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