Par
Mathilde Carnet
Publié le
23 décembre 2024 à 7h10
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Il y a cent ans, 16 décembre 1924le Journal Officiel a légalisé le changement de nom de la commune de Saint-Pierre-des-Fleurs : Saint-Pierre-des-Cercueilsc’était fini !
Cent ans plus tard, l’association Société historique de Saint-Pierre-des-Fleurs souhaite perpétuer le passé de la commune, et revient sur cette histoire insolite.
Un nom « trop sombre »
Au début du IIe millénaire, la forêt bordant l’Oison est divisée en paroisses. Des noms de saints sont donnés, auxquels est ajouté un déterminant pour ne pas les confondre. On retrouve ainsi Saint-Amand-des-Hautes-Terres (Sanctus Amandus de Sauxeis, vers 1210), Saint-Ouen-de-Pontcheuil (Sanctus Andoenus de Ponsel vers 1172) ou encore Saint-Pierre-des-Cercueils (Sanctus Petrus de Sarquieux en 1274).
L’origine de Saint-Pierre-des-Cercueils est donc très anciennemais la raison de cette appellation n’est pas certaine, “il y a plusieurs hypothèses”, explique Danièle Haudiquet, présidente de la Société historique depuis quatre ans.
Déjà, le nom « Coffins » n’a rien d’exceptionnel. En Normandie, on retrouve Le Cercueil dans l’Orne, Cerqueux la Campagne dans le Calvados et Saint-Aubin-les-Cercueils, aujourd’hui Saint-Aubin-Routot.
Le nom même du village de Saint-Pierre-des-Cercueils a subi plusieurs transformations. Il s’appelait Saint Pétrus de Sarqueus en 1257, de Sarquieux en 1274, de Sarcofagis en 1278, de Sarquiez en 1390, d’Escherqueulx et Desserqueulx au XVe siècle…
Des sarcophages dans l’église ?
Mais tous ces noms ont en commun le « sarcofagus », mot latin d’origine grecque « Sarcophagi » qui signifie « cercueil », au sens de tombeau puis de cimetière. «On ne peut pas dire qu’on a la bonne explication», ajoute Danièle.
Plusieurs historiens ont assuré que « le nom de cette commune dérive deune très ancienne découverte de sépultures anciennes » (Abbé Le Prevost), “stone sarcophagi were found in the interior of the church” (Société d’Etudes diversées de Louviers, 1912), “ un grand cimetière antique ou mérovingien qui se trouvait à proximité » (Dictionnaire géographique et administratif de France, 1902).
Plus 3 juin 1924le maire de l’époque, M. Groult, demandait en conseil municipal que le nom de la ville soit changé et remplacé par Saint-Pierre-des-Fleurs. « Les raisons invoquées étaient que le nom était trop sombre et peu en harmonie avec son aspect rieur et joyeux, et surtout avec les erreurs de La Poste, puisqu’il y avait beaucoup de noms similaires», ajoute la Société historique, s’appuyant sur l’ouvrage History of Saint-Pierre-des-Fleurs de Roger Grégoire, datant de 1994.
Et pourquoi transformer des « Cercueils » en « Fleurs » ? Là aussi, le doute persiste. « Sûrement pour le côté rural, les fleurs qui ont été plantées au village », suppose Danièle.
La transformation du village
Avec le trésorier de l’association, Philippe Ricard, passionné d’histoire, ils tentent d’en apprendre davantage sur le passé de la commune et de transmettre leurs découvertes. Installés là eux-mêmes depuis 1987 pour Danièle et 1991 pour Philippe, ils ont vu le village évoluer. « On sait qu’en 20 ans, de 1962 à 1982le village est passé de 269 à 1108 habitantsavec l’implantation d’usines dans la région d’Elbeuf », commente Philippe. Saint-Pierre-des-Fleurs devient alors un « village Renault », où de nombreux ouvriers s’installent pour travailler à l’usine.
En plus de trente ans, Philippe et Danièle ont vu le nombre d’habitants et les constructions de logements se multiplientet pourtant la vie amicale de la ville décline. « Quand je suis arrivé, il y avait au moins deux cafés où les locaux se retrouvaient. Aujourd’hui, il n’y en a plus», regrette Danièle, qui a travaillé près de 20 ans au comité des fêtes, avant de s’en lasser. « Il y avait de moins en moins de Saint-Pierrais aux épreuves, et le Covid n’a pas aidé ! »
Aujourd’hui, Saint-Pierre-des-Fleurs souhaite retrouver de la convivialité, notamment en réaménageant le centre-ville et en créant une place centrale, où les habitants pourraient se retrouver. « Il manque un vrai centre villageois, c’est vrai. Mais il faut impérativement garder l’esprit rural et la tranquillité», assurent les deux retraités, évoquant la construction d’une soixantaine de logements, également présente dans le projet de réaménagement du village.
La Société historique de Saint-Pierre-des-Fleurs invite les résidents du village ou des environs intéressés par l’histoire et ses enquêtes à se joindre à elle : [email protected]
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