Le chiffre apporte un peu de tristesse dans une période joyeuse : près de 12 % des Français s’apprêtent à passer les fêtes de Noël seuls. Pour plus de dix millions d’entre nous, le réveillon du Nouvel An n’est pas synonyme de grands repas, de retrouvailles et de convivialité. Pour ces personnes, le seul réconfort vient parfois d’un appel téléphonique, avec un numéro à composer, celui de SOS Amitiés. L’antenne nancéienne de l’association se prépare, comme chaque année, à affronter cette période de vacances, de loin la plus active de l’année.
« Les angoisses et la solitude sont renforcées par l’esprit des vacances qui domine à l’extérieur, avec les illuminations et la joie qui est censée rayonner. »
Geneviève Grison member of the SOS Amitiés team
Pas question pour les 46 auditeurs bénévoles de mettre le pied à terre et de partir en vacances. Jours par semaine, 24 heures sur 24, ils doivent pouvoir répondre aux appels.
Geneviève Grison fait partie de l’équipe, membre du comité de direction et intimée : « Nous recevons beaucoup plus d’appels dans un sens pendant la période des fêtes. Le grand pic arrive toujours à la tombée de la nuit, en fin d’après-midi. Les appelants ont parfois des pensées suicidaires, certains ont simplement de l’anxiété et n’ont personne à qui se confier. Le tout est bien sûr renforcé par l’esprit de fête qui domine à l’extérieur, avec les illuminations et la joie qui est censée rayonner. »
Anxiété croissante
Dans les prochains jours, une campagne d’affichage sera mise en place dans les transports en commun pour inciter les personnes en détresse à appeler. « C’est nécessaire car plus le temps passe, plus l’inquiétude grandit. Aujourd’hui, nous recevons des appels de personnes vivant à la campagne, où auparavant l’entraide et la solidarité étaient bien plus importantes qu’en ville. Mais cette époque est révolue. » Le profil des appelants est ainsi varié, loin de l’image de la personne âgée isolée. Par exemple, le nombre de jeunes qui contactent l’association est en augmentation, parfois dès l’âge de douze ans : « Nous avons mis en place un chat sur Internet qui facilite la communication entre les jeunes. La plupart d’entre eux ont déjà des idées suicidaires. »
La veille de Noël, les bénévoles de SOS Amitiés feront ce qu’ils font depuis 60 ans : écouter. “ Nous ne sommes pas là pour donner des conseils, mais simplement pour prêter une oreille active, fondée sur l’empathie. Chaque volontaire suit six mois de formation avant de pouvoir devenir répondant. » En moyenne, les appels durent 21 minutes et les intervenants se relaient toutes les quatre heures : « A la fin d’une telle période d’écoute on est parfois complètement vidé, car certaines situations sont très difficiles. Nous échangeons beaucoup entre bénévoles pour partager. Mais il est vrai que depuis le Covid, on ressent une anxiété croissante liée à l’actualité climatique, économique et guerrière. Tout cela se mélange à une précarité croissante… » Malgré la dureté de certaines situations, Geneviève ressent toujours ce sentiment d’être utile, irremplaçable pour aider ces personnes à traverser une période qui devrait être synonyme de joie et de bien-être.
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