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Des rivières aux eaux minérales, l’éternel polluant TFA omniprésent au Luxembourg

Dans les rivières et les eaux souterraines, dans l’eau du robinet et même dans l’eau minérale en bouteille : l’acide trifluoroacétique (TFA), la plus petite des molécules PFAS, également appelées « polluants pérennes », menace la qualité de consommation de toutes les ressources en eau, selon une série d’études de le réseau d’ONG Pesticide Action Network Europe (PAN Europe) a publié entre mai et décembre 2024. Le Luxembourg, qui a contribué à l’analyse à travers le mouvement écologiste, n’est pas épargné.

PAN Europe a révélé pour la première fois en mai 2024 « la plus grande contamination connue de l’eau à l’échelle européenne par un produit chimique artificiel ». Le TFA, produit de dégradation de nombreuses substances, notamment divers produits phytosanitaires, techniques et réfrigérants (issus principalement de l’agriculture, mais aussi des industries ou des moteurs à combustion), est ainsi présent « dans tous les échantillons d’eau » de dix pays de l’UE.

Alzette contaminée

23 échantillons d’eau de surface et six échantillons d’eau souterraine sont ainsi contaminés, avec des concentrations allant de 370 nanogrammes par litre (ng/L) à 3 300 ng/L, pour une moyenne de 1 180 ng/L. Et si d’autres PFAS sont présents dans les échantillons, le TFA à lui seul représente plus de 98 % du total des PFAS détectés, et ce à des niveaux de concentration bien plus élevés.

Au Luxembourg, le TFA est également présent, aussi bien dans les eaux de surface – sa concentration dans l’Alzette dépasse 1.200 ng/l – que dans les eaux souterraines, avec plus de 900 ng/L pour l’ensemble des eaux souterraines. du pays.

TFA présent dans l’eau potable

Un constat qui inquiète particulièrement les ONG quant aux répercussions sur la qualité de l’eau potable. Mais en juillet, une deuxième étude a confirmé cette inquiétude : sur 55 échantillons d’eau potable (eau du robinet et eau minérale) provenant de 11 pays de l’UE, 94 % étaient contaminés, avec une surreprésentation des TFA (plus de 98 %) par rapport à à d’autres PFAS.

L’eau du robinet est particulièrement impactée : sur les 36 échantillons analysés, 34 sont contaminés par des TFA, pour des valeurs allant de moins de 20 ng/L à 4 100 ng/L et pour une moyenne de 740 ng/L.

De plus, même si l’eau minérale en bouteille est censée être plus conservée, elle présente néanmoins des traces de TFA dans 12 des 19 échantillons analysés, avec des concentrations allant jusqu’à 3 200 ng/L et une charge moyenne de 278 ng/L.

Une eau minérale luxembourgeoise à 430 ng/L de TFA

En décembre, PAN Europe détaillait ces derniers résultats et révélait que le record revient à l’eau minérale naturelle de Villers, commercialisée en Belgique, et dont la source est en Wallonie, avec 3 400 ng/L. L’eau minérale de Vittel, en , a un taux de 400 ng/L.

L’échantillon d’eau minérale du Luxembourg est également contaminé, avec un taux de TFA de 430 ng/L. Le nom du producteur n’est cependant pas dévoilé : à la demande du Mouvement Écologique, “la marque luxembourgeoise concernée a été anonymisée”, précise le rapport, “compte tenu du nombre limité de producteurs d’eau minérale au Luxembourg” et alors que l’ONG considère que « la divulgation du nom de la marque pourrait focaliser excessivement l’attention sur ce seul fabricant, au lieu de mettre en lumière le problème global ».

“Il est inquiétant de constater qu’il est désormais clairement établi que l’eau minérale en bouteille est également contaminée par l’éternelle substance chimique”, commente le Mouvement Écologiste. “C’est d’autant plus problématique que les consommateurs supposent qu’il s’agit d’un produit ‘naturel’ et ‘pur’.”

Des données rares pour évaluer les risques

Mais quel est le risque réel pour la santé d’une contamination de l’eau par des TFA ? Car c’est cette question cruciale qui fait débat. Cependant, les données sont rares pour évaluer les risques sanitaires que pose ce PFAS. “Il existe étonnamment peu d’études toxicologiques malgré sa présence généralisée”, note PAN Europe. Et « sur la base des connaissances scientifiques actuelles sur la toxicité de ce produit chimique, les niveaux de TFA que nous avons trouvés semblent toujours se situer dans des limites sûres », reconnaît le réseau.

“Toutefois, les données sur la toxicité étant limitées et incomplètes, une sous-estimation du risque ne peut être exclue”, précise-t-il. « Le discours selon lequel les PFAS à chaîne courte (comme les TFA) sont inoffensifs » est désormais « de plus en plus remis en question par les preuves scientifiques actuelles », estime-t-il, citant deux études récentes sur la toxicité chronique et la toxicité des PFAS. pour la reproduction des TFA qui « présentent des effets similaires à ceux des PFAS (toxicité hépatique et anomalies congénitales) mieux étudiées et mieux connues ».

Vers une limitation légale des taux de concentration ?

Cependant, il n’existe actuellement aucune limite légale dans l’UE pour les AGT dans les eaux de surface, les eaux souterraines ou l’eau potable. PAN Europe appelle donc à « l’interdiction immédiate des pesticides à base de PFAS » ou à « la fixation d’une limite de sécurité pour l’eau potable pour les AGT au niveau de l’UE ».

La Commission européenne s’est également emparée du problème début décembre en proposant d’interdire certains pesticides en raison de la pollution par les AGT. Et une valeur limite standard pour les « PFAS totaux » de 500 ng/L dans l’eau potable pourrait entrer en vigueur dans l’UE en 2026. Les TFA seront-ils inclus ? « Des discussions sont toujours en cours pour déterminer comment et même si cela sera le cas », indique PAN Europe.

Le gouvernement luxembourgeois assure de son côté qu’il « soutient activement les initiatives au niveau européen visant à restreindre la fabrication, la commercialisation et l’utilisation des PFAS dont le TFA » et « plaide également pour des valeurs limites harmonisées au niveau européen pour le TFA ». ».

 
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