Victimes depuis 1996 du régime autoritaire de Sheikh Hasina, finalement poussés à l’exil en Inde le 6 août, de nombreux Bangladais ont toujours voulu immigrer au Canada.
Texte : Paul Boyer
Collaboration spéciale
Photos: Pierre Terraz
Collaboration spéciale
De toutes les demandes d’asile reçues chaque année au Canada, les Bangladais sont les plus nombreux à avoir déposé une demande pour des motifs de « persécution », selon la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada (CISR). L’année dernière, le Bangladesh était à égalité avec l’Afghanistan et la République démocratique du Congo, note l’IRB.
Depuis la répression sanglante menée dans les universités l’été dernier, qui a fait des centaines de morts au Bangladesh, ce sont principalement des étudiants qui ont déposé ces demandes d’asile pour le Canada.
Souvent, ils procèdent en deux étapes : ils demandent un visa pour étudier dans un établissement canadien. Et une fois au Canada, ils déposent une demande d’asile pour obtenir le statut de réfugié. Une pratique de plus en plus répandue.
En effet, depuis janvier 2024, quelque 14 000 demandes d’asile ont été déposées au Canada par des étudiants étrangers, toutes nationalités confondues. C’est un record. Plus de 3 080 demandes ont été envoyées aux établissements québécois, soit une augmentation de 41 % par rapport à l’année précédente.
Là encore, au Québec, le Bangladesh arrive en tête de liste des pays d’origine des jeunes candidats, avec l’Inde.
Le coût des études
Si de nombreux étudiants étrangers sont acceptés sur le territoire canadien, les jeunes Bangladais souhaitant rejoindre le Canada font face à de nombreuses difficultés. Le coût des études est le principal obstacle : « Les frais de scolarité au Canada pour les étudiants bangladais varient entre 16 000 et 30 000 CAN $, selon que vous êtes étudiant au premier cycle ou au MBA. C’est énorme pour une famille au Bangladesh, où le revenu annuel moyen est estimé à moins de 4 000 dollars canadiens », constate un conseiller pédagogique du cabinet de conseil Sangen, basé à Dacca et spécialisé dans l’aide aux étudiants pour l’obtention de visas étrangers.
Et d’autres obstacles existent, même pour ceux qui obtiennent des bourses : celles-ci s’élèvent jusqu’à 60 000 $ CAN et sont financées par le gouvernement du Québec, selon le cabinet Sangen. Avant de pouvoir entrer sur le territoire, ces demandeurs doivent prouver qu’ils disposent d’un minimum d’environ 13 000 $ CAN sur leur compte bancaire. Ce n’est pas une mince affaire.
A 29 ans, Ahnaf espère pouvoir s’envoler pour le Canada d’ici février 2025. Le jeune homme a obtenu une bourse qui lui permettrait de voyager. En attendant, il travaille comme barista dans un café du quartier de Panthapath, situé au centre-ville de Dhaka, afin de récolter les fonds qui lui manquent pour la validation de son visa.
« Là-bas, j’aimerais étudier l’ingénierie. Le Canada compte un grand nombre de spécialités dans ce secteur et des formations prestigieuses pour devenir ingénieur. Cette reconversion serait un tournant dans ma vie. Je vais juste devoir m’habituer au froid», explique celui qui travaillait jusqu’à récemment comme ouvrier dans l’industrie textile au Bangladesh.
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