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cinq femmes agressées gratuitement en centre-ville

Par

Nicolas Démollien

Publié le

22 décembre 2024 à 8h02

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C’était une affaire choquante. À tribunal de Lille (Nord), un homme de 38 ans a été jugé comparution immédiate le 16 décembre 2024, pour violence basée sur le genre. En effet, aucune autre explication n’a été donnée pour coups qu’il a donnés à cinq femmes 10 et 12 décembre. Alcoolique, le sans-abri à plusieurs reprises, il a frappé ou tiré les cheveux de plusieurs femmes dans la rue, sans raison apparente. Au-delà d’un certain choc, les victimes dénoncent un «grand malentendu». L’avocat du prévenu évoque des problèmes psychiatriques. Narratif.

Il s’en est pris gratuitement à des femmes à Lille

Il est 11h40 mardi 10 décembre lorsque Sandrine* quitte son travail pour aller déjeuner. Elle se promène tranquillement rue Léon Gambetta, à Lille (Nord), lorsqu’un individu « lui arrache les cheveux par derrière » en lui disant : « Ça t’apprendra ! »

Mais l’agression ne s’arrête pas là. L’homme « brandit son poing droit » et la frappe à la tête avant de « la jeter à terre ». Complètement « contrôlé », l’agresseur lui a donné « de nombreux coups de pied sur le côté » avant de repartir « sereinement, les mains dans les poches ».

Sous le choc, Sandrine* se réfugie au commissariat préfectoral. Selon le SDF, la femme l’aurait “visé avec des mouvements de bouche”, ce qui aurait provoqué sa colère. Le prévenu de 38 ans ajoute qu’il « s’est peut-être laissé emporter ».

Deux jours plus tard, ce même homme s’en est pris à quatre autres jeunes femmes dans un « état d’ivresse manifeste ». A 17h35, Clara* ferme les volets de son appartement du rez-de-chaussée lorsqu’elle croise sa voisine Lucie*. Elle revient d’une promenade avec son chien mais la prévient directement : « Il y a un type bizarre qui me suit depuis un moment. »

En effet, un sans-abri s’approche d’eux et s’arrête. Les jeunes femmes n’ont pas le - de se demander ce qu’il fait, qu’il leur donne une série de coups de poing « au visage et au cou ».

Vers 18 heures, c’est Louise* qui sort de chez elle et se retrouve « nez à nez » avec un homme à qui elle dit bonjour, mais qui « ne lui inspire pas confiance ». La jeune femme regagne sa voiture mais alors qu’elle s’apprête à monter à bord, elle entend le même homme lui crier violemment : « Donnez-moi les clés ! « .

Louise se met alors à courir, menaçant l’homme d’appeler la police, mais il la poursuit. Ce n’est que lorsqu’un joggeur est intervenu que l’agresseur a pris la fuite.

Finalement, il était vers 18h40 lorsque la police reçut un appel d’une femme de 25 ans. Manon* « s’est réfugiée dans une librairie » suite à une agression. Elle se promenait avec un ami lorsqu’un individu l’a « frappée au visage », « la jetant à terre ». L’homme se serait enfui vers le marché de Noël.

“Je n’aime pas les femmes, c’est un choix de ma part”

Devant le tribunal, le président a déclaré avoir rarement vu des violences « aussi gratuites ». Lors de son audition, le prévenu a indiqué des gestes totalement misogynes : “Je n’aime pas les femmes, c’est un choix de ma part.”

A la barre, l’homme de 38 ans balbutie des excuses qui ne convainquent pas : « A part m’excuser, je ne sais pas quoi dire. »

Pour les victimes, ça ne marche pas. « S’il [avait] un couteau, nous [était] mort! » se souvient Lucie. Manon, de son côté, dénonce un comportement « vraiment lâche, totalement injustifié et inhumain ».

« Très choquées », les jeunes femmes font état d’une « grande incompréhension ». S’ils sont présents au tribunal, c’est parce qu’il est « hors de question de céder à la peur », clame leur avocat. « Auraient-ils dû cesser d’exister ? Que ce ne sont pas des femmes ? », demande rhétoriquement ce dernier.

Rappelant « des scènes de violence et des coups », elle demande une indemnisation de 5 100 euros pour le préjudice causé.

De son côté, l’avocat de la défense plaide des problèmes psychiatriques : « Personne ne peut comprendre ce qu’il dit, moi encore moins ! » Selon elle, tout s’explique par une probable « décompensation psychologique ».

Selon elle, « la prison fermée n’est pas la solution » pour un individu qui a plutôt « besoin de soins et de soutien d’urgence ». »

Au-delà de cette affaire, c’est toute une société qui se reflète. Le procureur rappelle que pour beaucoup de femmes, « la rue est une zone d’insécurité ». « Ce que toutes les femmes craignent leur est arrivé », ajoute-t-elle.

Le procureur décrit un homme dont la personnalité est « particulièrement inquiétante », rappelant qu’il choisit des « profils relativement similaires » : « des jeunes femmes seules ou sans hommes et vulnérables ».

C’est pourquoi elle appelle la justice à « prendre ses responsabilités » et à « prendre en compte la multiplicité des victimes et les modes opératoires ». Elle requiert donc quatre ans de prison pour le SDF, dont deux avec sursis, et souligne qu’il serait « important de l’évincer de Lille ».

Une peine « à la hauteur de la gravité des faits » et confirmée par le tribunal. Le prévenu est également tenu de prodiguer des soins psychologiques et addictologiques.

Par Zoé Hondt

*Les prénoms ont été modifiés.

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