Toute la journée de ce samedi 21 décembre, ils ont défilé chez Hippocampe, une entreprise de la zone d’activité Tresses, dans la banlieue rive droite de Bordeaux, les bras chargés de colis. Ils déposent devant l’entrepôt des dizaines de packs d’eau, de nourriture, de vêtements, tout ce qui manque à Mayotte depuis le passage du cyclone Chido il y a huit jours.
Mahorais installé à Bordeaux depuis l’âge de 16 ans (en 2006), Ibrahim Chaharmane a créé cette société d’import-export il y a quatre ans. Elle expédie régulièrement plusieurs conteneurs par semaine, via Le Havre, vers l’Afrique, la Réunion ou Mayotte. « Nous transportons tous types de produits, meubles, électroménager, voitures, denrées alimentaires. Mais depuis le passage du cyclone, nous avons décidé de transporter gratuitement tout ce qui devait aider Mayotte », explique-t-il.
Transport long et coûteux
Le conteneur de premiers secours se remplit ce week-end, l’entrepôt de l’Hippocampe regorge de dons. « Nous avons apporté des produits alimentaires non périssables, des conserves, des pâtes, du riz et des packs d’eau. On a acheté ça ce matin, on a pris un peu de tout, des haricots verts, des haricots rouges, des petits pois et des carottes… », raconte Oumeiat Joris, dont le père est mahorais et dont la mère est comorienne, basée à Cenon. Plusieurs membres de sa famille sont à Mayotte : « Nous n’avons pas encore pu les joindre car les communications ne fonctionnent pas encore, mais nous savons qu’ils sont en sécurité », ajoute-t-elle.
Même si le conteneur qui part ce lundi 23 décembre n’arrivera pas sur place avant début février, après une longue escale à Maurice, au terme d’un voyage peu adapté à l’urgence, les dons affluent. “Je ne vais pas le faire plus vite”, s’excuse presque Ibrahim. Je suis en contact avec la mairie de Pau, ils parlent d’un canal direct mis en place par Bayrou, si on avait ça, ça ne pourrait mettre que trois semaines pour arriver à Mayotte. » Le transport est très long, mais aussi coûteux : 5 600 euros en moyenne par conteneur. Pour amortir le chargement, les prochains conteneurs mélangeront les marchandises, avec une proportion payée pour payer le voyage, et gratuite pour assurer la solidarité.
« Nous aidons comme nous pouvons »
Mohamed, qui vient aussi déposer une quantité de nourriture, explique : « On aide du mieux qu’on peut, ce qui s’est passé est une catastrophe, c’est triste. Nous sommes venus aider, nous avons apporté de l’eau, des vêtements, de la nourriture, nous nous sentons tous impliqués, nous avons de la famille là-bas. Il faut contribuer. Dans ces moments-là, on voit de la cohésion, de la solidarité, de l’entraide. Les gens essaient de se remettre sur pied, mais cela prendra du -. »
Plusieurs Mahorais vivant en Gironde espèrent que la tragédie de Mayotte fera prendre conscience de la nécessité non seulement de contribuer à restaurer ce bout de France lointain, mais aussi de combler son déficit de développement. “On dit toujours c’est la France, c’est la France, mais il faut vraiment aider cette partie du pays, pour que le gouvernement se réveille”, déclare Oumeiat Joris. Tout comme le transport de conteneurs, la reconquête de Mayotte prendra également du -.
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