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Mélissa et Nasibé, bien que scolarisés dans une école primaire, naviguent de squat en squat jusqu’aux campements de fortune aux terre-pleins des carrefours. A l’approche des vacances de Noël, ils dorment sous des tentes rue Jacques-Babinet.
La bruine venteuse imbibe peu à peu son pantalon de jogging violet dans un décor lugubre fait de morceaux de plastique et de déchets en tout genre mais la petite Mélissa garde le sourire. Comme si plus rien ne pouvait l’atteindre, comme si son corps de 11 ans s’était transformé en la coque d’un robot en acier inoxydable. Avec sa sœur aînée Nasibé et leurs parents, ils habitent actuellement sur un terrain situé entre l’avenue de Reynerie et la rue Jacques-Babinet. Les deux filles fréquentent une école à Ponts-Jumeaux dans des classes adaptées pour les non-natifs, à 6 km.
« On y va à pied. Avant de commencer les cours, on prend une douche dans un squat à proximité », raconte Mélissa. L’année dernière, exactement à la même époque, la famille a trouvé refuge au pied de la station de métro Basso-Cambo, Allée Marc Saint-Saëns. Depuis, ces personnes d’origine albanaise se retrouvent régulièrement à la rue, à chaque fois que le squat qu’elles occupaient est démantelé, notamment dans le quartier de la Croix-de-Pierre.
Fatima explique avoir appelé le 115 pendant cinq mois sans succès pour obtenir en urgence des nuits d’hébergement pour la famille. Agée de 47 ans, cette femme, marquée par des années de vie dans la rue, peine à leur offrir un toit. « Cela fait cinq mois que j’appelle le 115 pour qu’ils passent quelques nuits dans un hébergement d’urgence, ça n’a jamais abouti. C’est la même chose avec les services sociaux dédiés aux enfants », affirme-t-elle.
Selon Fatima, huit enfants en âge scolaire passeraient leurs nuits sous des tentes, une situation qui, si elle se confirmait, susciterait de vives inquiétudes. Ils viennent tous des pays de l’Est.
Certaines familles sont regroupées sur deux plates-formes qui surplombent le périphérique. Ils essaient de collecter de maigres pièces aux feux rouges. Pour se nourrir, ils récupèrent les invendus abandonnés devant les supermarchés. Fatima mentionne également un marché souterrain dans le quartier où ces produits sont vendus à bas prix. Les lieux seraient régulièrement évacués par la police. Ce qui rendrait encore plus difficile la survie de ces familles.
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