Des paquebots, des Batos et bientôt des (petits) cargos ? Après les croisières touristiques et la multiplication des ex-Batcubs qui se rendent désormais à Bègles, la reconquête du fleuve attend désormais le retour des va-et-vient des commerçants, pour réduire le nombre de camions sur les routes. La relance du fret fluvial occupe depuis plusieurs années les acteurs locaux entre la capitale girondine et Damazan, dans le Lot-et-Garonne. Ou comment organiser les rotations entre le canal de Garonne et le terminal multivrac de la zone industrialo-portuaire de Bassens, un peu comme aux belles heures du « Port de la Lune », quand les quais du centre-ville servaient encore à décharger les bateaux, jusqu’au milieu du 20e sièclee siècle. Et faire de la zone portuaire un carrefour entre les routes maritimes et le réseau ferroviaire, dans un ballet multimodal complet, jusqu’aux coursiers du « dernier kilomètre ».
En octobre, « la Tourmente », une barge capable de transporter une centaine de tonnes, a chargé un lot de pneus broyés de la société lot-et-garonnaise Soregom pour l’acheminer vers le site de stockage bordelais, d’où il est réexpédié. -exporté par voie maritime. La barge est repartie avec du bois provenant de l’entreprise professionnelle de collecte des déchets de construction, Ecofield. “Cette opération logistique a permis de transporter deux chargements issus de l’économie circulaire, dans le but de pérenniser la desserte entre les deux villes”, résume le Grand Port Maritime de Bordeaux (GPMB). Preuve que « cette dynamique se dessine », deux ans après la signature d’un schéma directeur des aménagements fluviaux métropolitains.
Logistique et manutention
A l’automne 2022, Bordeaux Métropole a mené une autre expérimentation, réalisée par la société Emulsion, pour acheminer vers la ville une livraison de produits alimentaires arrivant par bateau sur les quais de Bordeaux en provenance, déjà, de Damazan. Elle avait également lancé une étude pré-opérationnelle, menée par Jonction et Fludis, qui propose des solutions de logistique urbaine décarbonée. Il sera livré à l’été 2025 et devra identifier les types de marchandises, les sites logistiques, les outils de manutention, les types de bateaux et toute « l’équation économique pour rendre ce système vertueux », explique Bordeaux Métropole, qui travaille sur le sujet. avec le port, les Voies navigables de France, les opérateurs fluviaux et cyclologistiques.
Périmètre Unesco et marées
Une concertation est en cours avec les entreprises de logistique et les transporteurs. « On peut espérer que d’ici mi-2027, nous serons en mesure de proposer une première solution », assure Kevin Janin Nuez, responsable projets et développement chez Fludis. Mais il faut composer avec un vaste territoire classé par l’UNESCO et un phénomène de marée important sur la Garonne. « Les systèmes de grues qui étaient autrefois sur les quais pour décharger les bateaux ne sont plus possibles aujourd’hui. D’autres solutions de transbordement doivent être trouvées. »
« Les systèmes de grues qui étaient autrefois sur les quais pour décharger les bateaux ne sont plus possibles aujourd’hui. Il faut trouver d’autres solutions »
Pour les bateaux, “on peut imaginer des barges flottantes, comme il y en a sur la Seine, mais rien n’est décidé”. Il faudra également coordonner les transports avec le réseau Bato TBM. Tout reste encore à définir. Mais l’idée de Bordeaux Métropole serait de créer un réseau de transport fluvial connecté à d’autres modes de transport comme les tricycles, via des « hubs » logistiques répartis dans toute la ville. Ce n’est d’ailleurs pas la moindre brique du vaste plan de décarbonation mené par le Port, qui vise à « tripler » sa capacité de report modal. L’enjeu n’est pas minime : en passant par la mer, les 6,2 millions de tonnes qui transitent via le Port évitent l’équivalent de 350 000 camions sur les routes.
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