A 42 ans, Vincent* habite au Port Saint-Georges à Nancy. Il y a acquis une péniche en 2021 dans laquelle il vit toute l’année. Un mode de vie qu’il a adopté sans trop de difficultés. « J’ai l’impression de vivre à l’opposé des gens. J’achèterai une maison avec un jardin que je pourrai entretenir à ma retraite”il plaisante. Pourtant, avant d’investir dans un bateau, l’idée ne lui avait jamais traversé l’esprit. A cette époque, Vincent était locataire d’un « petit appartement » à Lyon et ressent une envie de dépaysement. S’il envisageait de devenir propriétaire, il s’est vite rendu compte qu’acquérir un bien immobilier dans la Ville Lumière dépassait ses moyens financiers, même en périphérie. « J’ai pris rendez-vous avec ma banque pour savoir combien je pouvais emprunter. Une fois le montant défini, je l’ai saisi en effectuant ma recherche sur le site d’achat et de vente Leboncoin. » Il s’avère que la seule offre qui ressortira de cette recherche s’avère être une péniche à Nancy.
« Ma première réaction a été de dire « certainement pas » »se souvient-il, aujourd’hui confortablement installé dans sa maison flottante. Après plusieurs jours, il revient finalement sur sa première impression et laisse l’idée mûrir. Vivre sur une péniche correspond davantage à votre style de vie. En effet, Vincent est en déplacement. « Disons que je déménage tous les trois ans. Repartir de zéro, relever de nouveaux défis, j’adore ça. D’autant plus que je n’avais pas fixé de destination lors de mes recherches. » Pouvoir déménager avec sa maison s’est donc avéré être une bonne solution. « Je pensais que cela résoudrait le problème d’un point de vue pratique. » Complètement étranger au monde maritime, Vincent a passé son permis bateau avant de s’installer. « J’ai fait mes cours sur le Rhône, au confluent avec la Saône… Je peux vous dire qu’il y avait beaucoup de courant. » Le canal de Nancy doit paraître bien calme en comparaison.
Minimaliste et économique
Il faut cependant être minimaliste pour vivre sur un bateau, concède-t-il. A l’intérieur, ses seuls meubles sont ses canapés, son lit, une table basse, une table à manger et ses meubles de cuisine, hormis l’électroménager.
« C’est un bon compromis pour les personnes aux petits revenus, comme moi. »
Vincent, résident du Port Saint-Georges à Nancy.
Pas d’armoire ni de commode, il faut se contenter de placards encastrés dans les murs comme seul espace de rangement. « Heureusement, je ne suis pas une personne matérialiste, donc ça me convient. » Outre ce détail, vivre sur une péniche présente des avantages, notamment économiques. « C’est un bon compromis pour les personnes aux revenus modestes, comme moi, car on ne paie pas de taxe foncière. » C’est également un article beaucoup plus facilement accessible à l’achat. « Le bateau étant équipé d’un moteur, il s’agit d’un bien meuble et non d’un bien immobilier. Cela se fait un peu comme acheter une voiture, il n’y a que quelques démarches administratives à accomplir. » Fini les frais de notaire.
Il veut encore balayer certaines idées reçues. « Vivre sur un bateau ne signifie pas une liberté absolue. Je ne peux pas m’installer n’importe où ni me déplacer comme je veux car je dois suivre les chaînes. » Justement, la question de la localisation commence à se poser, en raison des travaux prévus par la municipalité sur le port de Saint-Georges, obligeant ses résidents à partir d’ici l’été 2025. Outre la localisation située dans le quartier des Trois Maisons, le port le plus proche est à Toul.
Plus proche de la nature
Vivre sur une péniche, c’est aussi être proche de la nature. « Quand je suis venu visiter avant d’acheter, j’ai regardé par la fenêtre et un cygne passait au même moment. Quand je me suis dit que cela allait être mon quotidien, j’ai tout de suite été conquise. »il se souvient. Si le ballet des canards, cormorans et autres oiseaux constitue un véritable plaisir que Vincent apprécie, il faut parfois savoir gérer certains imprévus. Particulièrement en été, pendant la période de reproduction des carpes. « Pour être fécondées, les femelles viennent s’installer sur des surfaces planes, en l’occurrence sous les barges, en attendant qu’un mâle vienne littéralement s’écraser sur elles. La première fois, j’ai été réveillé au milieu de la nuit par un grand « boum ». Cela m’a fait vraiment drôle. »
* Le nom de famille n’est pas indiqué intentionnellement.
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