Le document était très attendu: la Commission d’enquête parlementaire (CEP) sur la gestion par les autorités de la chute du Crédit Suisse (lire le rappel ci-dessous) a publié ce vendredi ses conclusions, ainsi que les neuf expertises qu’elle a commandées. Comme elle l’avait déjà laissé entendre dans un rapport intermédiaire, elle accuse de nombreux acteurs, mais surtout la banque elle-même. «La mauvaise gestion du Crédit Suisse depuis des années est à l’origine de la crise», écrit le CEP dirigé par la conseillère d’Etat centriste Isabelle Chassot.
Si la banque est avant tout coupable de son propre sort, le rapport pointe plusieurs manquements des autorités. Malgré cela, le CEP ne leur reproche « aucun comportement fautif qui aurait provoqué la crise du Crédit Suisse, et note que ce dernier a évité une crise financière mondiale en mars 2023 ».
La commission a étudié trois étapes de la crise. Dans le premier, entre 2015 et 2022le CEP constate que le Parlement et le Conseil fédéral avaient laissé trop de place aux exigences des grandes banques lors de l’élaboration de la loi « trop grande pour faire faillite » en raison des risques pour le système). Elle constate également que la surveillance de la FINMA n’a eu qu’un effet limité: malgré de nombreux avertissements et procédures, «le Crédit Suisse enchaîne les scandales». La FINMA aurait alors dû retirer son certificat « d’activité irréprochable », estime le CEP. Au contraire, elle lui a alors accordé, de manière incompréhensible, une réduction de ses réserves en fonds propres.
À partir de l’automne 2022la banque aurait été « absolument incapable » de remplir les exigences légales en vigueur avant l’octroi du redressement. Elle s’est retrouvée « au bord de l’insolvabilité » en décembre en raison de sorties massives de capitaux. Elle était alors en mode crise, et « durant cette phase, toutes les autorités impliquées n’avaient pas le même niveau de connaissance ; cela a peut-être retardé leur intervention résolue.
Pendant la phase de « crise aiguë »tandis que les scénarios étaient analysés, la crise des banques régionales aux Etats-Unis a surpris les autorités fédérales, qui ont néanmoins pu soutenir la solvabilité du Crédit Suisse jusqu’à la fin de la semaine. « Le CEP reconnaît la performance des autorités en mars 2023, qui ont évité une crise financière mondiale », écrit-elle. Et ce, en veillant à ce que les intérêts respectifs du Crédit Suisse et de l’UBS soient équilibrés, sans perdre de vue les finances de la Confédération. Une solution impliquant une banque étrangère aurait été préférable pour la compétitivité de la Suisse, estime-t-elle, mais n’était plus possible compte tenu de l’urgence.
Le CEP conclut par vingt recommandations au Conseil fédéral, ainsi que six postulats, quatre motions et une initiative parlementaire. La législation relative aux banques d’importance systémique doit être revue de toute urgence, juge-t-elle, notamment pour mieux prendre en compte les chevauchements internationaux et les crises de confiance. L’allégement du capital devrait également être limité. La taille monumentale de l’UBS aujourd’hui doit également être prise en compte dans la nouvelle réglementation. La communication doit également être améliorée, notamment les informations émanant du Conseil fédéral. Ces derniers pourront réagir en prenant position d’ici la prochaine session, et les objets soumis seront examinés par le Parlement.
Un travail minutieux et monstrueux
La commission d’enquête parlementaire sur la gestion par les autorités de la crise du Crédit Suisse est…
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