L’ancien Café des Sports du Lion-d’Angers va être repris par un ancien membre de l’association d’extrême droite L’Alvarium. Un collectif appelé Bien Vivre Ensemble au Lion-d’Angers s’oppose à ce projet. La mairie se réfugie derrière la loi et appelle à l’apaisement.
Publié : 8h16 – Modifié : 8h38 par Alexis Vellayoudom
L’ancien café des sports, repris par un proche de l’extrême droite, a été tagué le 18 décembre.
Crédit : Alexis Vellayoudom
Le malaise perdure autour du Café des Sports du Lion d’Angers. Dans la nuit de mardi à mercredi, le bâtiment a été tagué avec l’inscription « Facho dehors ». Preuve en est la reprise de ce bar du centre-ville, rue du Général Leclerc, par Louis Guimon, ancien membre de l’association angevine d’extrême droite L’Alvarium, dont l’association a été dissoute par le gouvernement en 2021 pour «incitation à la haine et participation à des actes de violence», fait encore grand bruit. Même s’il affirme aujourd’hui n’avoir plus aucun lien avec l’association, un collectif d’habitants, baptisé Bien Vivre Ensemble au Lion-d’Angers, craint que le lieu ne serve de lieu de rencontre aux militants identitaires locaux. La municipalité s’est exprimée avec un embarras palpable.
« S’il devait y avoir un trouble à l’ordre public, je n’hésiterai pas à y mettre fin »
Il fallait briser le silence, même si cela signifiait faire « un peu de plaisanterie »selon les mots du maire. Lors d’une conférence de presse étonnamment courte, Le maire Etienne Glémot s’est réfugié derrière les faits et la loi. Tout en rappelant qu’une demande d’ouverture d’un Etablissement ouvert au public (ERP) avait été déposée, l’édile Lions et ses élus, d’habitude à l’aise dans ce type d’exercice, ont donné l’impression de marcher sur des œufs. “La politique menée par la Ville est à l’opposé des idées promues par l’ancien Alvarium. Le Lion-d’Angers ne doit pas être lié à des valeurs extrémistes et illégales“, ont-ils précisé. Etienne Glémot a expliqué que la ville était vigilante : «Je ne connaissais pas Alvarium I, mais j’ai évidemment lu ce que c’était et comme c’était illégal, évidemment, les personnes qui avaient autorité pour contrôler cette légalité ont pris leur responsabilité, le Ministre de l’Intérieur dans cette affaire. Il est clair que s’il possédait un Alvarium II, il serait évidemment arrêté. Aujourd’hui, je n’ai pas d’écho sur un tel sujet au Lion-d’Angers. Il y a une crainte chez certains, mais aujourd’hui, nous n’avons aucun signe extérieur sur un tel sujet qui nous revient dans la vie quotidienne. Cette vigilance est importante, pour que l’on puisse rester serein et que tout se passe bien« .
Crédit : Marie Chevillard
Le maire rappelle également quec’est un lieu privé, avec la législation qui correspond : « Nous sommes un pays de liberté, de liberté d’expression, de presse, mais aussi d’association, de liberté de commerce. C’est dans toutes ces libertés qu’intervient la ville. Les gens nous disent « oui, pendant la manifestation, c’était tendu, etc. » C’est pourquoi je suis très prudent. Pour moi, c’est le début des aspérités. S’il provoque un trouble à l’ordre public, je n’hésiterai pas à mettre fin à ce trouble à l’ordre public. parce que c’est simplement ma responsabilité. Aujourd’hui, c’est encore un lieu qui semble fermé, bien souvent. Il n’y a rien en dehors du filtrage donc nous ne savons pas« Justement, du côté procédural, la demande d’ouverture de l’ERP est actuellement en attentepuisque le fichier d’accessibilité est manquant. Le processus prend généralement trois mois.
Une association s’oppose à son installation
Depuis le début du projet, un collectif de citoyens est monté au créneau. Le 26 juin, L’Ensemble Bien Vivre au Lion-d’Angers a réuni 200 personnes pour dénoncer «l’installation d’un groupe affilié à l’extrême droite identité au cœur de la ville dans l’ancien café des sports« Ces opposants craignent que le bar ne devienne un lieu de rassemblement des milieux d’extrême droite angevins et d’une profusion d’idées haineuses. Selon eux, avant même la validation de l’ouverture d’un établissement recevant du public, le futur manager aurait organisé une réunion d’une vingtaine de personnes le 23 novembre, « regroupant des membres du Mouvement Chouan, de l’Academia Christiana, de l’Institut Iliade et de l’ancien Alvarium, des organisations et groupuscules dont la participation active à la propagation de discours haineux, xénophobes, racistes et violents est avérée.», affirme le collectif.
Crédit : Marie Chevillard
Le collectif qui compte des habitants, mais aussi des militants de gauche et d’extrême gauche, souligne également ce qu’il appelle «inaction et procrastination“de la mairie. “Nous, collectif de citoyens pacifistes engagés pour une vie démocratique apaisée et exigeante, ne laisserons pas basculer notre territoire sans réagir, nous ne tournerons pas la tête, nous ne laisserons pas cela arriver« .
Suite au tag de cette semaine, la commune du Lion-d’Angers a pris des photos, qu’elle a transmises au parquet d’Angers. Dans un communiqué envoyé ce jeudi, elle annonce que «le propriétaire a reçu l’ordre de remettre très rapidement la façade dans son état d’origine pour mettre fin au problème“ et rappelle que « Chacun a la liberté de vivre où il veut et d’exercer ses activités conformément à la loi ». La municipalité appelle au calme et conclut « nous devons tous être exemplaires et montrer que la seule voie à suivre est celle de la tolérance et du respect des lois de la République ».
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