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le port de Bordeaux accusé de polluer les riverains

Par

Anaelle Montagne

Publié le

20 décembre 2024 à 6h32

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« Le nuage de fumée blanche s’échappait d’ici », commence Hélène. Depuis son balcon qui surplombe le port, elle montre la forme fonctionnelle du réaménagement des Bassins à flot. Les employés du port y exercent des activités de transport. réparation de navire en plein air à peine 15 mètres des résidences, et c’est justement ce qui coince depuis des années.

« Ils nous empoisonnent en toute impunité », affirme l’habitant et secrétaire général de l’association Bassins à Flot (Devbaf) pour la défense de l’environnement et de la qualité de vie.

Autre exemple encore, la récente rénovation d’une ancienne navette Batcub a créé un imposant “nuage de pollution” qui montait vers les maisons. Dans l’idée de « prendre le Port en flagrant délit », les riverains sont allés jusqu’à impliquer un huissier fin novembre pour observer les nuisances.

La transformation du quartier et les activités portuaires

En seulement dix ans, le quartier des Bassins à Flot s’est complètement transformé. Des résidences, des commerces et des écoles sont apparus sur des friches industrielles. Au total, certains 15 000 habitants peuplent désormais le quartier, bon nombre d’entre eux installés le long du port.

Le plan d’occupation du secteur, les zones bâties et habitées étant signalées en rouge, les zones d’activités du GPMB en violet. (©Convocation sommaire du Grand port maritime de Bordeaux))

Mais parallèlement, le Grand Port Maritime de Bordeaux (GPMB) a également a repris ses activités sur ce domaine qu’il avait « abandonné depuis longtemps », explique Isabelle, membre de la Devbaf. Ils avaient en effet été déplacés en amont du fleuve dans les années 1970, jusqu’à l’arrivée d’Alain Juppé en 1995, bien décidé à donner une seconde vie aux quais des Bassins à flot.

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« Mais Alain Juppé a refusé que le Port réalise un carénage à ciel ouvert, soutiennent les membres de la Devbaf. Tout a changé avec l’arrivée d’une nouvelle commune et, par la même occasion, du nouveau directeur du GPMB, Jean-Frédéric Laurent, en 2019″, (même si les formes de réaménagement ont été rouvertes en 2017, ndlr).

L’huissier pris de quintes de toux

Depuis, les riverains s’élèvent notamment contre les carénages à ciel ouvert à quelques mètres de chez eux et contre la pollution des eaux qu’ils soupçonnent le Port de provoquer.

En janvier déjà, ils manifestaient pour dénoncer les conséquences « désastreuses » de ces activités sur leur santé. Avant de convoquer le Port en référé, sans obtenir gain de cause. Alors ce nouvel épisode de pollution, le « nuage blanc », est un peu trop fréquent.

Le nuage de fumée blanche provoqué par les activités de carénage fin novembre. (©Association Devbaf)

Dans un document quiL’actualité bordelaise a pu consulter, l’huissier mandaté par l’association a constaté la présence d’un “nuage de fumée” et a affirmé ressentir une gêne “au niveau de la gorge et (…) de la respiration”, avant d’expliquer qu’il était “personnellement avoir des quintes de toux inhabituel » suite à son arrivée.

“Et c’est loin d’être la première fois que cela arrive”, soulignent les membres de la Devbaf. En 2022 par exemple, lors du découpage d’un vieux bateau porteur de 350 tonnes, un important nuage de fumée noire s’échappait après le goudron qui constituait les tôles avait pris feu.

Des activités incompatibles avec la proximité des habitations ?

Aujourd’hui, les membres de l’association espèrent pouvoir s’appuyer sur le constat d’huissier pour réitérer leur demande : « Nous souhaitons que le Port procède à une étude d’impact environnementalde prouver l’incompatibilité de ses activités avec la proximité des résidences. »

Depuis 2011 – alors qu’il n’y avait presque plus pas de logement autour des formulaires de refit – aucun étude d’impact n’a pas été réalisée. Y compris lorsque le GPMB a déposé un permis de construire pour la rénovation du Hangar 37, destiné à accueillir une entreprise de carénage et d’architecture navale.

«Éviter à tout prix l’étude d’impact»

Ce permis a été révoqué par le tribunal administratif en mai. Et pour cause : le tribunal explique que le Port a déclaré la base du projet (le terrain sur lequel doit être érigée la construction) sur « un terrain de 6 513 m2« .

Or, le projet englobe en réalité « l’ensemble des infrastructures nord du bassin flottant n°1 », soit « une superficie d’au moins 80 000 m² ».

Pour Hélène et Isabelle, c’est une évidence : si le GPMB déclarait seulement les 6 000 m2c’est justement « parce qu’ils veulent à tout prix éviter de soumettre une évaluation environnementale », que la loi exige pour les projets de plus de 10 000 m2.

Le tribunal a donc demandé au Port de régulariser ces « vices de forme » d’ici janvier 2025 et décidera alors de soumettre ou non une étude d’impact.

Que dit le GPMB ?

Le Port, de son côté, reste campé sur ses positions. En janvier déjà, le directeur administratif et financier du GPMB Renaud Piecard regrettait le manque de preuves tangibles concernant les graves allégations formulées par les riverains.

Il a insisté sur le fait que le Port est soumis à de nombreuses réglementations et des contrôles réguliers de l’État – en raison de son classement comme installation classée pour la protection de l’environnement.

Contacté par L’actualité bordelaisele Grand Port Maritime de Bordeaux n’a cette fois pas souhaité communiquer sur le sujet.

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