Après avoir évité les journalistes pendant toute une semaine de crise politique à Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau annoncera vendredi qui, parmi ses troupes libérales, a toujours sa confiance pour former le nouveau conseil des ministres et gérer le retour au pouvoir du futur président américain Donald Trump le 20 janvier.
Un remaniement de l’équipe des ministres libéraux était devenu nécessaire après une année qui a vu pas moins de neuf ministres quitter le cabinet. En particulier, le départ surprise de la ministre des Finances Chrystia Freeland, lundi, a donné un nouveau souffle à la révolte des députés libéraux d’arrière-ban, de plus en plus nombreux à exiger publiquement la démission de leur chef.
Justin Trudeau a annulé toutes ses entrevues de fin d’année avec les médias. Certains de ses ministres ne se sont pas non plus précipités devant les caméras pour lui réitérer leur soutien. Le chef libéral n’a toutefois rien laissé transparaître lors d’un discours prononcé avec le sourire devant ses députés et employés politiques, lors du party de Noël libéral, mardi soir. Il a comparé le mécontentement à son encontre à un conflit familial et n’a rien dit qui laisse penser qu’il avait l’intention de démissionner.
A l’aube d’une année électorale au Canada et à un mois de la formation d’un nouveau gouvernement Trump aux États-Unis, le premier ministre en difficulté au sein de son propre parti se trouve confronté à des choix décisifs pour le pays. Aperçu.
Qui sera responsable de la frontière ?
La responsabilité de la sécurité publique devrait être retirée au ministre acadien, Dominic LeBlanc, a confirmé à Devoir différentes sources proches du dossier. Cet ami proche de Justin Trudeau, également responsable des Affaires intergouvernementales et des Institutions démocratiques, s’est vu confier lundi une mission encore plus importante : il a dû remplacer la ministre Freeland, des Finances, au pied levé, le jour même de sa démission et de la libération de une mise à jour économique du gouvernement.
Le ministre LeBlanc était présent au dîner de Thanksgiving partagé par Justin Trudeau et Donald Trump à la fin novembre. Sa mission était de rassurer le prochain président sur le fait que le Canada prenait au sérieux ses craintes en matière de protection des frontières. Son successeur devra mettre en œuvre le plan détaillé présenté mardi, qui comprend des hélicoptères, des drones et plus d’une centaine de nouveaux agents pour surveiller la plus longue frontière terrestre du monde.
Qui doit gérer Trump ?
Le gouvernement du Canada pourrait créer un ministre responsable des relations entre le Canada et les États-Unis. Ce nouveau poste, dépourvu de véritable ministère, a été proposé à Chrystia Freeland vendredi dernier, ont confirmé diverses sources. C’est précisément la raison de la démission de la numéro deux du gouvernement, qui a préféré quitter le cabinet plutôt que d’être transférée des Finances, a-t-elle écrit dans une lettre de démission meurtrière partagée sur les réseaux sociaux.
Peu avant l’arrivée au pouvoir du premier gouvernement Trump en 2017, Chrystia Freeland a été nommée ministre des Affaires étrangères du Canada. Elle a ainsi dirigé la diplomatie canadienne durant une partie de ce premier mandat, marqué par une renégociation de l’accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Huit ans plus tard, réélu pour un second mandat, Donald Trump a applaudi le départ du ministre, dont il accuse un « comportement toxique ». Il a également menacé d’imposer des droits de douane de 25 % sur les importations canadiennes et a fait allusion au moins six fois à l’annexion prochaine du Canada par son pays.
Verra-t-on Mark Carney ?
Non élu et actuellement conseiller économique du Parti libéral, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, ne deviendra pas ministre des Finances vendredi, même si le poste lui a été proposé, selon des sources du quotidien. Le Globe et Mail. “M. Carney n’est pas sur le point de devenir ministre des Finances à court terme», a confirmé celui qui occupe ce poste depuis seulement quelques jours, Dominic LeBlanc, lors d’un point de presse tenu jeudi à New York. Brunswick.
Malgré la surprise d’avoir appris qu’il remplacerait Mmoi Freeland quelques heures seulement avant son assermentation d’urgence lundi, Dominic LeBlanc jure qu’on lui a demandé de préparer le budget 2025, également le dernier que le gouvernement Trudeau pourra présenter avant les prochaines élections fédérales. Si le gouvernement conserve la confiance du Parlement jusqu’au printemps, il aura la lourde tâche de trouver au moins un parti d’opposition prêt à appuyer ce budget, dans un contexte où même son ancien allié, le Nouveau Parti démocratique (NPD), est désormais appelant à la démission de Justin Trudeau.
Quelle place pour le Québec et les femmes ?
Un remaniement reste un exercice délicat pour le Premier ministre, qui s’engage à former des gouvernements paritaires tout en recherchant l’équilibre géographique. Parmi les 19 hommes et 19 femmes nommés lors du dernier grand remaniement ministériel, en 2023, neuf ministres étaient originaires du Québec. Steven MacKinnon a été ajouté en cours de route, pour remplacer le ministre du Travail Seamus O’Regan, qui a annoncé son départ cet été.
Le premier ministre devra penser à remplacer le ministre du Logement Sean Fraser, qui a également annoncé lundi qu’il ne se présenterait pas aux prochaines élections, invoquant la nécessité de passer plus de - avec ses jeunes enfants. Plus tôt cet automne, le ministre des Transports Pablo Rodriguez a quitté le caucus libéral pour tenter sa chance à la tête du Parti libéral du Québec. À cela s’ajoute le départ du ministre de l’Emploi et des Langues officielles, l’Albertain Randy Boissonnault, qui a quitté le cabinet dans une controverse en raison de changements dans les revendications sur son identité autochtone. Quatre autres ministres libéraux avaient déjà annoncé leur départ, dont la ministre du Revenu national, la Québécoise Marie-Claude Bibeau.
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