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Le vote sur les nouveaux accords avec l’UE sera complexe

Le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, aura du pain sur la planche.image : Clé de voûte

La Suisse se prépare à une campagne avant le vote bilatéral III, prévu à l’automne 2028, après les négociations conclues avec Bruxelles.

Les négociations avec Bruxelles étant achevées, le débat se recentre désormais sur la scène nationale. La Suisse se prépare à entamer ce qui pourrait devenir la plus longue campagne électorale de son histoire. Les accords bilatéraux III risquent d’être soumis au vote populaire à l’automne 2028.

Stefan Bühler et Remo Hess, Bruxelles / ch media

Dans les milieux diplomatiques à Bruxelles, la feuille de route est claire: vendredi, le Conseil fédéral prendra une décision formelle sur l’issue des négociations avec la Suisse. Les textes juridiques seront finalisés et introduits dans le processus parlementaire au plus tôt en 2025. « Cet ensemble de mesures devrait très probablement être soumis à un référendum en 2027 », a déclaré la Commission européenne aux 27 États membres, selon un rapport interne que nous avons publié. consulté.

Pourtant, 2027 est une année électorale en Suisse. Et les partis de l’alliance pour les bilatérales – PLR, Centre, PS, Verts et Vert’libéraux – ne voudront certainement pas offrir ce cadeau à l’UDC en mettant au programme, peu avant les élections, le vote le plus controversé des élections. décennie. Seules deux options sont possibles : organiser le vote au plus tard en février 2027, ou le reporter à 2028.

Des discussions avec des représentants influents de plusieurs grands partis suggèrent que le vote pourrait être reporté. « Nous parviendrons à soumettre Bilatéral III au vote populaire au second semestre 2028. Il est peu probable que cela arrive plus tôt », estime Simon Michel, conseiller national et entrepreneur du PLR.

Vers la création d’une commission spéciale

Cela est principalement dû aux processus politiques à venir : la clarification juridique des textes à Berne et à Bruxelles. A partir de mai ou juin, une consultation sera lancée auprès des associations et des partis. L’analyse des contributions prendra jusqu’au printemps 2026. Le projet de loi du Conseil fédéral sera déposé d’ici mars 2026.

Ce n’est qu’après cela que les discussions en commission commenceront, même si l’on ne sait toujours pas exactement dans quelles commissions elles auront lieu. Presque toutes les commissions sont concernées, de la commission de politique étrangère à celles de l’économie, de l’énergie et de la politique intérieure. Actuellement, l’idée de créer une commission spéciale, comme cela a été fait dans les années 1990 pour la révision totale de la Constitution fédérale, fait son chemin.

La commission doit d’abord être formée. Par la suite, le Conseil national et le Conseil des Etats devront traiter et adopter le dossier en seulement deux séances. Selon plusieurs stratèges politiques, cela semble irréaliste et, compte tenu de la portée et de l’importance des accords, peu plausible. En résumé, un vote avant début 2027 semble à ce stade quasiment impossible.

Cela déplaît aux parlementaires pro-européens. Ils craignent qu’une bataille référendaire qui durera près de quatre ans n’érode les accords négociés. «Les arguments pour ou contre la garantie de la voie bilatérale sont déjà sur la table», déclare par exemple la conseillère nationale centriste Elisabeth Schneider-Schneiter (BL).

«Il est dans l’intérêt de la Suisse que nous soumettions cela rapidement au Parlement et au peuple avant les prochaines élections»

Elisabeth Schneider-Schneiter, Centre/BL

Quatre points délicats

Concernant le débat de fond, Elisabeth Schneider-Schneiter a raison. Mais en matière de politique intérieure, il y a encore place à la discussion, notamment au sein de l’ancienne coalition pro-européenne composée du PLR, du Centre et du PS. Les quatre points suivants sont au centre de ces discussions :

  • Faut-il soumettre l’ensemble des mesures au peuple ? Ou les trois nouveaux accords sur l’électricité, la sécurité alimentaire et la santé seront-ils dégroupés et traités séparément ?
  • Existe-t-il un accord avec les syndicats sur de nouvelles mesures de protection salariale ?
  • Les nouveaux traités seront-ils soumis à un référendum facultatif ou obligatoire ?
  • Sur quoi faut-il voter en premier ? Les nouveaux accords bilatéraux ou l’initiative de l’UDC contre une Suisse de 10 millions d’habitants ?

Concernant le premier point, selon les médias, le Conseil fédéral lui-même est parvenu à la conclusion que les trois nouveaux traités devaient être traités séparément. Certes, ils doivent tous être soumis au peuple en même -, mais le peuple pourrait décider séparément. Avec une restriction : si les électeurs disent non à l’accord de base avec règlement des litiges et reprise dynamique du droit, les trois nouveaux accords seront également rejetés. En revanche, ils pourraient par exemple rejeter séparément l’accord sur l’électricité.

Le débat national sur la protection des salaires est déjà bien engagé: les partenaires sociaux s’opposent aux nouvelles mesures visant à garantir le niveau des salaires en Suisse. Cela entraînera des débats houleux au Parlement. Il ne faut pas s’attendre à une solution rapide. Dans le même -, les syndicats et les associations d’employeurs rejettent unanimement la règle européenne en matière de cotisations, car elle pourrait indirectement conduire à un dumping salarial. Par courrier, le dirigeant syndical Pierre-Yves Maillard a demandé de nouvelles négociations avec Bruxelles. Un point de friction.

Il est encore difficile d’évaluer la décision concernant un référendum facultatif ou obligatoire : les traités nécessitent-ils seulement une majorité du peuple ou ont-ils également besoin d’une majorité des cantons ? Le PLR ​​et le Centre sont divisés sur la question. Les débats au Parlement s’annoncent passionnants.

Le rôle de l’initiative SVP

Reste le quatrième point, la stratégie à adopter face à l’initiative de l’UDC contre une Suisse de 10 millions d’habitants. Cela aboutit finalement à la fin de la libre circulation des personnes. Dans l’état actuel des choses, le peuple votera sur cette question avant de se prononcer sur les nouveaux accords bilatéraux. Cela s’explique notamment par des calculs politiques partisans.

En effet, certains voient dans la lutte contre l’initiative UDC une opportunité de reforger l’alliance des partis en faveur des Bilatérales. Et ce, en proposant un contre-projet direct au niveau constitutionnel : déjà en août, le président du Centre, Gerhard Pfister, proposait à la NZZ une clause de sauvegarde contre une immigration excessive, limitée dans le -, à l’échelle régionale et à certains branches. De son côté, Simon Michel a récemment évoqué une taxe de 10 000 francs par travailleur recruté à l’étranger afin de freiner l’immigration.

Toutefois, l’implication du PS et des syndicats fait encore défaut. Pour la gauche, un contre-projet qui s’opposerait simplement à l’immigration ne suffira probablement pas. Ils insisteront également sur des mesures visant à promouvoir le soi-disant potentiel de la main-d’œuvre locale : des places de crèche plus abordables, des allocations familiales plus élevées ou des mesures dans le domaine du logement pour lutter contre la hausse des loyers.

Si un accord était trouvé, de nouvelles perspectives s’ouvriraient : l’alliance se lancerait alors unie dans la lutte contre l’initiative UDC avant les élections de 2027. Dans le cas contraire, il en ressortirait renforcé. Si tel était le cas, la voie bilatérale serait de toute façon remise en question. En attendant, le PLR, le Centre et le PS reportent les querelles autour du Traité bilatéral après les élections de 2027. Le PLR ​​et le Centre évitent ainsi une épreuve interne juste avant voire pendant l’année électorale : tant que le processus parlementaire n’est pas terminé, ils n’ont pas à se prononcer définitivement pour ou contre le traité d’information bilatéral.

Si le Conseil fédéral annonce vendredi la conclusion des négociations, cela marquera également le début de la plus longue campagne électorale de Suisse. Bruxelles s’y prépare également : selon nos informations, le commissaire européen Maros Sefcovic a mis en garde mardi les Etats membres contre un processus de ratification difficile et plein d’incertitudes. Rien ne peut être considéré comme sûr, a-t-il déclaré.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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